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Ces plans gouvernementaux qui prolongent l’interminable agonie de la social-démocratie française
©MARTIN BUREAU / AFP

Crise

L'hôpital est en crise. Le plan dévoilé par la ministre de la Santé Agnès Buzyn et Edouard Philippe est-il réellement à la hauteur des enjeux ?

Jean-Yves Archer

Jean-Yves Archer

Jean-Yves ARCHER est économiste, membre de la SEP (Société d’Économie Politique), profession libérale depuis 34 ans et ancien de l’ENA

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La crise que traverse l'hôpital est sérieuse et le plan Buzyn-Philippe n'est clairement pas à la hauteur des enjeux.

D'abord, il faut moderniser l'hôpital et ce flux d'investissements requis n'est pas au rendez-vous des mesures annoncées mercredi 20 novembre. Le manque à gagner est de l'ordre d'un multiple de 6 si l'on retient l'avis de plusieurs Professeurs agrégés réputés de l'Assistance publique de Paris.

Que fait cet État prétendument social-démocrate des mannes fiscales et des éternelles rallonges exigées du contribuable ?

Puis, il faut noter que la revalorisation des carrières ( 300 euros mensuels revendiqués par personne pour un coût estimé à 3 milliards ) a fait pschiit et s'est transformée en un coup de pouce de nourrisson : 800 euros par an pour certaines catégories.

Que fait cet État dispendieux pour des personnels qui méritent clairement la considération de la Nation ?

Enfin, il y a l'organisation. Des internes, des urgentistes, des infirmières disent que leurs tâches sont rendues plus ardues du fait de la complexité décisionnelle et opérationnelle de l'hôpital. Le modèle social-démocrate qui cultive un vilain penchant pour la bureaucratie est pris à son propre piège au point que la ministre, médecin hospitalier, convient du sujet et des difficultés mais n'a toujours pas posé la première pierre de cette rénovation impérieuse. Toujours l'impasse social-démocrate.

Ainsi, l'argent public octroyé sous le coup de l'urgence va être versé dans des circuits où l'efficience est loin d'être la vertu cardinale.  Le Docteur Pierre Carli ( responsable du SAMU de Paris ) avait pourtant déjà déclaré, dans le Quotidien du médecin en date du 26 mars 2018 : " Quand les urgences débordent, c'est que l'hôpital est désorganisé ".

Le fondement du libéralisme, c'est de s'en remettre le plus possible aux équipes de terrain. Nos hôpitaux sont gérés avec des plans dignes de la défunte U.R.S.S. Loin de faire confiance au noble mot d'autonomie, là encore on a empilé des structures de direction. Un Chef de pôle hospitalier dédie près d'un tiers de son temps à l'administratif ce qui représente un gâchis patent.

Déjà du temps du ministre Jacques Barrot, on se préoccupait de l'articulation entre médecine de ville et soins hospitaliers. Des décennies plus tard, on réalise benoîtement que la contraction du numerus clausus a provoqué plus d'effets négatifs que de bienfaits. Ainsi, la Cour des comptes a souligné le coût des intérimaires qui sont, au demeurant, assez fréquemment des personnels étrangers. La France, ce pays bizarre où l'on bride la production de médecins pour recourir, à la fin des fins, à des praticiens étrangers. Curieuse logique qui pourrait rappeler la définition même d'une société de rationnement et de contraintes. Précisément celle que Jean-François Revel a longtemps stigmatisée. Là encore, notre Histoire contemporaine collective lui donne quitus de sa pertinente réflexion sociétale.

On aurait pu former le vœu – en 2017 – d'avoir une équipe au pouvoir digne de Kennedy et de son impulsion réformatrice. En fait, à l'usage, notre pays – acte 2 du quinquennat ou pas – dispose d'un Exécutif digne du travailliste britannique Harold Wilson. De l'État, encore de l'État ! Des impôts et taxes, encore et toujours comme le démontre avec minutie l'avocate fiscaliste Virginie Pradel !

Une large partie des décideurs est conditionnée par des réflexes de bureaucratie et de palabres là où le temps moderne impose la réactivité. Tout le secteur public est un chantier pour ne pas user d'un autre mot. Personne n'a jamais croisé une infirmière riche, un gendarme dans l'opulence ou un enseignant dans la grande ouate matérielle. Non, le problème du secteur public n'est pas issu, à titre principal, de la rémunération de ces femmes et de ces hommes qui le composent.  La crise de l'État est un hiatus en termes de résultats et une dissipation des forces faute de résultante adéquate.

Au risque de répéter une conviction profonde, il faut vectoriser la sphère publique, y créer les synergies nécessaires et non la sédimenter comme les tenants du quinquennat d'avant continuent de le croire et de le dire.
Le défi majeur est celui de la conviction d'un peuple qui fait des apnées du sommeil lorsqu'il entend le mot libéralisme tandis, qu'en même temps, l'équipe présente lui fait les poches ou celles de ses enfants via la dette exigible in futurum.

J'ai espéré un plan pour l'hôpital qui ait de la tenue. Je dois constater qu'une pensée molle l'a enfanté.

Alors laissons la conclusion provisoire au délicat poète que fût Paul-Jean Toulet : " La bassesse du socialisme, c'est de poursuivre, non pas le plus grand bien, mais le moindre mal ". ( in Les Trois Impostures ).

Reconnaissez que cela a un sens que la trop célèbre phrase du président Hollande " Ce n'est pas grave, c'est l'État qui paye " vient, de facto, corroborer.

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