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"La fille de Vercingétorix" de Jean-Yves Ferri et Didier Conrad : Goscinny n’a toujours pas d’héritiers
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Vercingétorix a une fille, mais Goscinny n’a toujours pas d’héritiers.

Dominique  Clausse pour Culture Tops

Dominique Clausse pour Culture Tops

Dominique Clausse est chroniqueur pour Culture Tops

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"La fille de Vercingétorix"

de Jean-Yves Ferri et Didier Conrad 

Les éditions Albert René 2019, 48 pages, 9.99€

RECOMMANDATION
Bof


THÈME
Un groupe de guerriers Arvernes a recueilli la fille de Vercingétorix après la défaite d’Alesia. Ils veulent se rendre à Londinium (Londres) avec elle, pour s’en servir comme symbole et entamer la reconquête de la Gaule. En chemin, ils s’arrêtent dans un petit village d’Armorique, qui résiste encore et toujours à l’envahisseur. C’est, vous l’aurez reconnu, le village d’Astérix et Obélix, les célèbres Gaulois. Les Arvernes leur confient la fille, pour aller préparer la traversée de la Manche, la pensant en sécurité auprès des irréductibles Gaulois. Mais c’est sans compter sur le caractère fugueur de la jeune adolescente, qui va perturber la vie calme du village, en y trouvant des alliés de son âge.

Après quelques aventures loin de leurs bases, Astérix et Obélix vivent cette fois une aventure à proximité du village, retrouvant ici l’alternance de scénarios chère aux créateurs. Uderzo et Goscinny excellaient dans ces allers-retours qui nous emmenaient de l’Espagne (en Hispanie) au village (la Zizanie), puis de Suisse (chez les Helvètes) au village (le Domaine des Dieux), et ainsi de suite.

POINTS FORTS
Après la déception du tome précédent, Astérix et la Transitalique, on attendait ce nouvel opus avec un zest d’inquiétude. On le verra dans les points faibles, cette inquiétude s’avère hélas justifiée. Mais reconnaissons à Ferri, après la faiblesse scénaristique de cet avant-dernier album, d’avoir retrouvé le chemin d’un scénario correct. Et côté dessin, Conrad est toujours aussi à l’aise dans le respect des codes graphiques d’Astérix. Il nous offre même quelques belles planches qui n’ont rien à envier au trait d’Uderzo.

POINTS FAIBLES
Hélas, rien ne dissipe l’ennui qui nous prend très vite en tournant les pages de cet album. L’aventure est fade, les gags convenus et sans originalité, ni finesse. Adrénaline, la fille de Vercingétorix et ses compagnons adolescents, Blinix, le fils du poissonnier Ordralfabétix, et Selfix, le fils du forgeron Cétautomatix, tentent bien de donner un coup de jeune à la série, mais on tourne vite en rond. La volonté de moderniser le contexte fait flop, et alourdit même l’histoire. Les allusions écologiques sont un exemple de cette lourdeur : la malbouffe (la potion magique devient une boisson suspecte et transgressive pour les enfants), la surexploitation des ressources naturelles (la surconsommation de sangliers d’Obélix met en péril la préservation de l’espèce), la pollution des Océans (par des amphores, qui ne sont pourtant pas en plastique).

Certains comparent même l’héroïne Adrénaline à Greta Thunberg. Trop c’est trop ! Je ne sais plus qui a dit que les bons sentiments ne font pas toujours une bonne histoire, et bien, en voici la preuve dessinée.

EN DEUX MOTS
Pour les 60 ans du petit Gaulois (et oui, la première aventure remonte à 1959), on rêvait mieux comme cadeau d’anniversaire que ce triste album. On a l’impression que Ferri et Conrad sont prisonniers des codes de la série et que cela brime toute leur imagination. Ces deux-là ont prouvé par le passé leur indéniable talent. Mais ici, ils ne trouvent pas la clé d’un revival qu’attendent tous les fans de Goscinny, comme une renaissance du petit Gaulois. Mais existe-t-elle cette clé, sinon dans les fantasmes de vieux lecteurs comme moi, qui rêveraient de retrouver un Astérix en Corse ou un Tour de Gaule ?

Alors, j’ai envie de dire à Ferri et Conrad : envoyez balader Uderzo, faites-vous plaisir en cassant les codes et arrêtez de respecter le mythe ! C’est ce qui pourrait arriver de mieux à Astérix. Regardez comme Spirou a retrouvé une seconde jeunesse avec Janry et le regretté Tome, disparu récemment, qui avaient su bousculer le mythe du petit groom belge.

UNE ILLUSTRATION

L'AUTEUR

De Ferri, je garde en premier le scénario du « retour à la terre », où il donnait corps aux angoisses de Manu Larcenet. Franchement, si vous ne connaissez pas, allez acheter un album tout de suite pour combler cette grave lacune. Astérix représente une aventure nouvelle pour lui qui l’éloigne un peu de la ruralité qu’il affectionne particulièrement. Il est le créateur, par exemple du mythique, et néanmoins peu connu, Aimé Lacapelle, policier du BIT (Bureau d’Investigation Tarnais).

Conrad, le dessinateur, est décidemment un homme de duos. Avant celui qu’il crée avec Ferri, tous les amateurs de BD ont en tête les albums réalisés avec son complice Yann. Citons Bob Marone, parodie du célèbre aventurier, Bob Morane, ou encore la série des « tigresse blanche » qui nous plongeait dans un exotisme fantasmé. Sa marque de fabrique était un trait vif et original, très différent de ce qu’il fait ici, en respectant les codes du dessin d’Astérix.

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