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La Banque mondiale confirme que la Grande Bretagne a conservé son attractivité économique en dépit des incertitudes du Brexit
©Tolga AKMEN / AFP

Business

La Banque mondiale révèle que la Grande Bretagne n’a pas perdu son attractivité pour le monde des affaires. La Grande Bretagne reste en 8e position mondiale, la France est 32e, pas de quoi donner des leçons.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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L’impact des incartades du Brexit n’a pas détérioré l’environnement des affaires et l’attractivité de la Grande Bretagne. Et cela, en dépit du désordre politique qui domine la vie du pays depuis 4 ans.

Selon la Banque mondiale qui réalise chaque année à la même époque « doing business 2020 », une étude qui mesure l’état du climat des affaires dans 190 pays à travers le monde traque les pays où l’on trouve les conditions les plus accueillantes pour faire des affaires. La Banque mondiale retient notamment tous les aspects législatifs, administratifs, fiscaux qui ont une influence sur les activités commerciales tels que la durée nécessaire à la création de l’entreprise ou à l’obtention d’un crédit bancaire.

Au terme de cette étude, la Grande Bretagne a conservé la 6ème place au classement mondial, malgré toutes les craintes et toutes les inquiétudes liées au Brexit et à la situation politique particulièrement chaotique. Parce qu’il faut bien reconnaître que depuis 4 ans, la vie politique et administrative est complètement mobilisée par le Brexit.

Alors, les premiers de la classe concernant l’attractivité sont la Nouvelle-Zélande et Singapour.

En 3e position Hong Kong, malgré les évènements et les manifestations.

Viennent ensuite :

Le Danemark 

La Corée du Sud

Les États-Unis

La Géorgie.

Puis en 8e position le Royaume-Uni. Ce qui est remarquable par rapport à ce qu'on pouvait craindre. La Norvège et la Suède sont toujours placées dans les dix premiers.

Et la France ?  La France se classe en 32ème position, elle est derrière l’Espagne et la Chine. La France est donc assez mal placée pour donner des leçons au monde entier. La France paie encore et toujours ses lourdeurs administratives, le poids de sa fiscalité et l’impossibilité de faire des réformes structurelles. La bonne image d’Emmanuel Macron a, dans les milieux étrangers, encore du mal à convaincre les comités d’investissement et les conseils d’administration.

L’énorme surprise, c’est évidemment la stabilité de la Grande Bretagne. « C’est même assez bluffant » pour reprendre l’expression de Marc Fiorentino, le gourou des épargnants français, « l’économie Britannique ne s’est pas effondrée, malgré 3 années d’incertitude totale. Elle a ralenti mais pas plus que les autres pays européens ».

D’autant que l’incertitude n’est pas seulement politique. On sait qu‘en période politique compliquée, la résilience de l’économie n’est pas spectaculaire. Exemple, l’Espagne ou la Belgique, qui ont continué de croitre malgré une incertitude politique totale avec même des absences complètes de gouvernement. Dans ces pays, on pourrait même penser que l’économie se porte d’autant mieux que le pouvoir politique est absent.  

En Grande Bretagne, l’incertitude politique s’est doublée d’une incertitude sur le cadre économique.  Tout était donc possible. Même le pire, et Dieu sait si beaucoup nous ont annoncé la catastrophe. Et bien la catastrophe ne s’est pas produite. Pas encore, diront les pessimistes.

La machine anglaise a donc continué de tourner et le système est encore en situation de plein emploi. L’investissement reste soutenu, l’industrie patine un peu mais pas plus que l’industrie française ou allemande. Quant à la consommation, elle tient le choc.  Certains stockent des produits alimentaires et pharmaceutiques, c’est vrai mais pas seulement. La consommation de services, qui n’est pas menacée, reste forte et l’industrie financière n’a pas perdu son leadership.

La Grande Bretagne va faire 1,2% de croissance, un peu moins qu'en France mais avec le plein emploi, alors que la France a du mal à enrayer son chômage de masse à 8,5%.

Alors, c’est évidemment très surprenant même aux yeux des experts de la Banque mondiale.

Les explications ne manquent pas a posteriori.

Les techniciens de l' économie monétaire sont ravis d’expliquer que l’économie réelle profite de la baisse de la livre qui facilite le business et la compétitivité. L’explication n’est pas fausse. Sauf que les importations coutent plus cher et rabotent le pouvoir d’achat des classes moyennes.  

Cela dit, on peut aussi imaginer que les acteurs économiques se partagent selon deux scénarios.

Les uns qui considèrent que le Brexit ne se fera pas et que la Grande Bretagne finira par abandonner ce projet qui, selon eux, ne va pas dans le sens de l’histoire.

Les autres, qui sont convaincus que Brexit ou pas Brexit, la situation restera la même au sein de l’union douanière européenne, avec peut-être un peu plus de liberté, ce qui est bon pour le commerce.

Il reste des Brexiters durs, mais ils sont de moins en moins nombreux à imaginer qu‘une rupture totale sans deal leur permettrait de s’affranchir des contraintes sociales, fiscales, sanitaires et environnementales et qui pourrait faire de la Grande Bretagne un Singapour puissance 10. Ils rêvent tout éveillés ceux-là, parce que si le Brexit donnera de la liberté aux acteurs de l’économie, une liberté totale leur fermerait beaucoup de marchés.

En attendant la fin du chantier et pendant les travaux, les affaires continuent.

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