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Et le sauvetage des banques lors de la crise de 2008 coûta aux finances publiques françaises le montant de...
©BYUN YEONG-WOOK / AFP

Souvenirs, souvenirs

Une étude du FMI tranche le débat régulièrement ramené sur le devant de la scène par certains trublions politiques anti-capitalistes. La réponse risque de vous surprendre.

Michel Ruimy

Michel Ruimy

Michel Ruimy est professeur affilié à l’ESCP, où il enseigne les principes de l’économie monétaire et les caractéristiques fondamentales des marchés de capitaux.

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Atlantico.fr : Une étude du FMI tranche le débat régulièrement ramené sur le devant de la scène par certains trublions politiques anticapitalistes. 

Pouvez-vous nous expliquer cette étude ? En quoi tranche-t-elle avec certains discours que l’on entend au sujet de la crise de 2008 ?

Michel Ruimy : Cette étude tente d’évaluer l’impact budgétaire des interventions publiques, effectuées depuis la dernière crise financière, auprès d’établissements financiers de 37 pays. Le montant total de ce soutien public s’est élevé à 3,5 milliards de dollars sur la période 2007-2017. 

Il ressort, de manière globale, de cette enquête qu’à la fin de 2017, les banques les plus solides au plan financier, localisées dans des pays où l’économie s’est redressée plus rapidement, ont, sans surprise, ont été les plus promptes à rembourser les montants. Par exemple, en France, au début de la crise, les autorités françaises ont créé un fonds de recapitalisation, la Société de prise de participation de l’État, qui a émis des actions préférentielles dans le secteur bancaire et les interventions ont été intégralement remboursées en 2010. Mais, surtout, il est noté qu’en moyenne, ces interventions se sont soldées par un gain (solde net) pour les gouvernements. 

Selon l’étude, la France s’en tire très bien. Pourquoi un tel alarmisme de la part de certains analystes ? Qu’en est-il aujourd'hui ?

La crise financière de 2007 a révélé que la politique monétaire devait intégrer un objectif de stabilité financière et que les institutions dont les difficultés risquaient de se propager à l'ensemble du système financier devaient être identifiées et surveillées. Elle a également montré qu’il était nécessaire de mettre en place de nouvelles réglementations et des mécanismes de résolution des crises pour limiter le coût pour la collectivité. 

Toutefois, si, au cours de la dernière décennie, certains chantiers ont avancé plus que d’autres (lutte contre les paradis fiscaux, exigences en matière de fonds propres pour les plus grandes banques…), d’autres, au contraire, semblent avoir marqué le pas (encadrement réglementaire de certains marchés dérivés…). Mais, globalement, concernant la finance réglementée, on peut considérer que le verre est largement à moitié plein.

Reste pourtant un important enjeu : le « shadow banking » (activités bancaires développées par des non-banques, donc pas d’accès au financement d’une banque centrale, pas de garanties et surtout non soumises à la réglementation bancaire), qui, aujourd’hui encore, regroupe, faute d’examen plus approfondi, des activités de natures et de profils de risque très différents mais dont la croissance très (trop ?) rapide. Cette finance non réglementée constitue un véritable défi pour les autorités.

Comment l’économie française s’est-elle remise de cette crise ? Le discours dans l’opinion publique a-t-il changé aujourd’hui ?

Les causes de la crise des subprimes n’ont pas tous été traités, notamment la nature et les formes du capitalisme actuel qui doivent être revues dans un sens d’une plus grande justice sociale. Certes, la France et d’autres pays vont mieux mais ils sont en convalescence car le germe est encore présent. 

Dans de nombreux pays, les gouvernements sont allés bien au-delà de la fourniture de liquidités et ont pris des participations dans des institutions. Ces interventions nécessaires (elles visaient la stabilité financière et le rétablissement des bilans bancaires pour relancer l’économie) étaient souvent impopulaires. Elles ont suscité un sentiment de frustration de l’opinion publique envers des deniers publics utilisés dans le sauvetage d’institutions financières que beaucoup considéraient comme les coupables de la crise. Cette frustration s’est transformée en ressentiment, en particulier, là où l’austérité budgétaire s’en est suivi. 

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