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La Fabrique de poupées
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Campée dans un Londres à la Dickens, La Fabrique de poupées met en scène la détermination d'une femme à s'affranchir de sa condition. C'est aussi un conte cruel, raffiné et moderne, au suspense maîtrisé, qui explore les frontières entre l'amour, le désir et la possession.

Anne-Marie Joire-Noulens pour Culture-Tops

Anne-Marie Joire-Noulens pour Culture-Tops

Anne-Marie Joire Noulens est chroniqueuse pour Culture-Tops. Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).  Culture-Tops a été créé en novembre 2013 par Jacques Paugam , journaliste et écrivain, et son fils, Gabriel Lecarpentier-Paugam.

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ROMAN

"La Fabrique de poupées"

Une captivante histoire à la Dickens située à Londres en 1850
De Elizabeth Macneal
Editions Presse de la Cité traduit de l'anglais (Grande-Bretagne) par Karine Guerre 460 p.

RECOMMANDATION: Excellent 

THÈME

Nous sommes à Londres en 1850. Deux soeurs jumelles, mignonnes, travaillent à “La Fabrique de poupées” 12 heures par jour à peindre des poupées très en vogue chez la noblesse du moment, sous la férule d'une acariâtre patronne. L'une, Iris, a eu une clavicule poussée vers l'avant à la naissance qui lui donne un aspect légèrement courbé. L'autre a attrapé à 15 ans la variole, ce qui l'a complètement défigurée avec un oeil vitreux et moult pustules peu engageantes. C'est la jolie colombe transformée en vilain crapaud.

S'ensuit une bonne vieille jalousie des familles avec son corollaire "je t'aime, je te hais". Iris a une idée fixe dans l'existence : peindre, et elle est prête à tout sacrifier pour atteindre son but, malgré des embûches de taille et notamment l'obsession amoureuse que lui voue un taxidermiste complètement déjanté, prenant ses désirs pour des réalités.

POINTS FORTS

- C'est un roman social dans lequel on nous décrit avec force détails la façon dont vivaient les petites gens gens à l'époque, leur lutte pour survivre dans certains cloaques. C'est du Dickens mais sans misérabilisme forcené ;

- 1850 est l'année de l'Exposition Universelle au Crystal Palace de Londres. L'auteur est remarquablement bien documentée et nous fait part des péripéties propres à ce grand événement qui attire les badauds curieux, venus se promener sur le chantier. C'est un lieu propice aux rencontres ;

- L'engouement de cette époque pour la taxidermie est surprenant. On empaille la moindre bestiole, rat, souris, chien, chat et oiseaux et ces "nids à poussière" sont utilisés par les peintres comme modèles pour meubler leurs fonds de tableaux ;

- Le caractère d'Iris est superbement observé avec ses atermoiements. Elle oscille entre la satisfaction d'être sortie de l'enfer de la Fabrique de poupées et l'insatisfaction de n'être considérée que comme un modèle que l'on ne cherche pas à séduire. Sans compter qu’elle est  vilipendée par certains : servir de modèle est l'apanage des catins, en aucun cas des gens comme il faut. Elle affronte le mépris même de la gouvernante du peintre pour lequel elle pose. Ses parents la renient devant l'inconvenance de la situation. Les honnêtes gens ne badinent pas avec la vertu.

- Tous les personnages sont bien campés, nous sommes dans un conte d'antan, très vivant avec un langage recherché : pour dire une chose simple, il fallait passer par une dizaines de phrases compliquées mais les tournures sont belles, c'est du roman courtois. Les lettres que Louis adressent à Iris sont de petits bijoux ;

- Le description du monde de la peinture de cette époque est minutieuse, très fouillée et fort instructive

- L'écriture est fluide, les paragraphes courts se succèdent, mettant en scène à chaque fois des personnages différents, ce qui donne une jolie légèreté à la lecture.

POINTS FAIBLES

- Je n’en vois aucun.

EN DEUX MOTS ...

Ce roman est une satire sociale pleine de bonnes surprises.
Nous sommes informés des moeurs de l’époque et même si le quotidien n’est pas toujours reluisant, la vie n’est pas triste. C’est un ouvrage captivant qui se déguste et, pour un premier roman, c’est un coup de maître.

UN EXTRAIT

( Iris, bien que triste d'être méprisée, veut néanmoins s'abandonner) "à cette exquise disgrâce".
( Lorsqu'elle entre chez Louis et se retrouve dans un véritable capharnaüm, celui-ci lui fait part de sa théorie du rangement ) "Ranger, quel ennui...L'esprit qui range est si mécanique, si lugubre. Un esprit systématique..." (p.109).

( Les expressions sont imagées :) "La chaleur pèse sur Silas comme un manteau trop lourd" (p.358).

L'AUTEUR

Elisabeth Macneal est née le 16 octobre 1988 à Edimbourg et vit actuellement à Londres. Elle est diplômée de littérature anglaise et a enseigné au Somerville College de l'Université d'Oxford. Après avoir travaillé quelques années à la City, Elle a décidé de consacrer son temps à ses deux passions : l'écriture et la céramique. La Fabrique des poupées est son premier roman.

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