Débâcle à La France insoumise : quand la position de première opposition de gauche n'est plus si évidente que cela

Atlantico : La France Insoumise réalise un score de 6,6%, égal à celui du PS, bien en deçà des écologistes et très loin de leur résultat à la présidentielle de 2017. Comment interpréter ce recul de LFI lors de ce scrutin ?

Sylvain Boulouque :Le problème vient du type et de la nature de l’élection. Si l’on parle en termes d’échéances euro-péennes, on remarque une stabilité du parti de Jean-Luc Mélenchon comparé à son score de 2014, échéance lors de laquelle il était pourtant allié au parti communiste. C’est donc en-deçà des précédents scrutins nationaux mais c’est même au-dessus de la dernière élection européenne si on ajoute le PCF.
Le résultat est en trompe-l’œil dans la mesure où ce sont des élections européennes et non nationales. Les enjeux ne sont pas les mêmes et le résultat rejoint celui de 2014.

Dans une optique de lutte au sein de la gauche, ce résultat place LFI au second-plan. Le parti de Jean-Luc Mé-lenchon peut-il encore s’affirmer comme alternative de gauche à Emmanuel Macron ?

Dans cette optique, c’est une double défaite. Tout d’abord une défaite au sein de la gauche. Ils avaient fait de vote un test contre le gouvernement, mais ils n’ont pas le monopole de ce front anti-Macron, le RN s’est positionné bien devant. Et au sein de la gauche il sont à la deuxième, voire à la troisième place. Si on réalise une addition Hamon et Glucksmann contre Mélenchon et le PCF, ils se situent bien en troisième position. C’est effectivement une mauvaise soirée pour la France Insoumise.
Cependant pour le total des gauches, la donne est différente. Si l’on additionne les résultats de toutes les listes de gauche, on observe une remontée qu’il faut certes nuancer au vu du type de scrutin qui profite traditionnellement à une gauche européenne – ce que n’est pas la France Insoumise.