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François Hollande « in love » des communistes ou la perdition des socialistes français
©STR / AFP

Nouveaux amours

Parti acheter du muguet pour le premier mai à des militants communistes, François Hollande a souligné combien la campagne de Ian Brossat était sans doute « la meilleure » à gauche.

Virginie Martin

Virginie Martin

Virginie Martin est Docteure en sciences politiques, habilitée à Diriger des Recherches en sciences de gestion, politiste, professeure à KEDGE Business School, co-responsable du comité scientifique de la Revue Politique et Parlementaire.

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Atlantico : François Hollande est parti à la rencontre des communistes et a assuré que Ian Brossat "a de l'avenir"  et qu'il fait certainement la "meilleure campagne de gauche" pour les européennes. Mais pourquoi ne pas aller manifester son soutien au Parti socialiste ?

Virginie Martin : C'est extrêmement logique qu'il ne soit pas allé au PS. La direction qu'a pris Olivier Faure et la décision qu'il a prise d'aller mettre Glucksmann en tête de liste et donc d'écarter tout le clan hollandais fait qu'on ne voit pas pourquoi Hollande irait assumer une présence du côté de Solférino.

Le travail de déhollandisation du PS a été mené par Olivier Faure et au lieu de mettre une figure avec une autorité, une expérience et une légitimité auprès du terrain comme Stéphane Le Foll, il décide de tourner complètement cette page et décide de faire comme si toute cette nébuleuse n'avait pas de légitimité.

Et en plus il va chercher quelqu'un venu de l'extérieur avec un mouvement qui compte très peu et qui n'a aucune légitimité socialiste. On peut se demander pourquoi beaucoup d'élus socialistes ne se retrouvent pas du tout dans le tandem Glucksmann/Faure. D'autant plus que Glucksmann mène une campagne qui est loin d'être parfaite. Il est hésitant, désincarné, balbutiant, pas du tout aguerri à l'exercice. Surtout sur le discours politique, il enfonce des portes ouvertes et l'on a l'impression que son programme se résume à quelques banalités. Il n'y a pas de logiciel, de culture politique, de culture socialiste…

Peut-être que François Hollande à travers ce geste essaye d'envoyer un message en disant "je vais voir la gauche là où elle est". Et envoie un message à son clan qui est, en substance, un appel à faire échouer Olivier Faure et Glucksmann.

N'est-ce pas là une preuve supplémentaire d'une perdition idéologique à gauche ?

Non car il y a encore des idées de gauche qui sont à défendre, à proposer et qui sont défendues et proposées. Dans le logiciel de gauche il y a beaucoup de propositions alternatives à l'économie libérale, d'autres qui remettent en question partiellement les traités européens, mais aussi la surproduction et la surconsommation qui vont contre la logique écologique. C'est sans parler des questions d'égalité hommes-femmes et de féminisme qui sont aussi des questions vivaces… Le pouvoir d'achat et la précarisation des classes ouvrières ou moyennes voire moyennes-supérieures sont aussi toujours bien présentes.

Bref, le logiciel de gauche est loin d'être mort. Mais même si ces idées de gauche sont encore là, le PS a choisi de porter un discours plein de banalités et de délaisser ces thèmes. Glucksmann ne peut pas porter un discours de gauche car il n'en a peut-être pas la culture.

Du côté de Manon Aubry, de Iann Brossat, il y a des choses et des voies possibles. Si le PS avait pris une bonne figure de proue, ils auraient pu reconstruire le parti mais visiblement ce n'est pas vers cela qu'ils s'orientent.

A l'inverse n'est-il pas surprenant de voir les communistes accueillir celui qui a trahi les valeurs de la gauche comme, par exemple, à travers le CICE?

Je ne suis pas étonné. La figure de Iann Brossat n'est pas non plus celle de Marchais. Le temps a coulé sous les ponts. Certes, le parti de Brossat s'appelle toujours le "Parti communiste" mais ils ne sont pas en train de plaider pour le collectivisme. Le logiciel a quand même évolué et finalement aujourd'hui les communistes réclament des grandes lignes de gauche. Dans l'absolu le PC a aussi intérêt à accepter toute l'aide qui peut leur être proposée.

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