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Les emplois qui rendent le plus heureux les Américains ne sont pas ceux qu’on croit et voilà ce que ça nous apprend sur le travail
©GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

L'argent ne fait pas le bonheur

Une étude menée par Bloomberg aux Etats-Unis montre que les métiers qui rendent le plus heureux, parmi lesquels celui de pompier occupe la première place, ne sont pas ceux qui rapportent le plus d'argent.

Catherine Berliet

Catherine Berliet

Catherine Berliet intervient depuis 15 ans en conseil, formation, coaching de cadres et dirigeants pour le compte de grandes entreprises françaises. Diplômée en communication, elle est également thérapeute, praticien en Rêve Eveillé libre. Elle est co-auteur de : Et si je choisissais d’être heureux  ! : Le bonheur mode d’emploi  paru en juillet 2014 aux Editions Eyrolles, Manager au quotidien et Les outils de développement personnel du manager aux Editions Eyrolles. Elle est auteur de Et si je prenais mon temps aux Editions Eyrolles et co-auteur de "Et si je choisissais d'être heureux" avec Capucine Berliet toujours aux éditions Eyrolles

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Atlantico : Une étude menée par Bloomberg aux Etats-Unis montre que les métiers qui rendent le plus heureux, parmi lesquels celui de pompier occupe la première place, ne sont pas ceux qui rapportent le plus d'argent. Ce résultat est-il surprenant ? De quelle façon le salaire intervient-il dans le bonheur des travailleurs ?

Catherine Berliet : Nous pouvons comprendre ce constat et nous dire que le mythe du Loup de Wall Street est en train d'être dépassé. Pour être compréhensible ce phénomène demande de revenir aux concepts de l'inné et de l'acquis.

L'inné avec la rémanence des réflexes grégaires liés à la sauvegarde du groupe et l'acquis avec le conditionnement par l'éducation, la religion ou la famille. Avec le développement du capitalisme nous avons assisté à une atténuation de ces concepts au profit de l'argent. La financiarisation de la société et l'individualisme grandissant, ce genre de réflexes de conditionnement s'était effacé pour un monde qui fait la part belle à l'argent. Ce phénomène s'est accentué avec la disparition des idéologies.

Cette étude de Bloomberg tend à démontrer que s'installe un mouvement qui vient contrecarrer les poncifs d'une société capitalisme. Le travailler plus pour gagner plus serait une valeur en perdition. Cette étude montre que le plus important aujourd'hui dans l'exercice professionnel est que le dit métier satisfasse des valeurs importantes pour soi.

La question du sens est donc de plus en plus présente dans les critères d'importance qui mènent au choix d'un métier. En cela les métiers énumérés par Bloomberg sont des métiers dont il est facile de percevoir le sens.

Ce rapport concerne les jeunes adultes en particulier. En quoi le salaire a-t-il une importance différente selon l'âge du salarié ? Comment expliquer que les jeunes soient moins intéressés par l'argent, contrairement à ce qu'on pourrait croire ?

Plus on avance en âge plus il y a une conscientisation de l'importance de l'argent. Une étude avait été réalisée par le CSA en 2006 qui montrait que 96% des 15-20 ans attribuaient une forte valeur au travail, moyen « naturel » d'avoir de l'argent. Depuis la crise de 2008 les choses ont l'air d'avoir changé. Avoir un travail rémunérateur n'est plus aussi important que par le passé même si cela reste la priorité numéro 1. L'éthique prend une place de plus en plus importante.

Toutefois, plus on prend de l'âge, plus le salaire prend de l'importance. On abandonne d'une certaine manière ses utopies car les priorités ont aussi changé. Un homme marié avec un enfant va accorder plus d'importance au fait d'avoir un bon salaire qu'un jeune qui n'a personne à charge à part lui-même, cela tombe sous le sens. Chez les jeunes aujourd'hui, on parle aussi d'une génération qui, souvent, a vu ses parents s'user au travail et aspirent aujourd'hui à autre chose.

Cette étude a été réalisée aux Etats-Unis. Les mentalités sont-elles identiques en France et aux Etats-Unis sur le sujet ? Des conclusions telles que celles-ci seraient-elles observables en France où la situation économique et les traditions culturelles sont différentes ?

Non, bien sûr. Nous n'avons pas la même relation à l'argent et il n'a pas la même place dans nos deux sociétés. Etre un « money maker » est encore un rêve bien ancré aux Etats-Unis et c'est moins le cas en France. Toutefois on voit bien que les choses ont tendance à changer comme l'explique l'étude de Bloomberg. En France, cette quête de sens est déjà bien présente. On l'a vu notamment avec le rejet de ce qu'il est aujourd'hui convenu d'appeler les « bullshit jobs ».

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