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Le cas Deliveroo, une bombe "atomique" pour l’économie digitale, pour un bénéfice partagé. Sans besoin des Etats
©Tolga AKMEN / AFP

Les Entrepreneurs parlent aux Français

Denis Jacquet se penche cette semaine sur l’économie digitale, à partir du cas Deliveroo.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Nul besoin que la Loi régisse tout. Certaines décisions unilatérales, pourtant risquées pour l’entreprise même qui les prend, peuvent bouleverser l’économie digitale dans le sens d’une grande flexibilité pour les entreprises et d’une plus forte sécurité pour les indépendants. Pour que cette économie ne fasse que des gagnants.

Devant les atermoiements et le manque de compréhension des politiques, leur lenteur de réaction, il semble désormais établit, que ce sont les entreprises elles-mêmes, qui prendront en main, à court terme, la responsabilité sociétale, suppléant le vide d’un monde politique désorienté, en pleine crise.

Les entreprises, prennent ainsi en main, le déclencheur d’un nouveau pacte sociétal, à la place des intellectuels et politiques, qui, espérons-le, se reprendront en main le plus vite possible, car ils doivent être les fournisseurs d’une vision, de visions, que le reste de la société pourra aimer ou contester, amender ou adorer, mais qui soit le carburant d’un nouvel espoir, dans un nouveau cadre. Le cadre actuel, construit et détruit depuis des siècles est désormais inopérant, voire toxique. Il faut que l’imagination, le rêve même, revienne au pouvoir. Comme pour la musique, la créativité s’est arrêtée peu ou prou à la fin des années 80, et depuis on nous sert simplement des reprises, plus ou moins inspirées d’une période où la musique rimait avec la passion instrumentale au lieu de compositions répétitives sur clavier d’ordinateur.

Nous pouvons bien entendu questionner l’utilité de l’économie digitale. A quoi sert de réinventer le modèle économique d’industries et business déjà existants, pour leur apporter simplement plus de fluidité, de disponibilité, de rapidité, en prenant sa dime au passage, laminant parfois des pans entiers d’industries qui étaient bien plus créatrices d’emplois, transformant des emplois salariés en activités indépendantes. Moins protégées. C’est certainement vrai pour Amazon, qui au final, appauvrit plus l’économie qu’elle ne la sert.

Mais pour le reste, se poser la question est une perte de temps, car rien n’arrêtera la consommation via le smartphone, devenu l’extension humaine par excellence, la prothèse d’un monde handicapé du temps et de l’espace, qui pense que multiplier les tâches faites soi même, est un gain de temps et qui veut tout, tout de suite, sans effort, ni réflexion. Partant de là, il faut faire avec la médiocrité humaine, et sa passion pour son nombril et se demander comment faire en sorte que ceux qui réfléchissent encore, puissent le faire pour un monde meilleur pour les hommes qui y contribuent.

C’est inéluctable. Et en matière de travail, plutôt dans un sens positif, en tous cas je le pense (et le partage :)). En quoi un contrat de travail est-il plus valorisant, protecteur, utile et efficace, qu’un contrat d’indépendant ? Oui il a été gagné de haute lutte. On a eu besoin de ce contrat de travail, c’est indéniable. Il y a longtemps. Dans un autre monde. Le travail change, son cadre doit être revisité. Pourquoi décider soi-même de son temps et cadre de travail, ne serait-il pas meilleur pour tous ? C’est insupportable pour le législateur, qui faute de confiance en toute autre personne que lui-même, souhaite tout régenter, mettre la nature humaine en cage. Pour le syndicat, qui en vit, la plupart au détriment de celui qu’il est censé représenter (patronal inclus). Mais en réalité, nous pourrions laisser les acteurs décider de leurs relations, tout en s’assurant que le balancier soit toujours assez proche de l’équilibre. Le régulateur prendrait alors un rôle d’arbitre et de garant, et non plus de décideur. Vu comment marche notre système actuel, essayer autre chose ne paraît pas stupide, loin de là.

C’est dans ce contexte, qu’un groupe courageux, souvent malmené, par les dogmatiques du quotidien, à courte vue et à paresse forte, qui aiment les phrases faciles et la répétition de l’histoire plutôt que l’inconfort de l’innovation, a pris une décision, qui mériterait que l’on en parle chaque jour en première page, à égalité avec le Brexit ou le millier de sujets sans intérêt, qui remplissent la plupart du temps nos journaux de 20H.

Deliveroo malgré la menace d’une requalification en contrat de travail, a pris la décision d’offrir une assurance gratuite, pour couvrir ses indépendants, en cas de maladie ou d’accident. D’un montant plus important que celui versé à un salarié au SMIC. Loin des jérémiades plaintives sur l’esclavage moderne. C’est une bombe, une déflagration. Dont les ondes vont toucher les plus puissants, Amazon en tête. Imaginez-vous livreur. Vous êtes dans une profession en « tension ». Vous avez le choix. Et entre la société X qui ne vous couvre pas et Deliveroo. Où irez-vous travailler ? Chez Deliveroo. Ainsi, Amazon notamment, devra demain, travailler à un mieux disant social, si elle souhaite encore recruter demain et offrir ses mille et uns biens à livrer en moins de 2H, à des consommateurs assez stupides pour ne pas réaliser que ce bien livré en si peu de temps, leur sera utile, au mieux à leur retour du travail, 10 heures plus tard. C’est ainsi la plus belle mesure jamais prise à ce jour sur le marché, une mesure qui pourrait faire tâche d’huile en Europe. Elle a été prise dans le cadre du Mouvement Day One, le 16 octobre dernier à Monaco et a fait la une d’une partie de la presse, qui en a réalisé l’ampleur et l’impact. C’est incroyable. Reste à espérer que le juge français, dont le cœur penche à l’extrême gauche, l’inspecteur du travail, qui aime punir les entreprises qui risquent d’être vertueuse et ainsi leur enlever un ennemi facile, ne viennent pas tout gâcher.

Nous venons de faire un pas de géant au profit d’une économie digitale généreuse pour l’homme, qui n’aura plus envie bientôt, si nous prenons encore d’autres mesures de cette nature, du sacro-saint CDI, dont la forme l’emporte sur le fonds. Il est temps d’inventer un nouveau monde. Le Day One Movement vient d’y contribuer. Bravo à eux.

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