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Robotique : vers un nouveau gâchis ?
©shark robotics DR / Facebook

Shark Robotics / Thales

La société française Shark Robotics a remporté l'Award de la meilleure compagnie par l'association américaine des ingénieurs en robotique. L'entreprise est également connue pour son robot Barakuda. Le groupe Thales pourrait-il s'inspirer de cet exemple et s'investir dans la robotique militaire?

Bruno Alomar

Bruno Alomar

Bruno Alomar, économiste, auteur de La Réforme ou l’insignifiance : 10 ans pour sauver l’Union européenne (Ed.Ecole de Guerre – 2018).

 
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Shark Robotics, société française basée près de la Rochelle, s’est vue décerner il y a quelques jours l’Award de la meilleure compagnie par l’association américaine des ingénieurs en robotique. Shark Robotics s’est faite connaître récemment lorsqu’elle a présenté au salon des Forces Spéciales Sofins (avril 2019), le Barakuda. Ce robot « mule », pensant de l’ordre de 350 kilogrammes, est capable de transporter jusqu’à une tonne de matériel sur n’importe quel terrain (et donc un soldat blessé), et son autonomie est supérieure à tout ce qui existe en l’état sur le marché. Ce faisant, Shark Robotics a fait une entrée remarquée dans la famille des fabricants de robots militaires, à côté de General Dynamics (américain), Milrem (Estonien), Roboteam (israelo-américain).

Disons-le tout net : une telle récompense, qui laisse surtout à penser que les américains pourraient rapidement faire une offre sur cette entreprise, ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt. Car les années récentes nous montrent qu’en matière de virages technologiques, notamment militaires, plusieurs opportunités ont été gâchées. Que l’on songe par exemple aux drones, domaine dans lequel un retard important a été pris, alors que l’actualité récente a vu un Patroller de Safran s’écraser au décollage. 

Dès lors, il convient de s’interroger sur les raisons pour lesquelles, au-delà de Shark Robotics, tout indique que la France est en train de passer à côté de la robotique militaire. 

Bien sûr, les mêmes causes produisant les mêmes effets, l’on pourrait pointer, pêle-mêle, l’incapacité des autorités publiques (notamment Bercy et la DGA), l’absence de culture de soutien aux Petites et Moyennes Entreprises tant de la part de la puissance publique que des grands groupes, une forme de frilosité à l’égard des technologies de rupture etc.

Est-ce à dire qu’aucun acteur de taille significative ne puisse relever le gant du marché de la robotique militaire ? Sans doute pas. Après tout, plusieurs succès indéniables, le plus emblématique étant celui du Rafale, montrent que les industriels français n’ont rien à envier aux meilleurs de leurs concurrents en matière d’excellence technologique. Encore faut-il, pour ce qui concerne la robotique, que les acteurs capables de s’y investir pénètrent le marché. Un acteur de taille serait bien placé pour s’y faire une place : le Groupe Thales. Cette entreprise dispose en effet de l’ensemble des technologies nécessaires en la matière. Parmi ces technologies, l’une des clefs du succès est en effet la maîtrise de l’automatisation et du contrôle commande, deux domaines dans lesquels Thales possède les savoir-faire nécessaires. 

Reste que l’on voit mal, en l’état, Thales s’investir résolument dans la robotique militaire, pour au moins deux raisons. La première, c’est que tel l’âne qui n’a pas soif, l’on voit mal le Groupe Thales s’investir dans un domaine à l’égard duquel son Président n’a pas fait mystère de ses réserves « éthiques » au cours des derniers mois. La seconde, plus prosaïquement, c’est que les déboires commerciaux et boursiers rencontrés par Thales au cours des derniers mois, qui eux-mêmes s’expliquent par des difficultés de management interne, incitent peu à faire preuve de volontarisme dans un secteur disruptif comme la robotique militaire

Au total, il y a donc bien à craindre que la France passe à côté de la robotique militaire. Ce serait, une nouvelle fois, oublier qu’en matière militaire et économique, être le meilleur ou faire partie des meilleurs n’est pas un choix de convenance, surtout pour un pays comme la France : c’est une obligation.

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