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Trump ou le chiffon rouge de l’apocalypse iranienne pour s’assurer du soutien des chrétiens évangélistes
©Brendan Smialowski / AFP

Influence

La stratégie de Donald Trump en Iran cache-t-elle une volonté de bénéficier du soutien des électeurs évangéliques à quelques mois de l'élection présidentielle américaine ?

Sébastien  Boussois

Sébastien Boussois

Sébastien Boussois est Docteur en sciences politiques, chercheur Moyen-Docteur en sciences politiques, chercheur Moyen-Orient relations euro-arabes/ terrorisme et radicalisation, enseignant en relations internationales, collaborateur scientifique du CECID (Université Libre de Bruxelles), de l'OMAN (UQAM Montréal) et consultant de SAVE BELGIUM (Society Against Violent Extremism). Il est l'auteur de Pays du Golfe les dessous d’une crise mondiale (Armand Colin, 2019), de Sauver la mer Morte, un enjeu pour la paix au Proche-Orient ? (Armand Colin) et Daech, la suite (éditions de l'Aube).

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Il n’a échappé à personne qu’en novembre prochain avait lieu la prochaine élection américaine. Au fond, qui pourrait sérieusement imaginer à l’heure actuelle que, dans un an, l’actuel Président américain ne soit plus le locataire de la Maison Blanche ? La menace d’une bonne guerre apocalyptique pourrait bien suffire à définitivement resserrer les rangs malgré la procédure de destitution. C’est en tout cas une stratégie classique que d’agiter le foulard rouge du danger pour se présenter comme l’unique sauveur. Au vu du chaos actuellement orchestré par Trump lui-même, et avec une certains habitude de ses excentricités, on imagine difficilement une sortie de route de Donald Trump aux prochaines élections du mois de novembre. Lui-même ne peut envisager un tel scénario. Pourtant, démocratiquement parlant, c’est tout à fait possible, même si peu lui arrivent actuellement à la hauteur. Pourquoi ?

Car il a le soutien absolu des Chrétiens évangéliques. Homme de spectacles, il a ce talent extraordinaire depuis bientôt quatre ans de créer le danger ou de l’accélérer là où il se trouve déjà, en démultipliant les fronts d’instabilité, en annonçant tout et son contraire dans sa politique, et en déstabilisant du coup les partenaires comme l’ennemi, en vendant un retrait US des affaires moyen-orientales tout en s’y réengageant par tous les moyens, et donc à terme en se présentant sans complexes comme celui qui sortira finalement le monde de cette ornière. Créer le virus pour ressurgir en marabout guérisseur. Les meilleurs scénaristes d’Hollywood ont l’habitude d’inventer des dangers dont ils viendront finalement eux-mêmes à bout. Lui y croit aussi. Et avant tout dans quel but ? S’attirer massivement le vote des Evangéliques à nouveau en 2020 qui avaient déjà été nombreux à opter pour Trump en 2016. 80% en effet des Evangéliques blancs avaient porté leur voix vers le candidat républicain

Quoi que l’on dise des Américains qui seraient davantage obsédés par leur politique interne, ils scrutent avec attention mais aussi avec effroi le glissement du monde vers le chaos total. Et comme ils croient en l’apocalypse rédemptrice, qu’ils se savent non seulement gendarme du monde par la grâce octroyée par la communauté internationale depuis 1945, mais surtout par la main invisible de Dieu, ses fervents défenseurs ne peuvent le rendre responsable de rien.  Il y a donc fort à parier qu’ils rééliront leur seigneur de guerre persuadés de ses dons surhumains et de sa force herculéenne à sortir du propre bourbier dans lequel il les a conduit. Il suffit de voir la multiplication des photos léchées et des déclarations d’adulation de personnages publics vénérant Trump pour se convaincre que celui que l’on a souvent tendance à prendre pour un imbécile ici en Europe ne serait pour les Américains que l’élu divin. 

Comme l’économie américaine se porte vraiment bien (Trump l’avait promis lors de sa campagne : « Je serai le meilleur Président pour l'emploi que Dieu ait jamais créé. »), signe de Dieu et de son vaillant soldat sur terre, le corps électoral qui a voté Trump en 2016 reconnaîtra probablement de nouveau son Messie. Politiquement et stratégiquement, ce que le Président américain est en train de créer au Moyen-Orient, c’est l’objet de sa réélection. Face à la menace mondiale, de la Corée du Nord à l’Iran, en passant par l’Irak, la Chine ou le retour annoncé de Daech, il leur faut impérativement un « warrior » pour relever les défis qui s’annoncent nombreux. Nulle place pour un galop d’essai avec un futur président qui ne peut pas être rodé à affronter ce monde redessiné par Trump lui-même : affaissement du multilatéralisme, ostracisation et isolement de pays devenus depuis une menace supplémentaire, guerre économique et menaces de nouvelles guerres militaires unilatérales. 

Trump a déjà réussi un coup de génie : créer ses propres outils de gestion des affaires internationales, réinventer son propre monde, rendre imprévisibles ses propres réflexes d’équilibriste et génuflexions géopolitiques, pour qu’aucun successeur dans l’immédiat ne puisse parvenir à éteindre le feu qu’il a déclenché. Il serait donc bien trop dangereux de soutenir la procédure de destitution lancée par les démocrates, et même de trouver un autre candidat républicain pour lui tenir tête. En résumé : qui d’autre que Trump ? Personne.

L’image du grand Satan américain est pourtant renforcée de partout dans le monde et sur tous les continents, mais peu importe : il n’y a que les Américains qui puissent sauver le monde et ils s’en souviendront en novembre 2020, mais qui sauvera les Américains de l’apocalypse (prophétie auto-réalisatrice entre nous mais on l’a déjà compris) ? Et bien Papa Trump, mais seulement avec l’aide de Dieu. Crash d’un avion ukrainien récemment en Iran et tremblement de terre seraient-ils les premiers signes ? 

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