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"Nos villages, au cœur de l’histoire des Français" : Une certaine idée de la France...
©Flickr / jean-louis zimmerman

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Paul Beuzebosc pour Culture-Tops

Paul Beuzebosc pour Culture-Tops

Paul Beuzebosc est chroniqueur pour Culture-Tops. Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

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LU PAR PAUL BEUZEBOSC
LIVRE
NOS VILLAGES, Au cœur de l’histoire des Français
de Jean-Pierre Rioux
Ed. Tallandier
RECOMMANDATION
              EXCELLENT
THÈME
Grand maître de notre histoire contemporaine, Jean-Pierre Rioux poursuit la quête de ses derniers livres tournée vers les rivages intérieurs troublés de son « vieux pays ». La France et ses figures de grande marque : de Gaulle, Péguy, Jaurès avec même une échappée moderne en 2017 vers un certain Macron . 
Pèlerinage aux sources rurales de notre civilisation, Nos Villages est une somme vivante, cultivée et inspirée qui met à nu nos racines paysannes à travers un portrait chronologique, une tournée symbolique de villages témoins, connus ou reclus, emblématiques du paysage villageois français à travers les âges. Une histoire d’histoires en somme, sans autre nostalgie que la place à garder pour l’authenticité dans la mode du retour à la terre orchestré par la grande distribution médiatique.
POINTS FORTS
Solidité, profondeur, perspective reviennent à l’esprit du lecteur aujourd’hui submergé par les productions en tous genres du néo ruralisme. Il est bon que l’historien remette les réalités et les évolutions du monde rural en perspective. 
De cette histoire paysagée, comme une mémoire photographiée vue du ciel, cet acteur impitoyable de l’agriculture, ressort la diversité des situations, des tempéraments, des choix, des relations humaines et des terroirs dans un maillage et un mouvement qui ne furent ni constants ni homogènes.
 Places de survie avant d’être des lieux de vie, nos villages ont constitué la matrice de notre civilisation avant de lâcher du terrain au profit des villes. Surtout à partir du XVIIIème siècle, l’exode rural rythma tous les moments du développement économique jusqu’à l’étiage d’aujourd’hui, à peine compensé par l’essor de la néo-ruralité qui fragilise les ultimes équilibres des ressources de ce conservatoire de notre avenir terrestre. 
Après un rappel des fondations historiques du village, le célèbre Montaillou médiéval, le tracé d’ancien régime de Semur-en-Auxois, Les Baraques au temps de la révolution puis Mazières, Gargillesse, Ars, la paroisse pieuse, décrivent le monde rural qui vient. Comme un entracte, le banquet de la fête des maires aux 12 000 couverts en 1900 scelle l’amitié entre la République et ses villages. Lagleygeolle, saignée par la guerre de 1914-18, La Fromentière, Jumainville pendant l’Occupation sont les villages témoins des paysans qui s’en vont. Avant le coup de grâce des trente glorieuses qui vont épuiser le modèle, forcer - sous le joug de l’Etat et de la PAC européenne - la modernité, imposer la métamorphose à Plozévet ou abandonner Minot à son passé. Enfin Chichery en marge, Bruère-Allichamps au centre, incarnent ces lieux immémoriaux de l’espace en butte à l’assaut du temps.
POINTS FAIBLES
Ni passéiste ni apprenti prophète de l’écologie miraculeuse, Jean-Pierre Rioux, en toute rigueur, adopte la prudence modérée de l’historien pour son dernier arrêt à la croisée des chemins du village. La France, bénie des dieux parmi les territoires tempérés de l’Europe aurait pourtant une histoire à imaginer et, sur ce terrain fertile, un nouveau chapitre à écrire.
EN DEUX MOTS ...
Belle synthèse, cette histoire d’en bas fournit une chronique vivante qui sort la ruralité intemporelle des nouvelles ignorances urbanisées. Lieu incarné en trois personnes : l’histoire, la géographie, la mémoire, le village d’ici échappe au cliché condescendant des sites fleuris de caractère, au démembrement des traditions, au pittoresque « bio » de la classe verte, du « bonheur dans le pré » ou des labels artificiels de l’aménagement du territoire. 
Premier rôle du passé, le paysan, agriculteur ensuite, entrepreneur agricole aujourd’hui, aspire à réinventer des modèles vertueux pour rendre à son village, comme le cep au milieu de sa vigne, sa place, comme le lieu sensé et nourricier de toute parcelle d’humanité.
UN  EXTRAIT
Ou plutôt cinq:
"Vieille loi historique, quand l’échange des hommes, des biens, des services et de la foi s’y tarit, le village meurt !"
« Quand Adam bêchait et Eve filait, où était le gentilhomme ? »
"Déracinement rural et ascenseur urbain vont désormais de pair."
"Ne pas recueillir leur façon de voir l’Histoire mais leur manière de dire leur propre histoire".
"L’émiettement de la ruralité fait du village un lieu indécis, éclaté, dépaysé, déglingué, où l’agriculture est à la marge et où la ville régente les modes de vie. Microcosme du mal-être français."
L’AUTEUR
Né en 1939, agrégé d’histoire, professeur et universitaire, Jean-Pierre Rioux a enseigné à Paris X, à Sciences-Po, au CNRS et, comme professeur associé, à l’université de New York. 
Auteur de nombreuses publications et ouvrages sur l’Histoire politique, culturelle et sociale de la France contemporaine, conseiller et rédacteur de plusieurs revues (Esprit, L’Histoire), chroniqueur dans la presse et à la radio, il a publié récemment La France de 1900 (2012), La Mort du lieutenant Péguy (2014), Vive l’histoire de France (2015), Ils m’ont appris l’histoire de France (2017).
 Ni passéiste ni prophète de l’écologie miraculeuse, Jean-Pierre Rioux, en toute rigueur logique, adopte la prudence de l’historien pour son dernier arrêt à la croisée des chemins. La France, bénie des dieux parmi les territoires tempérés

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