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Cette culture de la lamentation qui plombe le climat au sein des entreprises
©CHRISTOPHE SIMON / AFP

Détresse des salariés

Nos organisations seraient-elles devenues, malgré nos indubitables bonnes intentions, involontairement mais concrètement… toxiques ?

Xavier  Camby

Xavier Camby

Xavier Camby est l’auteur de 48 clés pour un management durable - Bien-être et performance, publié aux éditions Yves Briend Ed. Il dirige à Genève la société Essentiel Management qui intervient en Belgique, en France, au Québec et en Suisse. Il anime également le site Essentiel Management .

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N’aurions-nous pas laissé sourdre en elles, à force de surfer sur les modes d’un bien introuvable leadership ou d’essayer les tous derniers colifichets d’un management systémique, la source invisible – et actuellement invincible – de tant de détresses psychiques ? 

De haut en bas, au fil de hiérarchies devenues incohérentes et obsolètes, des salariés souffrent. Sans le dire ni se le dire, jusqu’à l’accident… La désolante et hypocrite imputation de ces maux à la sphère privée ne tient plus désormais, balayée par les dernières recherches scientifiques et les récentes décisions de l’OMS.

Bien sûr, la simplicité et la cohérence règnent dans nos organisations, en permanente réorganisation ! Les champions de la rationalité nous y somment d’en faire toujours plus, à court terme, avec toujours moins. Les adorateurs du dividende sacrifient toute valeur intrinsèque, à grand coups de cost-killing, pour que demeure le ROI. Certains Conseils d’Administration, hésitant à se risquer d’oser une vision, dissèquent les indicateurs, mensongers ou de courte vue. La direction générale, alors contrainte d’y suppléer, tente d’inventer une stratégie pour la proposer à ce CA qui s’obstine pourtant à ne s’intéresser qu’aux chiffres, véritables chaussetrappes pour toute vérité ou créativité.

La corruption ne s’arrête pas là. L’agilité se décrète sous contrainte, voire même chantage ou menace ; l’injonction d’innover est jumelle de celles de la compliance et cousine avec les interdits du moindre risque ou de l’audace et du courage ; le renforcement du négatif grouille et on ne célèbre plus jamais tout ce qui simplement va bien ; la langue de bois généralisée, enfumage anxiogène, fonde une défiance universalisée ; la bienveillance, qui pourtant voudrait s’imposer, s’échoue sur les brisants des objectifs individuels, abyssale cimetière de toutes les tentatives de Team-Building…

L’entreprise serait-elle devenue délirante, à force d’incohérences rationnelles, de suradministrations angoissées et autres paradoxes castrateurs ? Ne serait-ce pas là, de fait, la racine réelle des coûts cachés et la cause première de nos pathétiques atonies économiques ?

Certains audacieux, voulant se libérer du prêt-à-penser universitaire ou des MBA, osent l’entreprise délibérante. Sous diverses formes, parfois hélas encore empruntes de dogmatismes ou d’arrogance, ils expérimentent la décision transactionnelle. Où chaque salarié est appelé à prendre part aux décisions qui concernent son travail. L’expérience montre que, si ce n’est pas un fiasco, ce n’est pas non plus un succès. En dehors de quelques équipes qui déjà s’auto-organisaient spontanément (informaticiens, graphistes, logisticiens…) cette présumée « libération » achoppe concrètement dans toutes les organisations complexes, qui réunissent plusieurs métiers. Elle échoue même, assez gravement, à protéger ses salariés des mêmes souffrances psychiques que subit le travailleur de « l’entreprise-pas-encore-libérée ».

Une autre tendance – plus mondiale – apparaît infiniment plus féconde. Abandonnant sans retour les idéologies de la prédation (la somme de tous les égoïsmes engendre le Bien Commun – tout acte est moral et légitime dès que j’en tire un profit personnel) ou encore de l’instrumentalisation de l’homme par l’homme (je pense donc ils exécutent) une humanité laborieuse, régénérée, est en cours de recréation. 

Entrepreneurs délibérés, c’est-à-dire résolument créateurs d‘authentiques richesses à partager, ils refusent d’accepter la vacuité orgueilleuse et la délétère toxicité de nos organisations dinosauresques. Fermement décider à contribuer et à partager, plutôt qu’à accaparer, bien assurés que la valeur des hommes fait la qualité des entreprises, ils ont choisi de savoir répondre en toute loyauté et clairvoyance, sans se mentir à eux-mêmes, chaque instant, à deux questions essentielles, de pur bon sens. Ancrés dans un extraordinaire renouveau de la plus authentique écologie humaine, ces 2 questions sont devenues leur guide éthique pour toute décision et pour chaque action. À quoi je sers ? À quoi ça sert ?

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