Trump et Johnson même combat ! Ils pourront bientôt dire merci à la peur que font leurs extrêmes gauches et à la peur qu’ils font à leurs banques centrales<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
Trump et Johnson même combat ! Ils pourront bientôt dire merci à la peur que font leurs extrêmes gauches et à la peur qu’ils font à leurs banques centrales
©SAUL LOEB / AFP

Alliance

Boris Johnson et Donald Trump pourraient bien faire plier leurs banques centrales et bénéficier des craintes suscitées par l'extrême gauche.

UE Bruxelles AFP

Jean-Paul Betbeze

Jean-Paul Betbeze est président de Betbeze Conseil SAS. Il a également  été Chef économiste et directeur des études économiques de Crédit Agricole SA jusqu'en 2012.

Il a notamment publié Crise une chance pour la France ; Crise : par ici la sortie ; 2012 : 100 jours pour défaire ou refaire la France, et en mars 2013 Si ça nous arrivait demain... (Plon). En 2016, il publie La Guerre des Mondialisations, aux éditions Economica et en 2017 "La France, ce malade imaginaire" chez le même éditeur.

Son site internet est le suivant : www.betbezeconseil.com

Voir la bio »

Quoi, Trump aux Etats-Unis et Johnson au Royaume-Uni : même combat ! Oui bien sûr : l’un (Boris Johnson) veut gagner les élections mi-décembre et rester Premier ministre, même si ceci veut dire s’embarquer dans le périlleux Brexit. L’autre, Donald Trump, veut être réélu un an plus tard, fin 2020, et mène toute sa politique en fonction de cette préoccupation.

Quoi : dire tous les deux merci à l’extrême gauche, parce qu’elle fait peur ! Mais vous n’y pensez Pas ! Et pourtant, ils auront, l’un et l’autre, bien besoin qu’on les aime un peu, et surtout qu’on ne veuille pas de leur opposant, chacun faisant très peur, en tout cas plus peur qu’eux. C’est ici que l’extrême gauche entre en jeu, « extrême gauche » au sens anglais du terme avec le Labour de Jeremy Corbyn et au sens américain du terme, avec Bernie Sanders et Elisabeth Warren. Nous ne sommes pas dans la France insoumise de M. Mélenchon.

Avec Jeremy Corbin, Boris Johnson joue gagnant sur les deux tableaux. D’un côté, le programme du Labour actuel est très à gauche, rien à voir avec le New Labour de Tony Blair. Il propose notamment de fortes hausses des bas salaires et des nationalisations. Plus encore, il est clair que le Brexit est passé au Référendum à cause du faible soutien à l’Europe de Jeremy Corbin. Sa préoccupation est en effet une gestion bien plus à gauche de la seule économie britannique et, dans cette perspective, l’Union européenne est pour lui un frein. Encore maintenant, sa position n’est pas claire : de nouvelles élections oui, mais pour faire perdre Johnson sur sa gestion du Brexit, pas en s’y opposant fortement en demandant nettement un deuxième référendum ! D’un autre côté, les Conservateurs qui ont quitté Boris Johnson perdront l’investiture du parti qui va, ainsi, se « johnsoniser ». Jeremy Corbin, avec son passé trotskyste, fait là-bas figure d’épouvantail, épouvantail incertain de surcroît. Ils y sont moins accoutumés qu’ici !

Avec le couple Elisabeth Warren Bernie Sanders, Donald Trump a deux bonnes cartes. Certes, la Chambre des Représentants tente de « l’empeacher » suite à la discussion qu’il a eue avec le Président ukrainien. Il lui a, ou aurait, proposé de trouver de quoi salir (dirt) le fils de Joe Biden et, alors, de lui débloquer une aide financière pour acheter des armes. Il semblerait que le fils de Joe Biden a été payé 50 000 dollars (par mois) pour « travailler » quelque temps pour un oligarque gazier ukrainien… pendant que son père était Vice-Président de Barack Obama. Tiens. Et Donald Trump en rajoute, provoquant la rage des Démocrates, en s’interrogeant sur des activités semblables de ce même fils, mais en Chine. Tiens tiens ! Le mal est fait contre Joe Biden, qui perd de son aura. Il baisse dans les sondages Démocrates au profit surtout d’Elisabeth Warren. Certes Donald Trump paye un peu ces « demandes » aux responsables ukrainiens et chinois, mais il fait monter au premier plan les propositions d’Elisabeth Warren : dépenses de soin « gratuites » pour tous, financées par des taxes sur les « riches » au-delà de 50 millions d’euros, plus des hausses d’impôts sur le revenu des plus aisés, plus des impôts sur les profits boursiers, plus une remontée des taux d’impôt des entreprises. Derrière elle vient Bernie Sanders,  avec encore plus d’impôts en tête, mais aussi des problèmes de santé. Il devrait vraisemblablement l’adouber, ne serait-ce que pour dépasser « le centriste » Biden. A gauche toute ! Les Démocrates cherchent alors un candidat modéré de qualité, mais Pete Buttigieg est encore loin, sauf changement massif des opinions ou départ de Joe Biden, mais il y aura quand même plus d’impôts dans le programme démocrate !

Donc, aux Etats-Unis, ce sont Warren et Sanders qui font figure d’épouvantails, sachant que tous les républicains membres du Congrès qui feraient mine de soutenir l’empeachment sont sûrs de perdre l’investiture du parti dans un an. Johnson johnsonise les Conservateurs britanniques, Tump trumpise les Républicains américains et, dans les deux cas, leurs extrême-gauches servent de répulsifs.  

Quoi : faire peur aux patrons des banques centrales américaine et anglaise pour qu’ils aident Trump et Johnson ? Oui, car la croissance américaine faiblit, une croissance qui « vieillit », battant son record de durée et que Donald Trump secoue, avec ses menaces douanières (entre autres). Oui, car la situation britannique est préoccupante, avec un Brexit dont nul ne connaît les modalités pratiques, ni les effets.

Alors Donald Trump terrorise Jérome Powell, le Président de la FED, qu’il ne cesse de regretter d’avoir choisi et rêve de destituer. Jérôme Powell, il y a plus d’un an ne parlait que de monter les taux pour calmer la croissance et l’inflation qui devait venir du plein emploi. Désormais, il ne parle plus que de les baisser pour éviter une récession en 2020, ce qui serait dramatique pour Donald Trump. Il l’a ainsi fait trois fois de suite en 2019, la dernière en date le 30 octobre. On verra si la situation empire : il faut tenir jusqu’en 2021 ! 

Alors Boris Johnson ne rêve que de « remercier » Mark Carney, le Président de la Banque d’Angleterre, opposé au Brexit et qui en a dressé les conséquences funestes. Mais comment faire ? L’insulter, le désespérer ? Non bien sûr. Au Royaume-Uni, plus subtilement, il s’agira d’accéder au désir de départ de Mark Carney, éventuellement à raviver, pour lui trouver un successeur pro-Brexit. Les candidats se présentent déjà. Ils savent qu’ils devront baisser les taux, en tout cas ne pas les monter, même si l’inflation importée remonte, avec la baisse de la livre. 

Peur de la quasi-trotskyste Elisabeth Warren et peur sur Powell : les conditions de réélection de Donald Trump sont réunies, sachant qu’il aura signé un traité commercial (très) partiel avec la Chine et ramené des troupes de Syrie et d’Afghanistan, voire discuté avec l’Iran ! Tous ses opposants mondiaux ont compris qu’il devait avoir des « victoires rapides » ! Peur du « troskyste » Jeremy Corbin et souhait d’accéder au désir de départ de Carney, sachant que l’Union européenne n’a aucun intérêt à une crise majeure britannique : les conditions d’élection de Johnson sont réunies. Les baisses de taux et les trotskystes n’ont pas fini de servir !

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !