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La grève des entrepreneurs, semaine 2 : les raisons ou les raisins d’une mauvaise colère
©Reuters

La grève des entrepreneurs se poursuit ...

Denis Jacquet, entrepreneur engagé, fait un résumé de cette deuxième semaine de manifestation contre la réforme des retraites.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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La semaine passée, j’ai appelé à la grève pour donner une leçon aux prétendues « digues », que les syndicalistes requinqués par ce soudain mouvement, nous resservent comme une mauvaise soupe. Si les plats réchauffés sont souvent meilleurs, c’est parce qu’à l’origine ils ont été réalisés par un cuisinier de talent, ce qui exclut d’emblée le Rail, qu’il soit du nord ou du Sud, car, dans tous les cas, celui-ci a perdu depuis longtemps la boussole !! La digue protègerait les autres salariés, maintenus sous une telle dictature par nos entreprises, qu’ils n’oseraient pas manifester et se rebeller. Il est vrai que nous avons embauché, collectivement, des milliers de mercenaires pour empêcher la grève chez nos collaboratrices et collaborateurs, que nous maintenons attachés au radiateur de la salle de réunion, et que sans la « digue », ces pauvres otages, ne trouveraient pas de porte-parole. Au 21ème siècle, malgré internet et le savoir à portée de doigt, la préhistoire syndicaliste maintient ses boniments et ses lubies. Pour mieux protéger ses acquis, et ceux des régimes spéciaux, qui ne représentent que peu de choses économiquement, mais un bastion politique, capable de paralyser le pays par sa maîtrise des transports. Si peu de privilégiés, dotés d’un tel pouvoir de nuisance, c’est humiliant si mesuré à l’aune de ce que l’évolution humaine aurait dû nous apporter.

Comment en sommes-nous arrivés là ? Quelle mauvaise plaisanterie nous a-t-on joué pour que nous soyons les victimes d’un spectacle aussi navrant ? Au moins si nous avions une grève électronique, de type pirate, « hacker », pour faire plus chic. Des syndicalistes mercenaires, recrutés dans les rangs djihadistes, un peu inoccupés ces derniers temps en Europe, viendraient mettre leur « talent » informatique (ils ont malheureusement des gens brillants qui gèrent avec dextérité les réseaux sociaux), afin de couper le courant de l’assemblée nationale ou de l’Élysée, de piloter à distance des trains fantômes qui rouleraient sans s’arrêter dans les gares, qui pourraient pénétrer sur les sites d’infos en imposant leurs propres messages à la place de ceux de nos chers médias. Voilà une grève qui aurait une odeur de 21ème siècle, et qui imposerait une forme de respect pour son adaptation au temps modernes. Mais voilà, tout le problème est là, le syndicat français fait du passé son avenir, malgré sa disparition dans les votes des salariés, qui ne semblent pas attribuer une bien grande valeur à leur « digue », notamment celle de la CGT, passée (enfin) derrière un syndicat clairement plus progressiste, la CFDT. Le syndicalisme français est à l’évolution humaine, ce que le smartphone est à l’intelligence collective. Seule la forme change. La régression pour religion, est la même.

En fait, le mot clé de cette stagnation, c’est la protection. La protection du « pauvre », face au riche, la protection du « démuni » face au « possédant », la protection du minoritaire, même dangereux au nom de la non-discrimination, la protection du locataire face au propriétaire, du salarié face à l’entrepreneur, du statut et du privilège de l’histoire, face au réalisme et au passé. Ce qui mine la France, c’est son obsession égalitariste, voire revancharde, bien loin des préceptes de la démocratie qui se contentait de prôner la chance à chacun, et la mise en position de tous, de s’élever, et en aucun cas, de rabaisser celui qui a réussi, pour le remettre au niveau du sol, ou plus bas, pour éviter toute jalousie. Position devenue idéologique au point de même vouloir nier la différence homme-femme, alors qu’il ne s’agit par de les abolir, mais de donner aux femmes les mêmes chances et traitement que les hommes.

Nous avons oublié que ces régimes spéciaux étaient, non une rente à vie, mais la réponse à une situation temporaire. C’était des faveurs à durée déterminée, mais la « digue » en a fait un outil pour son auto-prospérité politique (et financière, voire le rapport Perrotin, que le Point, a judicieusement republié la semaine passée). La protection des privilèges devenus indus et l’égalitarisme à tout crin, pourrit la vie politique française. Et la protection, se retourne contre ceux et celles, qu’elle est censée protéger, et contre la nation toute entière. Au point de justifier que la croissance Française, déjà mise à mal, ne soit anéantie par 2 années de grèves et de Gilets Jaunes.

2 exemples pour s’en persuader. Le logement. Nous avons pris le parti du locataire. Le pauvre. Face au propriétaire. Le riche. Pourtant, il existe un nombre incalculable de fois, où le moins riche des 2 n’est pas celui que l’on croit !! On a protégé le locataire, à un point tel, qu’il peut se maintenir sans payer son loyer, au mépris de toute règle juridique de base, du droit des contrats, plus de 18 mois en moyenne, à Paris. Impossible de le sortir, d’obtenir l’assistance de la force publique. Rien. Une trêve hivernale (à l’heure du réchauffement climatique), des Juges laxistes, une justice lente. Lamentable. Conséquence ? Les propriétaires ne veulent plus louer, ont des rentabilités ridicules (2,8% à Paris), ne réinvestissent pas ou peu, préfèrent Airbnb (qui pourrait leur en vouloir), et les locataires sont soumis à des conditions totalement ubuesques en matière de profil, de salaire et de garantie, pour réussir à décrocher un appartement. Il n’a jamais été aussi compliqué d’obtenir un logement. La protection délirante se retourne contre le protégé. C’est ainsi.

Le travail. L’entreprise devrait l’emploi. Personne ne sait comment nous en sommes arrivés là, mais en France, l’emploi est un droit, et le salarié semble avoir plus de considération que l’entrepreneur. Il est chez lui, mais uniquement sur le papier, ses locataires ont le pouvoir sur sa gestion et son management. On a protégé le salarié à un tel point que personne ne l’embauche. Malgré quelques sursauts de croissance, le chômage ne recule jamais de façon substantielle. La France est quasiment un cas unique en la matière. Nous venons à peine de retrouver un taux proche de celui de 2008, qui était meilleur, mais néanmoins, un des plus faibles d’Europe, à taille et développement comparable. La protection se retourne contre le protégé.

La protection, un rempart politique pour une illusion pratique. Alors, finalement cette grève, devrions-nous la faire ?

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