2 milliards… Comment une banque peut-elle perdre autant d’argent en si peu de temps ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Comment cette banque, considérée comme une des banques les plus sûres aux Etats-Unis, a-t-elle pu en arriver là ?
Comment cette banque, considérée comme une des banques les plus sûres aux Etats-Unis, a-t-elle pu en arriver là ?
©Reuters

Mauvaise opération

La plus grande banque américaine, JP Morgan, vient de perdre 2 milliards de dollars. Ironie du sort, la firme a subi les pertes au sein d’un fonds mis en place précisément pour couvrir son propre capital contre les risques potentiels.

En l’espace d’un mois et demi, la célèbre banque américaine JP Morgan Chase a vu fondre 2 milliards de dollars.

Une perte qui pourrait grimper à 3 milliards si les conditions du marché étaient défavorables ou si les actions entreprises pour contenir les pertes ne portaient pas leurs fruits. "Le risque va perdurer pendant plusieurs trimestres", a expliqué le patron Jamie Dimon, alors qu’il annonçait la nouvelle.

Selon ses déclarations, la perte ferait suite à un « énorme » dysfonctionnement dans une unité de gestion des risques. A Wall Street, les conséquences ne se sont pas faites attendre : l'action de la firme a chuté de près de 7%, et les autres banques ont également été touchées.

Comment cette banque, considérée comme une des banques les plus sûres aux Etats-Unis, a-t-elle pu en arriver là ?

Ironie du sort, explique le Daily Beast, la banque a subi des pertes énormes au sein d’un fonds mis en place précisément pour couvrir son propre capital contre les risques potentiels. La  division en question, baptisée le "Chief Investment Office" (CIO), était une unité chargée de couvrir les risques au niveau mondial.

En cause : des opérations de courtage mal gérées, et des investissements plus risqués que prévus. « Le portefeuille s'est avérée être plus risqué, plus volatil et moins efficace comme couverture économique que nous le pensions », a expliqué Jamie Dimo." Il y a eu beaucoup d'erreurs, de négligences et de mauvais jugement. " a-t-il ajouté.

Selon certains ex salariés, le "Chief Investment Office" s’était engagé ces dernières années vers des paris plus risqués et plus spéculatifs. Au 31 décembre 2011, cette unité avait accumulé une position de 350 milliards de dollars, soit 15% des actifs de la banque, contre 77 milliards en 2007.

Mais le responsable numéro un, aujourd’hui pointé du doigt, est un trader Français. Bruno Iksil avait déjà attiré l’attention du "Wall Street Journal" et de l'agence Bloomberg début avril. Le trader français de JPMorgan, basé à Londres au sein du CIO, avait pris des positions colossales sur l'indice  "CDS". Les CDS - ou dérivés de crédit - répliquent l'évolution des crédits default swaps de 121 entreprises américaines. Il s'agit de contrats d’assurance pris sur un titre pour se protéger d’un éventuel défaut.

Des positions capables à elles seules d'influencer le prix de l'indice en question, selon plusieurs intervenants de marché.

Une mésaventure qui va donner du grain à moudre aux partisans d’un encadrement plus strict du trading pour compte propre des banques. En effet, l’échec de JP Morgan compromet les efforts de toutes les autres banques de Wall Street pour assouplir la législation fédérale.

Les causes d’un tel naufrage sont donc cruciales à déterminer. L’interprétation de cet échec de JP Morgan sera déterminante dans les décisions prises à l’avenir. Remaniement. Réforme Dodd-Frank.

Le sénateur démocrate Carl Levin a d’ailleurs immédiatement réagi : "L'annonce d'aujourd'hui nous rappelle le besoin d'établir des règles strictes et efficaces pour protéger les contribuables d'avoir à couvrir des paris très risqués". Carl Levin est co-auteur de la "Volcker Rule", une mesure phare de la réforme Dodd-Frank, qui prévoit de limiter le trading pour compte des banques pour éviter des prises de risques excessives de leur part.

Les opérations de couvertures ne sont pour l'instant pas concernées par le durcissement de la régulation. Mais selon Carl Levin, "l'énorme perte" de JP Morgan a le mérite de montrer que ce que les activités de "'couvertures' ne sont souvent que des paris risqués qui ne relèvent pas des activités de banques".

La mesure Volcker Rule est en ce moment examinée par le Congrès américain. Son entrée en vigueur, d’abord prévue le 21 juillet, a été ensuite repoussée.

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