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Coronavirus : voilà ses effets sur l’organisme
©HECTOR RETAMAL / AFP

2019-nCoV

L’OMS a déclaré l’urgence internationale face à l’épidémie du coronavirus apparu en Chine. Le bilan s’est alourdi à 213 morts. Le nombre de patients contaminés a par ailleurs grimpé à plus de 9.000. Quels sont les effets du virus sur l'organisme ?

Stéphane Gayet

Stéphane Gayet

Stéphane Gayet est médecin des hôpitaux au CHU (Hôpitaux universitaires) de Strasbourg, chargé d'enseignement à l'Université de Strasbourg et conférencier.

 

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Atlantico.fr : Pas un jour sans que l’on ne parle du coronavirus chinois. Les dernières données chiffrées indiquent près de 10 000 personnes infectées en Chine et plus de 210 morts en Chine. Un groupe d’environ 200 Français est rapatrié dans le sud de la France et mis à l’écart pendant quinze jours ; ils sont tous asymptomatiques (aucun signe de maladie). L’Organisation mondiale de la santé (OMS) vient de décréter l’état d’urgence sanitaire internationale.

Il y a cependant un aspect de cette maladie dont on ne parle pratiquement pas, ce sont les signes cliniques (symptômes et signes physiques) et ce qui explique que certaines personnes en meurent et pas la majorité.

Stéphane Gayet : Il y a un nombre que l’on ne peut pas connaître : c’est celui des personnes qui ont été contaminées (celles ayant reçu un inoculum viral, parvenu jusqu’à leur muqueuse nasale ou pharyngée). On ne peut pas le connaître, car c’est invisible et asymptomatique. Parmi toutes les personnes contaminées, seule une partie d’entre elles va s’infecter, c’est-à-dire que les virus reçus vont être répliqués et qu’il va y avoir une activation du système immunitaire, avec la survenue de phénomènes inflammatoires : c’est le processus infectieux viral, bien différent du processus bactérien étant donné que les bactéries sont vivantes et directement agressives (cytotoxicité, toxines), à la différence des virus.
Quand on dit qu’il y a plus de 10 000 personnes infectées en Chine, cela signifie que ces personnes ont au moins quelques symptômes et signes physiques (fièvre, toux, essoufflement) et que l’on s’est assuré qu’il s’agissait bien de ce virus.
Il est plus que probable que les données chiffrées officielles soient en fait très en deçà de la réalité ; plusieurs témoignages publiés accréditent cette suspicion. Pour pouvoir considérer un malade comme vraiment atteint par le coronavirus, il faut effectuer une analyse virologique chez lui ; on conçoit que nombre de personnes peu touchées ne sont pas diagnostiquées.

Une étude épidémiologique rétrospective a été réalisée l'hôpital Jinyintan de Wuhan du 1er au 20 janvier 2020

Cette étude a permis de connaître les différents types d’évolution de la malade parmi les sujets hospitalisés. Il faut avoir à l’esprit le fait qu’elle ne porte que sur des malades hospitalisés et diagnostiqués. En d’autres termes, il est évident que des personnes effectivement infectées mais peu atteintes n’aient pas été hospitalisées ; ces personnes ne sont ni dénombrées ni explorées médicalement. C’est vrai pour toute épidémie. C’est à la fois un biais dans les recueils de données et surtout une source de diffusion communautaire non maîtrisée (à la différence des malades hospitalisés : plus ou moins maîtrisée).

Dans cette étude, ont été inclus tous les cas confirmés d’infection au virus 2019-nCoV (c’est le nom donné à cette nouvelle souche de coronavirus) à l'hôpital Jinyintan de Wuhan du 1er au 20 janvier 2020. Les cas ont été confirmés biologiquement par une technique d’identification du génome viral (technique dite RT-PCR) en temps réel et ont été analysés sur les plans démographique, clinique, radiologique et biologique. Ils ont été suivis jusqu'au 25 janvier 2020.

Environ 10 % des malades hospitalisés pour infection à coronavirus 2019-nCoV décèdent de l’infection

Le taux de léthalité de cette maladie n’est pas de 10 % : le dénominateur est constitué ici uniquement des malades qui ont été à la fois hospitalisés et confirmés. Si l’on considère les données globales et forcément approximatives (environ 10 000 malades et environ 200 décès), cela donne un taux de léthalité de 2 % qui est forcément faux, mais qui peut situer de façon très schématique la gravité de cette nouvelle épidémie à coronavirus.

Chez les personnes décédées en Chine, on trouve bien souvent un âge supérieur à 60 ans, un tabagisme chronique marqué et une exposition massive au virus. Cette exposition massive au virus est liée au fait de travailler au sein du marché qui a été incriminé (marché de fruits de mer de Huanan, mais où des animaux vivants sont également en vente). A propos du tabagisme, il faut insister sur le fait que la Chine est certes un grand pays qui se développe de façon fulgurante, mais qu’à côté de cet essor technologique, l’hygiène de vie est encore très en retard, ainsi que la prévention sanitaire. Les méthodes préventives individuelles surtout, mais également collectives, ont d’énormes progrès à faire. Il faut ajouter que dans cette région de la Chine, règne une pollution aérienne considérable, qui est de toute évidence un facteur aggravant majeur de l’infection à coronavirus (on n’en parle pour ainsi dire pas, car c’est déplorable pour un grand pays).

Les principaux symptômes et signes physiques des malades hospitalisés pour infection à coronavirus

Sur les 100 malades hospitalisés, l’âge moyen est de 55 ans, 2/3 sont des hommes et 1/3 des femmes. La moitié souffre de maladie chronique préexistante et aggravante. La moitié également a été exposée au marché de fruits de mer de Huanan.

Les symptômes et signes physiques les plus fréquents sont la fièvre et la toux : ce sont les signes principaux de la maladie.

Un tiers des malades est essoufflé (dyspnée).

En revanche, on remarque que certains symptômes et signes physiques, qui sont très habituels dans les infections virales dues à des virus grippaux ou para grippaux, sont au contraire peu fréquents dans l’infection à coronavirus. Il s’agit des douleurs musculaires ou myalgies (11 %), du mal de tête ou céphalée (8 %), du mal de gorge (5 %) ainsi que de l’écoulement nasal ou rhinorrhée (4 %). Cependant, alors qu’il n’est présent que dans les formes graves de grippe, l’état confusionnel (c’est le fait de ne plus bien savoir où l’on en est) est présent chez presque 10 % des malades.

Comment expliquer que l’évolution de l’infection à coronavirus soit parfois mortelle ?

Une première surprise est la sévérité de l’atteinte sur le plan radiologique. Les trois quarts des malades hospitalisés ont en effet une atteinte radiologique des deux poumons : cette pneumonie bilatérale très fréquente atteste de la pathogénicité respiratoire du virus en cause et de sa capacité à provoquer une insuffisance respiratoire aiguë.

Les malades qui évoluent mal (fréquemment : âge supérieur à 60 ans, exposition massive sur le lieu du marché, tabagisme, pathologies chroniques) développent une pneumonie bilatérale grave avec œdème alvéolaire lésionnel (c’est-à-dire que les alvéoles des poumons sont infiltrées de sérosités), insuffisance respiratoire aiguë (il n’y a plus assez d’oxygène qui passe dans le sang), troubles cardiocirculatoires (chute de tension, bas débits microcirculatoires) et défaillance multi-viscérale subséquente. L’atteinte pulmonaire et les conséquences cardio-vasculaires sont telles que, malgré la mise en œuvre des techniques de réanimation lourde, l’évolution est parfois fatale (syndrome de détresse respiratoire aiguë avec désordres hémodynamiques, c’est-à-dire cardiocirculatoires).

En conclusion, cette nouvelle épidémie d’infection respiratoire à coronavirus 2019-nCoV est surtout inquiétante dans les pays qui ont un faible niveau de prévention individuelle et collective (hygiène de vie et hygiène microbienne). Force est de constater que le niveau d’hygiène en Chine est faible. Et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) craint essentiellement que le virus ne parvienne dans d’autres pays à faible niveau d’hygiène : c’est là le principal risque au niveau mondial.

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