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"Bien sûr que si" de François Kasbi : quitter une femme aimée pour lui consacrer un livre, ensorcelant !
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François Kasbi a publié "Bien sûr que si" aux éditions de Paris. C’est l’histoire d’un homme qui sait qu’il aura un jour à choisir entre la vie et la littérature. C’est l’histoire d’un homme qui a choisi la littérature. Pour célébrer une femme. Et la vie. Un roman qui pose l’éternel problème de l’amour et de la littérature.

Gilles Antonowicz pour Culture-Tops

Gilles Antonowicz pour Culture-Tops

Gilles Antonowicz  est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

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"Bien sûr que si" de François Kasbi

Editions de Paris, 155 pages, 15 €

RECOMMANDATION
Excellent


THEME
C’est l’histoire d’un homme qui se sépare d’une femme pour lui consacrer un livre.

C’est l’histoire d’un homme qui sait qu’il aura un jour à choisir entre la littérature et la vie.

C’est l’histoire d’un homme qui a choisi la littérature.

Pour célébrer une femme.

Et la vie.

POINTS FORTS
* Un ton personnel, un style identifiable, une petite musique qui ensorcelle, le tout pour raconter un pari complètement fou : quitter une femme pour lui consacrer un livre.

* Kasbi nous parle de son exil volontaire, de sa guerre contre l’oubli, de la présence de l’absente ; comme Proust, il part à la recherche du temps perdu pour le revivre et en goûter l’intensité ; armé de son seul stylo et de mots pour munitions, il regarde Clarisse, convoque sa mémoire pour converser avec elle et vaincre, c’est-à-dire conférer à son amour une dimension romanesque susceptible de le rendre éternel. S’il n’avait pas cru aux pouvoirs de la littérature, jamais il n’aurait pris le risque de cette rupture préméditée. Il se trouve dans la situation d’un homme qui se serait “amputé d’une jambe  pour voir ce que cela fait de boiter. Et qui percevrait seulement le bruit et la douleur du membre absent, tangible… et plus encore la nécessité d’une béquille : l’écriture”. Pour autant, ni la tristesse ni la mélancolie n’ont leur place dans cette expérience. Ce serait plutôt l’histoire d’un homme laissant ce simple mot sur la table basse du salon : ‘’je suis parti écrire mon livre sur toi : je reviens’’.

* Cinq années plus tard, l’objectif atteint, le livre terminé, l’auteur cultive l’espoir insensé de retrouver la femme aimée au bout du chemin, au bout de l’épreuve - « les livres sont les enfants du silence et de la solitude » écrivait Proust. Cela serait-il possible ? Bien sûr que si ! répond Kasbi dont le nom fait furieusement penser à celui du héros de Scott Fitzgerald, Gatsby le magnifique, l’homme qui demeura cinq années séparé de Daisy avant de la retrouver …

POINTS FAIBLES
* Kasbi n’ignore pas qu’en se livrant ainsi, il s’expose au ridicule que suppose parfois l’impudeur. Mais cela ne le gêne pas. Il n’y est pas, dit-il, accessible. Il ne prend pas la vie suffisamment au sérieux. Le tragique, précise-t-il c’est autre chose ; il ne faut pas confondre le sérieux et le tragique de la vie.

*Certains s’offusqueront de la présence de multiples citations. D’autres s’en délecteront. Kasbi considère, lui, que la citation s’impose dès lors qu’elle dit précisément ce qu’il ne saurait mieux dire. « Pourquoi changer un mot ou une virgule, tenter de faire mieux quand on a déjà le mieux ? »

EN DEUX MOTS
Un récit intimiste où souffle le vent violent du romantisme et du romanesque.

UN EXTRAIT 
« Je ne suis pas sûr que cela ait été beaucoup tenté : je n’en sais rien. Mais j’ai toujours été alerté, intrigué et intéressé par les vies de Kafka ou Pessoa (qui se séparent de leurs fiancées pour écrire –je caricature, mais c’est le motif déterminant chez eux- , celles de Kierkegaard ou Saint-Augustin (qui passent tous deux du stade « esthétique » au stade « religieux » - en passant par la case « séduction » ou « libertinage »). Je caricature, mais ce sont des vies où il y a bien un ‘’avant’’ et un ‘’après’’. Profils radicaux improbables mais répertoriés. Mutatis mutandis, j’ai tenté l’avant …et l’après. Et il devait y avoir un livre qui témoigne. Qui atteste l’existence de cet amour surréel. Une tentative déraisonnable et vécue ainsi –désemparé que j’étais par son absence, son silence dorénavant dans ma vie. Comme par ceux que je m’imposais. Etait-ce rompre de quitter une femme, de se séparer d’elle –pour lui consacrer pendant des mois, des années, ses jours, ses nuits, ses pensées ? C’est long –et pesant de vivre avec une absente. Mais un livre se paie sur la vie. Sinon à quoi bon ? »

« Tout le temps que j’écris ce livre, je me sens, à tort sans doute, invulnérable. Un sportif de haut niveau –qui veut le mieux, toujours. Un athlète. Un boxeur qui remonte chaque jour sur le ring. Pour dire l’amour d’une femme. Un guerrier aussi –qui veut vaincre, les mots à la main. Epuiser l’amour absolu. Ecrire un livre inouï sur un amour infini » 

« Ma taille dorénavant ? X-elle. Longtemps, j’avais cru ne pas avoir un style (de femme), mais un genre : féminin pluriel. Sans doute ai-je changé, quatre ans ont passé dans un temps suspendu, fragile. Et peut-être ai-je accompli cette mue (monogamie définitive). Je ne sais pas encore. Je crois. »

L'AUTEUR
Collaborateur régulier ou occasionnel de revues telles que la NRF, Esprit, Commentaire, La Quinzaine littéraire, Le Figaro littéraire ou Service littéraire, François Kasbi – né en mai 1968- est notamment l’auteur d’une somme de 600 pages évoquant plus de 600 livres ou écrivains : l’indispensable Bréviaire capricieux de littérature contemporaine pour lecteurs déconcertés, désorientés, désemparés publié par les Editions de Paris en 2018.

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