Allergies : sept mythes (et vérités) à propos du rhume des foins

Atlantico :  Le rhume des foins disparaîtrait. Est-ce que c'est vrai ?

C'est ni vrai, ni faux. Ça dépend des gens. Par le passé, c'était l'évolution classique avec son apparition quand l'individu est un enfant pour ensuite disparaître chez l'adulte vers la quarantaine. Et puis on a vu que ça continuait chez d'autres personnes. Maintenant, il y a des cas où cela apparaît pour la première fois à l'âge adulte. Il peut également disparaître, mais nous n'avons simplement pas de marqueurs pour dire chez qui cela se produira. Surtout que les raisons sont plurifactorielles. Par exemple avec l'environnement si vous changez de pays, de lieux de vie.

Beaucoup de personnes attendent une pluie salvatrice quand ils ont le rhume des foins. Est-ce que la pluie change vraiment les symptômes ?

Là encore, oui et non.La pluie pour le rhume des foins, c'est comme avec la pollution. Ça vous met par terre toutes les particules qui sont en suspensions dans l'air. Mais il faut aussi qu'il pleuve assez. Par contre, un orage éclate les grains de pollens qui sont littéralement des bombes à fragmentation pour le malade.

Le rhume des foins disparaîtrait également la nuit.

On est moins exposé la nuit parce qu'on est chez soi et qu'il y a donc forcément moins d'émission de pollen. Mais une fois que les symptômes sont enclenchés, vous pouvez avoir des personnes avec le nez bouché toute la nuit.

Est-ce que les antihistaminiques rendent forcément somnolent ?

Ah non. D'ailleurs, c'est une vraie catastrophe qu'on dise ça au public. Les patients les prennent la nuit alors qu'ils sont exposés en journée. Il y a toujours des gens qui dormiront quelque soit le médicament qu'on leur donne. Cette rumeur n'a pas de fondement si ce n'est que les premiers antihistaminiques étaient  effectivement soporifiques. Les derniers le sont beaucoup moins avec des effets qui varient toujours selon les personnes.

Certaines personnes prennent du miel pour le traiter. Est-ce que ça marche ?

Je ne sais pas. En revanche, ce n'est pas très prudent. Le miel étant exposé au pollen, on frôle le risque d'allergie alimentaires [rires]. Ce n'est pas très fréquent mais je l'ai déjà vu. Donc, les produits de la ruche, c'est très bien s'ils les supportent mais on après on ne peut pas se priver de tout sous prétexte qu'une allergie peut arriver.

Est-ce que le rhume des foins a quelque à voir avec le foin ?

En fait, le foin est le résidu des graminées. Les gens avaient le rhume des foins au moment où on faisait des foins, c’est-à-dire après la moisson. Et quand on remuait le foin, on secouait et attirait les particules d'allergie dedans. De fait, puisque la moisson était l'été, c'est alors qu'on attrapait le rhume des foins. Mais c'est une maladie qui peut apparaître en réalité très tôt dans l'année et qui ne dépend que de la présence du pollen.

À partir de quand a-t-on commencé à comprendre que le rhume des foins était lié à des réactions immunitaires ?

Dès le début du XXe siècle! D'ailleurs la première expérience d'anaphylaxie [ndlr. Manifestation la plus sévère de l'allergie] avec Charles Richet et Paul Portier est assez "drôle". Ils ont utilisé un chien qui s'appelait Neptune et qu'ils ont tué en voulant l'immuniser. C'est là qu'ils se sont dit qu'il y avait un problème. C'était fou de tomber sur ce chien-là, parce qu'en plus il était allergique !