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La graisse animale pourra-t-elle un jour remplacer le pétrole ?
©Reuters

Révolution pour les moteurs ?

D'après des informations de Bloomberg, des entreprises américaines développeraient une toute nouvelle technique de production de carburant. Leur méthode révolutionnaire, qui consisterait à utiliser de la graisse animale, permettrait de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Jean-Pierre Favennec

Jean-Pierre Favennec

Jean-Pierre Favennec est un spécialiste de l’énergie et en particulier du pétrole et professeur à l’Ecole du Pétrole et des Moteurs, où il a dirigé le Centre Economie et Gestion. 

Il a publié plusieurs ouvrages et de nombreux articles sur des sujets touchant à l’économie et à la géopolitique de l’énergie et en particulier Exploitation et Gestion du Raffinage (français et anglais), Recherche et Production du Pétrole et du Gaz (français et anglais en 2011), l’Energie à Quel Prix ? (2006) et Géopolitique de l’Energie (français 2009, anglais 2011).

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Atlantico.fr : Selon un article de Bloomberg, quatre entreprises américaines (Philipps 66, Valero, Marathon, HollyFrontier) seraient en train de développer une nouvelle technique de production de carburant en utilisant de la graisse animale. Cette nouvelle technique permettrait de diminuer les émissions de gaz à effet de serre. Ces entreprises tablent sur une croissance de 5% dans les années à venir et expliquent que ce nouveau type de production égalera les niveaux de performance du pétrole.

Que pensez-vous de cette innovation ? Est-elle cohérente avec nos besoins énergétiques ?

Jean-Pierre Favennec : L'idée de produire des biocarburants à partir d'huiles et de graisses végétales ou animales n'est pas nouvelle. On obtient ainsi des produits qui peuvent être assez facilement ajoutés au gazole. Les huiles végétales sont déjà largement utilisées

Cependant si techniquement le mélange de gazole d'origine pétrolière et, en quantité limitée, d'huiles d'origine végétale ou fabriquées à partir de graisse ne pose pas de problème pour le fonctionnement des moteurs, les quantités de ces huiles ou de ces graisses resteront limitées à l'échelle des besoins mondiaux en carburant. Sauf exception l'addition de produits d'origine agricole aux carburants issus du pétrole est limité, de l'ordre de 5 à 10 % maximum.

Croyez-vous qu'il sera possible, dans un futur proche, de réduire l'extraction de pétrole au profit de ces nouveaux carburants ? 

Les produits pétroliers couvrent encore aujourd'hui près de 95% des besoins de transport, terrestre, aérien ou maritime. Bien entendu l'utilisation des produits pétroliers contribue aux émissions de CO2 donc au réchauffement climatique. Les huiles animales ou végétales émettent également du CO2 mais du CO2 est absorbé lors de la croissance des plantes qui vont produire des huiles 

L'impact de ces substituts d'origine restera limité. Rappelons en outre qu'il peut y avoir compétition entre les besoins en carburant et les besoins en nourriture. 

Quelles autres technologies peuvent être plus réalistes que ces "nouveaux carburants" ?

De nombreuses prévisions tablent sur une légère progression puis une stabilisation des besoins en pétrole dans les prochaines années. Le pétrole sera de plus en plus réservé à la production de  carburants et de produits pétrochimiques. 

Plusieurs possibilités existent pour remplacer la voiture thermique, classique , à essence ou gazole. Le gaz naturel est une possibilité mais pose des problèmes d'autonomie. En outre il reste des émissions de CO2, cependant moins importantes

La voiture électrique est évidemment une possibilité qui fait l'objet de beaucoup de publicité.  Elle permet bien entendu de réduire les émissions de CO2, tout du moins si l'électricité est d'origine renouvelable voire nucléaire, donc fabriquée sans émissions de CO2. Cependant les moteurs électriques et les batteries nécessitent des métaux rares et des terres rares dont les disponibilités sont encore limitées et dont les conditions d'extraction sont parfois très polluantes

L'utilisation de l'hydrogène est également évoquée, malgré les difficultés de fabrication, de transport et de stockage de ce produit. L'hydrogène, mélangé à l'oxygène dans une pile à combustible qui remplace le moteur classique dans une voiture, présente l'avantage de ne donner aucune pollution. Mais là encore il faut que la production d'hydrogène soit "propre" (à partir d'électricité faite sans émission de CO2) pour obtenir un bénéfice en terme d'environnement.

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