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Le contenu en emplois de la croissance française s’améliore enfin
©PHILIPPE HUGUEN / AFP

Baisse du chômage

Les chiffres de l'emploi salarié en France sont plutôt bons au premier trimestre. Avec 92 800 emplois de plus, ce chiffre est comparable aux points hauts de 2017.

Philippe Waechter

Philippe Waechter

Philippe Waechter est directeur des études économiques chez Natixis Asset Management.

Ses thèmes de prédilection sont l'analyse du cycle économique, le comportement des banques centrales, l'emploi, et le marché des changes et des flux internationaux de capitaux.

Il est l'auteur de "Subprime, la faillite mondiale ? Cette crise financière qui va changer votre vie(Editions Alphée, 2008).

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Atlantico : Les chiffres de l'emploi salarié en France sont plutôt bons au premier trimestre. Avec 92 800 emplois de plus, ce chiffre est comparable aux points hauts de 2017. A quoi doit-on cette embellie et sera-t-elle durable ? Quels sont les secteurs qui enregistrent les plus fortes hausses ?

Philippe Waechter : Le chiffre du premier trimestre est très élevé au regard de la croissance de l'économie française. Il est effectivement comparable à ceux observés en 2017 mais avec, à l'époque, une croissance bien supérieure. Cela veut dire que le comportement du marché du travail est en train de changer. C'est cela qui est important et qui était contenu dans les ordonnances sur le marché du travail de septembre 2017. Un des objectifs de celles-ci était de rendre le marché du travail plus réactif à l'activité économique. Le cycle de productivité était généralement assez long, l'emploi ne progressant que lorsque le cycle était en phase de maturité. C'est cette dynamique qui est peut-être en train de changer. Les chiffres du premier trimestre reflètent-t-ils ainsi une réduction de ce cycle de productivité ? Ce serait une bonne chose. Une première conséquence serait de gagner en autonomie de croissance puisque, via l'emploi et les revenus supplémentaires engendrés, la demande interne gagnerait en consistance et serait susceptible d'être un support durable pour la production. Ce serait ainsi plus efficace que d'attendre que la situation externe s'améliore enfin. L'autre remarque est que ce comportement vient en contradiction avec la défiscalisation des heurs supplémentaires. Il vaut mieux créer des emplois plutôt que d'accroitre le temps de travail pour ceux qui en ont un.

Cette dynamique de l'emploi en plus des mesures sur le pouvoir d'achat va soutenir la demande interne et l'emploi. Les gains ne seront peut-être pas aussi spectaculaires qu'au premier trimestre mais on peut voir probablement une amélioration durable du marché du travail. Le risque est un choc international dévastateur qui résulterait d'une contraction plus rapide encore des échanges. Cela qui changerait la donne pour tous mais un tel évènement n'est pas anticipable facilement.

Comme toujours ce sont les emplois des services marchands qui ont rapidement progressé. Le point important est que l'industrie, depuis la mi-2017, crée de nombreux emplois. Après une longue période de contraction le secteur industriel s'améliore enfin. Ce n'est pas la plus mauvaise nouvelle.

La croissance française est soutenue par la hausse de l'emploi salarié, comme le montre les chiffres de l'Insee. En quoi cette structuration plus riche en emplois de la croissance est-elle une bonne nouvelle ?  

La hausse plus rapide de l'emploi dans le cycle permet de renforcer très vite le revenu des ménages sur une échelle plus large. Cela est alors un support pour la demande interne provoquant ainsi une plus grande autonomie de croissance. L'économie française manquait de réactivité. C’est-à-dire que lorsque l'économie globale subissait un choc négatif, elle ralentissait moins et moins vite que ses partenaires. Lorsque l'expansion redémarrait alors l'économie française était plus lente que les autres, notamment sur l'emploi. Elle était alors très dépendante de la dynamique de ses partenaires économiques. Cela ne peut être totalement satisfaisant même dans une zone monétaire. Une plus grande autonomie de croissance est bénéfique pour tous car les partenaires commerciaux de la France sont aussi stimulés par cette réactivité, ce qui profite aussi à la France en retour.

Cette hausse de l'emploi salarié, alliée à des mesures sur le pouvoir d'achat, pourrait-elle soutenir la demande interne sur le long terme et ainsi rendre la France moins vulnérable aux fluctuations de l'économie mondiale ?

La fort et rapide ralentissement de la croissance du commerce mondial est un risque pour la croissance globale. De plus, la politique menée, notamment aux USA, engendre des comportements non coopératifs et non coordonnés. C'est une situation périlleuse pour tous. L'objectif de la politique économique doit être de compenser l'effet négatif du choc sur l'activité afin que la croissance et l'emploi ne soient pas pénalisés. Les mesures prises en décembre pour 2019 (prime d'activité, prime défiscalisées) et celles annoncés récemment pour 2020 (baisse de la fiscalité sur le revenu) ont pour objectif de renforcer la demande interne, compensant ainsi le choc externe. La réactivité plus forte qu'attendue de l'emploi et du marché du travail va renforcer ce phénomène et immuniser un peu la France des risques internationaux. C'est plutôt un signal positif pour tous.

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