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Mais qu'est-ce qui vous a pris, monsieur le Président, de faire du patron français de BlackRock un officier de la Légion d'Honneur ?
©FRANCOIS GUILLOT / AFP

Chronique (un peu) de gauche

Maladresse, provocation ? Non, juste une façon de dire à tous : « je reste droit dans mes bottes ».

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Le dossier des retraites est compliqué. Trop compliqué pour moi. Je vais donc m'en remettre à Jean-Marc Sylvestre. Pour lui la réforme des retraites voulue par Macron est souhaitable avec quelques accommodement souhaités sur l'age pivot qui fait passer - quels que soient les camouflages langagiers – l'âge de la retraite de 62 à 64 ans. Je m'incline donc devant les connaissances que je sais grandes de Jean-Marc Sylvestre.

Mais il me semble que ce n'était pas, vraiment pas, à Emmanuel Macron de faire cette réforme. Car concernant les Français modestes, les plus nombreux, son passif est aussi abyssal que celui des caisses de retraites. La chef de l’État a effet accumulé des mots sur les « fainéants », sur ceux « qui ne sont rien », sur ceux « qui n'ont qu'à traverser la rue pour trouver un travail ». C'était détestable. D'où le soutien qu'une grande partie des Français accorde aux grèves tout en déplorant les inconvénients qui en résultent.

Depuis plusieurs semaines, un nom inconnu jusqu'alors a fait son apparition : BlackRock. Un fonds de pension qui pèse 5.000 milliards de dollars. Il est, et on le comprend aisément, hostile à la retraite par répartition : la retraite par points ne peut qu'augmenter, et c'est ce qu'il désire, ses actifs. Je ne crois pas, contrairement aux vociférations de Mélenchon et consorts, que le chef de l’État prenne ses ordres chez BlackRock.

Macron est tout simplement sûr de son bon droit et de l'utilité de sa réforme. Mais on ne peut que s'étonner qu'il n'entende pas les cris des manifestants et les murmures de nombre de Français : BlackRock, BlackRock ! Le président de la République est intelligent, mais l'intelligence intuitive du cœur lui fait défaut. Ils crient « BlackRock » ? Et lui : « J'en ai rien à foutre ! ».

La traduction très visible de ce dédain a été donnée par Édouard Philippe : sur son contingent il a élevé m. Cirelli, le patron de BlackRock France, au grade d'officier de la Légion d'honneur. Pour un choix aussi sensible, impossible qu'il n'en ait pas référé au chef de l’État.

La nomination de Cirelli s'apparente évidemment à un chiffon rouge. Si ses mérites sont si grands – on veut bien le croire – ne pouvait-on pas le faire officier de la Légion d'honneur en 2019 ? Ou alors le faire patienter jusqu'à 2021 ? Ç'aurait été mal connaître Macron. À la démagogie, bien réelle, de Mélenchon et Martinez, il oppose le dédain. Une attitude méprisante et dangereuse. Dans les arènes où se tiennent les corridas, le matador tue généralement le taureau. Mais il arrive aussi que le matador se fasse encorner.

P.S. : Macron est un mal aimé. Il se regarde dans un miroir qui lui dit « tu es le plus intelligent ». Mais les Français, obtus et incultes, refusent de voir ce que voit le miroir. Macron, blessé, en souffre. C'est pourquoi dans ses vœux du Nouvel An, il n'a pas eu un mot pour les Français.

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