Atlanti-Culture
Livre : "Une joie féroce" de Sorj Chalandon : Une aventure improbable et dérangeante
Valérie de Menou pour Culture-Tops
Valérie de Menou est chroniqueuse pour Culture-Tops.
Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.). Culture-Tops a été créé en novembre 2013 par Jacques Paugam , journaliste et écrivain, et son fils, Gabriel Lecarpentier-Paugam, en Master d'école de commerce, et grand amateur de One Man Shows.
De De Sorj Chalandon
Grasset 315 pages
LU / VU PAR
VALÉRIE DE MENOU
Publié le 24 sep . 2019
RECOMMANDATION
A la rigueur
THÈME
Jeanne, discrète libraire, apprend qu’elle est atteinte d’un cancer du sein. La vie ne l’a pas épargnée, elle a perdu un petit garçon, né handicapé, et depuis, son couple bat de l’aile.
Lors de séances de chimiothérapie à l’hôpital, elle rencontre Brigitte également malade, puis Assia sa compagne et Melody leur jeune protégée. Lorsque celle-ci annonce qu’elle a besoin d’argent, le quatuor ainsi formé, va fomenter un plan et se lancer dans un braquage.
POINTS FORTS
Il aurait pu y avoir des points forts: le roman s’engage plutôt bien en traitant du choc de l’annonce d’un cancer « le cancer n’est pas un rhume. Le cancer ne s’attrape pas, c’est lui qui vous attrape » p.24 ou « j’ai un cancer vous voulez le voir ? » p.41, mais le cancer apparaît comme un prétexte conduisant à un récit qui se perd rapidement dans l’invraisemblable.
POINTS FAIBLES
Une aventure improbable, sur fond racoleur de maladie qui mettra mal à l’aise quiconque aura touché de près le cancer.
Le comportement du mari de Jeanne aurait pu être approfondi : il ne supporte pas son état, s’éloigne et la quitte. La peur de la contagion ?
Le lien entre l’organisation du hold-up et la rage de vaincre la maladie « la joie féroce » n’est pas crédible. Doit-on en déduire que la guerre contre la maladie conduit à prendre les armes ?
L’auteur établit un parallèle dérangeant, et s’y attarde, entre la perte des cheveux due à la chimiothérapie et le crâne des femmes tondues à la Libération. Cela signifierait-il que les exactions d’un grand-père auraient un effet sur les traitements médicaux de sa petite-fille ?
Les dialogues sont peu recherchés, souvent ennuyeux.
Les portraits des quatre femmes sont caricaturaux. Elles fument des joints après leurs séances de chimio et on peine à croire leurs histoires de vie- forcément difficiles- pour en arriver à un acte revanchard, le braquage, dont le prétexte n’était finalement qu’une manipulation.
EN DEUX MOTS ...
J’ai failli refermer le livre à plusieurs reprises et sauté des pages pour en venir à bout.
Outre l’histoire, inutilement rocambolesque- - tous les clichés autour du cancer rendent la lecture assez pénible.
Un livre très décevant au regard des habituels succès littéraires de l’auteur.
UN EXTRAIT
Je n’en ai pas retenu à part une phrase qui m’a paru saugrenue :
« Je peux vous embrasser, Madame ? J’ai accueilli l’étreinte. Et puis elle m’a tourné le dos, pour picorer un curé qui passait » p117
L'AUTEUR
Journaliste, ancien grand reporter, Prix Albert-Londres en 1988, Sorj- né Georges- Chalandon a débuté sa carrière à « Libération » en 1973 puis a rejoint le « Canard Enchaîné » en 2009. Ecrivain, il a publié huit romans souvent récompensés dont Une promesse Prix Médicis 2006 et Le quatrième mur Prix Goncourt des Lycéens 2013.
En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.
Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !