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Urgence : "Pour un nouveau plan de financement dans l’économie initié par les grandes banques publiques"
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Renouveau

Sur les 1 000 milliards de refinancements prêtés il y a quelques mois aux banques, seulement 10% sont allés dans l’économie réelle. Une réponse encore insuffisante aux déficits structurels des pays du Sud. (Partie 3/5)

Jean-Luc Schaffhauser

Jean-Luc Schaffhauser

Jean-Luc Schaffhauser est ancien député européen apparenté RN.

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La BCE doit faire un effort pour soutenir l’économie réelle avec un nouveau LTRO ou refinancement des banques, initié par les banques publiques dont c’est la mission mais avec le savoir-faire de banques privées, traçable à 100% dans l’économie réelle dans des projets rentables qui tirent la croissance. Alors la rigueur ne sera pas en opposition avec la recherche de la croissance par l’investissement dans les entreprises ou les infrastructures générant leur propre remboursement (économies d’énergie, ferroutage, habitat, agriculture). Il sera apporté ainsi une réponse structurelle à la crise de l’euro par la création de nouvelles richesses au Sud.

Des 1 000 milliards de refinancements prêtés il y a quelques mois aux banques, seulement 10% sont allés dans l’économie réelle. Ils ont certes permis de gagner du temps en évitant le collapse du système bancaire mais cette somme n’a apporté aucune réponse structurelle aux déficits structurels des pays du Sud ; elle n’a pas apporté de véritable réponse à la crise de la zone euro ; les marchés le savent ; c’est pourquoi ils craignent encore un éclatement de la zone.

Ce montant de 1 000 milliards est exactement le montant qu’il faudrait investir au Sud pour arriver à l’équilibre de la balance de paiement des pays déficitaires, pays auquel le Nord ne veut plus prêter dans les conditions actuelles de la dépense de consommation. En effet, actuellement le déficit du Sud équivaut en gros à 2% de PIB ; il a nettement diminué mais fait quand même de l’ordre de 100 milliards. Il faudrait donc en gros investir 1 000 milliards – générant 100 milliards annuellement dans des projets rentables – pour supprimer la dépendance extérieure des pays du Sud. Ces 1 000 milliards investis équilibreraient d’abord la balance des paiements du Sud tout en générant, par leur rentabilité, des excédents.

Le Sud ne dépendra plus alors du Nord ; la zone euro sera plus homogène sans institutions fédérales, impôts nouveaux et pouvoir accru de Bruxelles. Une solidarité nouvelle sera inventée, la seule vraie, celle qui ne passe pas par l’assistanat et qui ne consistera pas à dire : « Nous le nord on fabrique, car nous sommes les meilleurs, vous le Sud vous consommez ». Dans ce système, la solidarité est obligatoire mais elle se conjugue - comme tout assistanat - avec l’humiliation et l’ingérence pour combler les déficits par les recettes des forts.

Les Allemands imposent ainsi leurs recettes tout en refusant cette solidarité dont ils sont les premiers bénéficiaires en faisant plus de 70% de leurs excédents financiers dans le Sud de la zone euro. Les Allemands paient à peine plus que les Français pour la solidarité européenne tout en profitant d’un système que nous, par contre, nous subissons. L’Allemagne est notre second déficit commercial après la Chine, ces excédents font nos déficits – je renvoie à mes 2 derniers articles précédents sur les dévaluations impossibles et la zone euro qui rend le fort plus fort. Mais soit ! Sortons effectivement de cet assistanat qui a toujours été un échec à commencer dans nos anciennes colonies…

Ces 1 000 milliards ne seraient donc évidemment pas dépensés dans une dépense qui ne générerait pas son propre remboursement, autrement dit pour de l’assistanat ou des dépenses de fonctionnement creusant les déficits. Il s’agirait d’initier par de la création monétaire une contrepartie qui serait des projets générant de nouvelles richesses donc annulant cette création par leur remboursement. Nous proposons 200 milliards – de nouvelles richesses créées au Sud de cette façon pour ainsi donner à nouveau confiance au marché dans la capacité des États à apporter des réponses structurelles à la crise de la zone euro car le marché est lui-même incapable de prendre une telle initiative, soit dit en passant, par sa vision spéculative à court terme et par ses manipulations diverses. Nous montrerions ainsi la capacité européenne de monter des projets rentables sur le long terme avec, s’il le faut, pour rassurer l’épargne excédentaire du Nord dans ses investissements futurs au Sud, des garanties de projets que pourrait accorder la Commission ou la Banque européenne d’investissement.

Notre objectif serait de canaliser de l’ordre de 5% de l’immense potentiel de l’épargne financière de la zone euro soit 950 milliards en plus de ces 200 milliards de création monétaire.

Ce projet d’harmonisation de création de la richesse dans la zone euro ne coûterait rien au contribuable, bien au contraire il allouerait de la manière la plus efficace possible l’épargne excédentaire du Nord vers le Sud qui est bien plus pauvre. Il ne s’agit évidemment pas de relance keynésienne par de la dépense publique de fonctionnement… je me répète mais d’investissement dans l’offre sans casser évidemment la demande.


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