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"Une machine comme moi" de Ian McEwan : un roman remarquable, d’une profonde humanité
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Ian McEwan a publié "Une machine contre moi" aux éditions Gallimard. La machine est-elle l’avenir de l’homme ?

Charles-Édouard Aubry pour Culture-Tops

Charles-Édouard Aubry pour Culture-Tops

Charles-Édouard Aubry est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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"Une machine comme moi"

de Ian McEwan 

Traduit de l’anglais par France Camus-Pichon Editions Gallimard 390 pages, 22€

RECOMMANDATION
En priorité


THÈME
Londres 1982, mais pas tout à fait comme on l’a connue. Les Beatles sont toujours ensemble (chouette), l’Angleterre a perdu la guerre des Malouines (bof) et Alan Turing ne s’est pas suicidé (et alors ?) et c’est là le point de départ du roman. L’homme de sciences a conçu un androïde doté de l’intelligence artificielle la plus perfectionnée qui soit, dont 24 exemplaires sont vendus : 12 Eve et 12 Adam.

Charlie Fried achète l’un des Adam : il va coucher avec sa fiancée, Miranda, puis l’envoyer en prison et gagner des milliers de livres en boursicotant mais quand il va se mettre à sérieusement réfléchir, la vie de Charlie Fried va vraiment changer !

POINTS FORTS
- Si Alan Turing (oui, celui de la machine de Turing) ne s’était pas suicidé, poussé par le rejet de son homosexualité par la société (comme Oscar Wilde et bien d’autres partout dans le monde), quelle place aurait-il occupé dans nos vies ? Ian McEwan choisit de lui confier une délicate question : qu’est-ce qu’agir selon sa conscience ? Le sujet renvoie bien sûr à toutes les problématiques liées à l’utilisation de l’intelligence artificielle mais ne suscite par un débat stérile de plus. Comme souvent, la littérature est beaucoup plus juste pour traiter un sujet de société que ne le ferait un essai. Le livre ne pose pas le problème, il raconte comment l’I.A. pourrait trouver sa place dans nos vies, avec les bons et les mauvais côtés.

- Une machine comme moi marque un tournant dans l’œuvre, d’une profonde humanité, de Ian McEwan. La faire traverser comme ici par un robot, un androïde, pour le confronter à ce que l’homme peut avoir de plus intime : l’amour, la morale, l’esprit de justice … Il est stupéfiant de voir comment la machine va pénétrer sans effraction dans la vie des humains et les mettre en face de leurs responsabilités en prenant petit à petit le contrôle de situations qu’ils essayaient d’éviter.

- Une machine comme moi est aussi, dans la plus pure veine du romancier, un roman d’action qui plonge la vie de ses héros dans la lessiveuse de leurs sentiments perpétuellement contradictoires. Il fait d’Adam un personnage, au même titre que les « humains » et l’aventure commence. 
Elle est faite de sentiments et de situations complexes, occupant ce terrain « gris », entre le noir et le blanc, qui exige une profonde réflexion pour comprendre, accepter sa condition et agir. C’est cette complexité qui est le propre de la condition humaine et que va tenter d’appréhender Adam l’androïde avec le résultat que vous découvrirez à la fin du roman.

POINTS FAIBLES
Pas un mot ou une virgule qui ne soit à sa place.

EN DEUX MOTS
Le prochain Médicis étranger !

UN EXTRAIT
Charlie Fried :
« Le corps était une machine, une machine extraordinaire, et je voyais l’esprit essentiellement en termes d’intelligence, dont le meilleur modèle s’inspirait des échecs ou des maths. Simpliste mais c’était avec cela que je pouvais travailler ». (page 378)

Allan Turing :
« Adam était doué de sensations. Il possédait un moi. La façon dont celui-ci est produit – neurones humides, microprocesseurs, réseaux ADN – ne compte pas. Croyez-vous que nous soyons les seuls à bénéficier d’un tel cadeau de la nature ? Demandez à n’importe quel propriétaire de chien. Adam avait un bon esprit monsieur Fried, meilleur que le vôtre ou le mien, j’imagine ». (page 382)

L'AUTEUR
Ian McEwan a 71 ans. Il se fait connaître avec deux recueils de nouvelles avant de connaître un succès qui ne se démentira pas tout au long de la quinzaine de romans qui lui ont valu de nombreux prix et distinctions. Nombre de récits ont été adaptées au cinéma, pour lequel il a également écrit des scénarios originaux.

On peut qualifier Ian McEwan d’écrivain anglais par excellence tant son œuvre est traversée par l’insolite et la provocation. Mais il est aussi unique, par l’originalité des multiples sujets et situations auxquelles il confronte la société anglaise. Une œuvre magnifique.

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