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Ecole : La concertation,
c’est maintenant. Le changement,
c’est (après...) demain
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L'école des cancres

Pour François Hollande, il va rapidement être temps de s'attaquer à l'Education nationale. L'école est en effet l'un des gros morceaux de la campagne du président élu. Les choses semblent pourtant mal parties, les socialistes souhaitant entamer leurs réformes par un dialogue avec les syndicats les plus réfractaires à toute évolution.

Roger Célestin

Roger Célestin

Roger Célestin est journaliste.

Il écrit pour Atlantico sous pseudonyme.

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D’un côté, le nouveau ministre de l’Education nationale (a priori Vincent Peillon) va vouloir donner des signes à l’électorat de François Hollande constitué notamment des enseignants et de leurs syndicats. De l’autre, il devra engager des réformes structurelles pour ne pas se retrouver piégé par la logique mortifère et inefficace du « toujours plus de moyens » pour des résultats du système éducatif toujours plus mauvais.

Sur l’école, les socialistes ont fait le bon diagnostic, qui est d’ailleurs aujourd’hui incontesté, quoique tardif. Cela fait 20 ans que tous ceux qui s’intéressent au sujet sérieusement et sans idéologie partagent un constat unanime. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les corporatismes et le manque de courage politique auront coûté cher au pays.

Reste donc à savoir comment le nouveau pouvoir arrivera à modifier la donne et quand les passagers (profs, élèves, parents) de ce paquebot qu’est l’Education nationale percevront le changement de cap.

Une chose est certaine : la croisière va rencontrer du gros temps, ou s’encalminer dans la mer des Sargasses syndicales et on ne va pas rigoler à bord. C’est la capacité d’imagination, de synthèse et de persuasion du nouveau capitaine qui fera son succès ou son échec. Ainsi que son habileté à jouer des leviers et des rapports de force.

L’exemple de l’évaluation des enseignants permet de comprendre les contradictions à surmonter. Vincent Peillon annonce l’abrogation du décret paru le... 8 mai dernier, ultime provocation de Luc Chatel vis à vis des syndicats. Vainement négocié depuis des mois, ce texte prévoit un entretien professionnel tous les trois ans par le chef d’établissement. Rien d’extraordinaire dans le monde normal, mais un pur scandale pour le SNES-FSU, principal syndicat des enseignants des collèges et lycées, force d’obstruction méthodique à toute réforme depuis au moins 25 ans. Rendez-vous compte, s’effarouche le SNES, le chef d’établissement, ancien prof de français par exemple, n’a aucune compétence pour évaluer un prof d’histoire géo. Bien sûr ! Le principal ou le proviseur a enseigné pendant dix ou quinze ans et ce métier a tellement changé qu’il est incapable d’évaluer le travail d’un collègue. C’est une plaisanterie. Jusqu’à présent, c’était le rôle d’un inspecteur qui passait tous les cinq ans, en moyenne, sans rien connaître de l’enseignant ni de l’établissement, et ça, ça ne gênait pas le SNES.

Pour autant, Vincent Peillon dit ne pas vouloir maintenir le statu quo. Pourquoi alors donner tout de suite un gage au SNES : « on ne peut pas confondre chef d’établissement et patron ». Bien sûr que si ! Les confondre serait un moyen d’améliorer la qualité du système. Et puis ce n’est pas très gentil pour les patrons. Vincent Peillon préfère démarrer une concertation avec des syndicats, selon qui les profs n’ont de compte à rendre à personne. Comme d’habitude, ils vont employer tout leur talent à torpiller le sujet. Bon courage M. Peillon. Au passage, en inscrivant dans la loi de 2005 la liberté pédagogique des profs, la droite a commis une grosse erreur car cela renforce leur propension à se comporter comme une profession libérale dans le service public.

Peut-être qu’une fois les législatives passées, le pouvoir socialiste fera preuve d’une volonté réformatrice plus affirmée. En attendant, sur d’autres sujets majeurs, formation, rythmes, école primaire, l’équipe socialiste annonce l’ouverture de discussions. La concertation, c’est maintenant. Le changement, c’est demain, ou jamais...

Une nouvelle circulaire de rentrée va donc être écrite, remplaçant celle qui date de trois semaines. Mais le paquebot Education nationale court ainsi sur son erre et il va passer par les bouées de l’évaluation en français et mathématiques des 750 000 écoliers de CM2 du 21 au 25 mai. Tout stopper est compliqué, d’autant que les enseignants doivent percevoir une prime pour ce travail. Cette étrange manie de donner des primes pour un travail fait pendant le temps de travail... même la droite y a succombé. Mais Vincent Peillon annonce au quotidien Le Monde qu’il ne fera pas remonter les résultats. A la poubelle ? Peut-être, parce qu’il en conteste la méthodologie, considérée comme inepte.

A propos du collège unique, que Nicolas Sarkozy voulait démanteler, il n’y aura pas d’orientation après la classe de 5ème, comme promis par François Hollande.

Autre sujet crucial, celui des suppressions de postes. Beaucoup de responsables de l’Education nationale affirmaient ces derniers mois qu’on était « à l’os ». 14 000 postes supplémentaires doivent disparaître à la rentrée. Le nouveau ministre donnera du lest en recrutant cet été 1 000 enseignants pour les zones difficiles et 2 000 assistants d'éducation et les auxiliaires de vie scolaire.

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