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"Florence Muller : emportée par mon élan" : joyeusement survolté et dévastateur
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Charles-Édouard Aubry pour Culture-Tops

Charles-Édouard Aubry pour Culture-Tops

Charles-Édouard Aubry est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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ONE WOMAN SHOW
Florence Muller : Emportée par mon élan
Mise en scène : Julie-Anne Roth

Collaboration artistique de Christian Hecq

INFORMATIONS

Théâtre du Petit Saint-Martin

17 rue René Boulanger, Paris Xème

Jusqu’au 2 juin 

Durée : 1h10

Réservations : 01 42 08 00  32

RECOMMANDATION

          EXCELLENT

 THEME

Florence Muller marie son fils aîné chéri. D’emblée, elle prend à parti les spectateurs, qui jouent le rôle des invités, une galerie de personnages haut en couleur qu’elle interpelle sans cesse. Avec elle, le mariage devient le moment de sacralisation ultime de la famille : de la photo avec tous les invités, au banquet, en passant par l’église et la pièce montée, Florence Muller raconte cette folle journée en faisant exploser les codes, les conventions, pour dynamiter la famille.

POINTS FORTS

Florence Muller a conçu un spectacle taillé sur mesure pour son jeu, sa verve comique et spontanée. Elle l’incarne avec le brio et le naturel du mannequin qui a conçu le vêtement qui l’habille. Grâce au travail réalisé en commun avec ses complices Julie-Anne Roth et Christian Hecq, de la Comédie Française, qui apportent leur univers mais aussi leur sens du détail, c’est une mécanique du rire implacable que cette fine équipe a concoctée.

Quelle énergie ! Florence Muller arpente la scène avec la fougue d’une personne qui vit un jour unique, le plus beau de sa vie. Elle va, dans le plus grand désordre, enguirlander sa famille, bavarder avec Ken et Barbie, tenter un ballet végétal et regonfler le moral de ses organes. En nous entraînant dans cette folle journée et en faisant de nous les protagonistes de cette histoire, elle incarne cette figure féminine bourgeoise des années 80, bien sous tous rapports, mais dont le vernis ne demande qu’à craquer.

Le spectacle lorgne aussi bien du côté de Peter Sellers, inénarrable acteur dans « la piscine » de Blake Edwards pour l’enchaînement des catastrophes, des Monty Python, pour la folie baroque des gags ou Muriel Robin pour la capacité à incarner le personnage et l’histoire qu’elle raconte.

Florence Muller, c’est une extravagance, la capacité de pousser les situations à l’extrême, un sens mêlé de l’infiniment grand et du dérisoire, une fureur de jouer magnifique et contagieuse.

POINTS FAIBLES

Le spectacle se termine par une scène en rupture de ton avec tout ce qui l’a précédé. Peut-être est-ce une « volonté humaniste » de tirer une morale ou une leçon de vie, de conclure la pièce par un propos plus sérieux … Toujours est-il que cela nous fait regretter que le spectacle ne se conclue pas sur le mode comique et burlesque dans lequel il excelle.

EN DEUX MOTS

La fureur de vivre en famille : si le mariage d’un fils est le moment le plus beau et le plus tragique pour sa mère, alors Florence Muller sait magnifiquement rendre cette expérience unique  et pathétique, foisonnant d’émotions contradictoires et occasions de débordements en tout genre, lieu de rencontre de la bêtise et du magnifique.

UN EXTRAIT

« Il est pas beau mon grand fils ! C’est pas parce que c’est mon fils, mais quand même, qu’est. Ce qu’il est grand ! C’est un grand monsieur. C’est le genre à hisser la grand-voile tous les jours, tous les jours c’est le grand jour pour lui, et ses soirs des grands soirs des grands jours. Lui, il ne s’entoure que de grandes personnes qui ont des grands sentiments, il ne vit que des grands moments. Le ronron du poêle ne le rassure pas, il préfère jeûner avec les aigles que picorer avec les poulets ».

L’AUTEUR

Florence Muller est diplômée du Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique. Elle mène conjointement plusieurs carrières.

Au théâtre avec Philippe Torreton, Philippe Faure, Daniel Prévost ou Georges Werler, entre autres. Au cinéma avec notamment Bruno Podalydès, Luc Besson, Agnès Jaoui ou Blandine Lenoir.

Elle poursuit en parallèle l’exploration de son univers burlesque et poétique entrepris avec ses précédents spectacles, « Boulevard du boulevard », « La beauté, recherche et développements » et « La queue de Mickey ».

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