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Les risques de guerre montent, les bourses aussi !
©ERIC PIERMONT / AFP

Bon pour le business

Allez comprendre : le Dow Jones est à 26 700, son record historique, le Cac 40 à 5 500. Pas si mal, surtout quand on n’entend que parler de montées de tensions et de risques de guerres (au pluriel) !

UE Bruxelles AFP

Jean-Paul Betbeze

Jean-Paul Betbeze est président de Betbeze Conseil SAS. Il a également  été Chef économiste et directeur des études économiques de Crédit Agricole SA jusqu'en 2012.

Il a notamment publié Crise une chance pour la France ; Crise : par ici la sortie ; 2012 : 100 jours pour défaire ou refaire la France, et en mars 2013 Si ça nous arrivait demain... (Plon). En 2016, il publie La Guerre des Mondialisations, aux éditions Economica et en 2017 "La France, ce malade imaginaire" chez le même éditeur.

Son site internet est le suivant : www.betbezeconseil.com

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Que devient donc la vieille recette boursière : « acheter au son du canon, vendre au son du clairon » ? « Acheter au son du canon », puisque c’est à ce moment-là que tout le monde a peur et vend ses actions à n’importe quel prix. C’est alors qu’il faut les acheter. Elles remonteront, la paix revenue. Et c’est à ce moment-là qu’il faudra les « vendre au son du clairon », qui annonce l’arrêt des hostilités. Tout le monde se ravisera et rachètera au plus vite, regrettant sa panique antérieure. Pour faire fortune, il faut donc aller à contre sens, ce qui veut dire qu’on en a les moyens financiers et plus encore le courage. Mais ce n’est pas ce qui se passe. Et pourtant l’argent est là, les conseillers financiers partout !

Pas de « son du canon » dira-t-on, mais presque. La riposte américaine était prête, vendredi dernier, contre l’Iran, après son attaque contre un drone américain de reconnaissance. Elle avait été acceptée par Trump… qui se ravise dix minutes avant d’en donner l’ordre ! Désormais, tout le monde est au courant et s’interroge, pour comprendre ! Voilà des jours que les tensions montaient entre États-Unis, Iran et Arabie saoudite (notamment). Des attaques avaient eu lieu contre deux tankers. Puis des drones avaient attaqué le principal oléoduc saoudien. Puis des torpilles perçaient les coques de deux autres pétroliers qui passaient dans le détroit d’Ormuz, essentiel pour le pétrole mondial. Enfin un drone américain de reconnaissance est abattu jeudi 20 juin, par un missile indubitablement iranien… Escalade parfaite. Trop ? L’Iran dira qu’il n’est pour rien dans les attaques contre les tankers et a envoyé des messages d’avertissement au sujet du drone, drone qui était selon lui dans son espace aérien. Montée des tensions d’un côté, des deux, provocation iranienne… Nul ne sait. Sauf que l’histoire n’est pas finie. Sauf que le prix du pétrole, que certains voyaient passer à 100 dollars le baril monte de 2 le jeudi, à 54, puis se calme, puis revient à 57, ce qui n’est pas un prix de panique. Comment comprendre ?

On entend des « sortes de son du canon » mais la bourse monte, avec l’idée que croissance et profits sont toujours bien orientés ! En même temps les taux longs baissent, avec l’idée que l’inflation sera plus faible, puisque la croissance elle aussi sera faible ! Et si s’approche la guerre, il faut acheter des bons du trésor américains, ce qu’on peut comprendre, mais aussi japonais, allemands, français et italiens, ce qui est plus difficile. Les taux des emprunts d’état à 10 ans sont à 2% aux États-Unis ou à 0,05 en France, après un bref passage en territoire négatif !

Les marchés d’actions regardent d’un côté, les marchés d’obligations regardent d’un autre, mais tous deux pensent que les banques centrales vont tout sauver. Les bourses ne regardent que les baisses de taux promises par la Fed, sous pression de Trump, avec l’idée que la croissance pourrait ralentir, et celles annoncées par Mario Draghi, parce que la croissance ralentit encore. Implicitement, les marchés pensent qu’en baissant leurs taux, ces deux banques centrales s’engagent à sauver la croissance aux États-Unis et à éviter un plongeon en zone euro. Mais alors, pourquoi se ruer ainsi sur les obligations américaines, françaises et italiennes (dans une moindre mesure bien sûr) ? Parce qu’il y a énormément d’épargne partout ? Oui. Parce que les États-Unis sont vus comme le lieu le plus sûr, même si leur déficit budgétaire se creuse encore ? C’est défendable. Parce qu’en zone euro, l’Allemagne, pays le plus sûr, n’offre plus de bons du trésor, étant en excédent, donc qu’il faut aller en France, voire en Italie ? Mais il faut alors supposer que la zone euro tiendra, le successeur de Draghi répétant le whatever it takes de juin 2012. C’est imaginable.

Tout dépend donc, pour comprendre ce qui se passe sur les marchés, de quelques mots de soutien proposés ces derniers jours pas les grands argentiers, sans qu’on en sache plus sur leurs intentions et leurs moyens. Surtout, les politiques savent qu’ils diront ces mots. Alors, les européens peuvent chercher tranquillement leurs futurs responsables dans la confusion la plus complète. Alors Donald Trump peut alterner menaces douanières ou militaires, avec propositions de discussions avec la Corée du nord ou l’Iran !

Les marchés sont partout au plus haut. Les actions sont chères : même au bord d’un ralentissement économique, dans le meilleur des cas, car ça ira mieux. Les obligations sont chères, puisqu’il faut acheter 100 un papier qui rapportera moins que l’inflation, voire le payer 101 ou plus, car ça ira plus mal ! Pendant ce temps, l’or monte : tous les marchés ne sont pas fous.

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