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Le plan en 3 axes que les gouvernements veulent appliquer pour lutter contre la crise sanitaire mondiale
©DANIEL ROLAND / AFP

Covid- 19

Le coronavirus n’est ni de droite, ni de gauche, il se moque des banques centrales. Les gouvernements vont enfin s’attaquer à la crise sanitaire plutôt qu’aux effets de cette crise. L’économie, le social et la finance de Wall Street, on s’en occupera donc plus tard.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Les banques centrales et les ministres de l’économie ne règleront jamais la crise du coronavirus. à eux seuls. Même les grands patrons du digital réunis ce week end à Seattle en ont convenu. C’est Bill Gates qui, dans ce débat, a été le plus convaincant en expliquant qu’il n’avait pas attendu que les gouvernements se bougent pour s’attaquer au Sida et participer à la découverte de médicaments qui ont enfin commencé à freiner ce mal et surtout à le rendre supportable. Marc Zuckerberg et le patron de Google en ont convenu. La menace du Covid-19 est évidemment et avant tout une crise sanitaire. Le reste, tout le reste, l’arrêt de la situation économique, l’effondrement des marchés financiers est absolument hors sujet. Pleurer sur la chute des cours boursiers est même assez indécent dans le climat actuel. 

La menace d’une catastrophe économique est évidemment réelle. L'OCDE a déjà averti que la croissance mondiale pourrait diminuer d'un demi-point, de 2,9 à 2,4 %, en 2020, ce qui serait la moins bonne performance enregistrée depuis l'éclatement de la crise financière en 2008. En France aussi, on sait que la croissance devrait fortement ralentir et tomber à 0,9% dans le meilleur des scénarios, loin de la prévision du gouvernement sur laquelle s'appuie le budget 2020 adopté l'année dernière. Concrètement, ça signifie que des pans entiers de l’activité sont en train de s’arrêter et de s’écrouler dans le monde entier. L’industrie automobile, textile, le transport aérien, les constructeurs aéronautiques, le tourisme, le luxe.

C’est pour cette raison que la réaction première des autorités politiques a été de rechercher les moyens d’amortir le choc. On a fait appel aux économistes, aux banquiers centraux. Tout le monde est plein de bonne volonté mais personne n'a trouvé le remède miracle, et pour cause, on ne s’attaque pas à la source du mal mais à son impact.

On en vient à penser que la source de la crise, le fameux virus, nous vient d’un autre monde et relève de l’irrationnel ou du religieux. Un signe du destin. La revanche de la nature disent les plus optimistes. Les avertissements de Dieu contre les débordements du développement, disent les plus fatalistes.

Cette semaine, le bon sens va peut-être l’emporter. Les gouvernements semblent décidés à s’attaquer à la racine du mal et non plus à ses effets. Et la racine du mal se trouve dans cette crise sanitaire. Qu’on réussisse à éradiquer le virus en question, qu’on l'empêche de se propager, qu'on trouve un médicament et un vaccin et le problème sera réglé.
Les populations retrouveront confiance dans la science et les systèmes de santé et le système redémarrera aussi vite qu’il s’est arrêté.

A priori, le plan de lutte contre cette crise sanitaire d’ampleur mondiale devrait se dérouler en trois actes sur deux mois. Mars et Avril.

1er axe : les Etats les plus autoritaires ont pris des décisions de confinement et de protection assez expéditives. La Chine a les moyens politiques d‘enfermer 50 millions d’habitants, d‘interdire la mobilité. La Chine essaie d’étouffer le mal. Elle le fait avec beaucoup de retard, parce qu’elle a quand même nié l’importance du problème pendant presque un mois. C’est un mois pendant lequel les Chinois ont pu propager le virus qui s’est du coup répandu dans le monde entier.

D’autres pays, aux régimes très autoritaires ont nié l'existence du mal, pour se rendre finalement à l'évidence et s’enfermer sans beaucoup de succès comme l’Iran.

Dans les grandes démocraties, les gouvernements sont coincés entre le principe de précaution et la volonté de préserver les libertés essentielles. Sauf que maintenant, ils sont obligés de tout faire pour éviter la propagation du virus. D’où l’Italie qui vient de décider le confinement du tiers de sa population. Plus de 15 millions d’Italiens sont donc depuis hier assignés à résidence. Qu’on ne se fasse pas d’illusion, l’Allemagne, l’Espagne, le nord de l'Europe et la France préparent tous des mesures de restrictions extrêmes : Fermetures des lieux publics, écoles, salles de sport et de spectacle, y compris les cinémas. Restrictions sévères dans les transports en commun terrestre. Seules exceptions : les magasins d’alimentation.

2e axe : Plan de soutien et de développement à l’industrie pharmaceutique sur des programmes précis de recherche (vaccins) et d’industrialisation. La course aux vaccins est engagée et il semble que devant le danger, la mutualisation des résultats au niveau mondial soit plus forte que la concurrence pour le contrôle d’un marché. A priori, la Chine joue le jeu. C’est plutôt une bonne nouvelle mais elle est elle aussi aux abois. Les grands mécènes internationaux du digital sont également en train, eux aussi, de se mobiliser sur ce dossier là.

3e axe :  On attend un plan Marshall au niveau mondial pour améliorer les conditions d‘hygiène de vie notamment dans les pays émergents et notamment en Chine et en Inde d’où partent la plupart des infections virales. Pour l’instant, la Chine qui a partagé la carte du génome du virus, refuse cette idée et cette coopération internationale au niveau des grands équipement d’hygiène ; alors qu‘elle accepte l'aide pour la recherche du vaccin. Elle le refuse parce qu’officiellement le pouvoir chinois refuse d’admettre qu’elle a un grave déficit d’équipement sanitaire. Un peu comme les soviétiques au moment de Tchernobyl qui refusaient de reconnaître la catastrophe nucléaire.

Un tel plan que les gouvernements occidentaux commencent à appliquer va cependant nécessiter, pour qu’il soit finalisé, une reprise de la coopération internationale qui a perdu beaucoup de sa force depuis la crise financière. Et le réveil des grandes organisations de la gouvernance mondiale, le FMI dont la vocation première était quand même de venir en aide au développement des pays qui n’en avaient pas les moyens. Le FMI a pratiquement disparu. L’OMC également alors que sa vocation première était d’ouvrir le monde au commerce international et de fixer des normes applicables aux produits qui circulent et notamment des normes sanitaires pour les produits alimentaires.

Un tel plan de coopération internationale supposerait aussi que les deux plus grandes puissances mondiales, les Etats-Unis et la Chine baissent les bras dans la guerre commerciale qu’ils ont engagé. Devant le risque sanitaire grave, on peut imaginer qu’ils collaborent sur le terrain stratégique pour trouver assez vite une solution, mais de là à imaginer qu’ils mettent entre parenthèses une partie de leur valeur identitaire, faut pas rêver !

Parallèlement, notamment dans les grandes démocraties, les courants porteurs d’une idéologie populiste, protectionniste, écologique radicale, pourraient durablement réviser leur copie, leur discours et leur combat.

Il n’y a pas si longtemps, des courants politiques puissants prônaient la fermeture des frontières. Il n’y a pas si longtemps, des courants écologiques se targuaient d’être vaccino-sceptiques, pas de vaccins pour les enfants (ça les rend malades) pas de vaccins contre la variole par exemple ce qui nous a valu une reprise de la maladie, pas d’antibiotiques, rien que du bio applique à la thérapie et des médecines naturelles. Il n’y a pas si longtemps que certains considéraient que nous étions en risque d’excès de progrès technologique. Pasteur a dû se retourner dans sa tombe.

Le mur des réalités et la contrainte des faits nous rappellent aujourd’hui que les virus ne connaissent pas les frontières, ni les identités nationales et qu‘ils sont ni de droite ni de gauche.

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