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La France attire de plus en plus les investisseurs étrangers... mais ils créent peu d’emplois
©ERIC PIERMONT / AFP

Business

Malgré les gilets jaunes, l’attractivité de la France se confirme. Les touristes affluent et les investisseurs aussi. Alors pourquoi ?

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Si la France est désormais le pays européen qui attire le plus de touristes, la France est aussi devenue très attractive aux investisseurs étrangers qui viennent dans l’Hexagone pour s’y implanter.

L’an dernier, les nouvelles implantations ont progressé de 14% avec 1 323 projets d’investissements étrangers. Ces chiffres officiels, divulgués par Business France, portent sur l’année2018. On peut donc supposer que les désordres créés par les gilets jaunes ont encore eu peu d’impact puisqu‘ils n’ont commencé véritablement qu’en novembre. Ceci dit, les spécialistes publics et privés qui travaillent sur les investissements étrangers considèrent que ces manifestions qui bloquent les centres villes - tous les samedis ou presque – perturbent évidemment le commerce de proximité, mais auront peu d’impact sur les décisions d’implantation des étrangers en 2019.

Le gouvernement français voit donc dans le renforcement de l’attractivité de l'hexagone, un effet conjugué des réformes mises en œuvre depuis le début du quinquennat d’Emmanuel Macron et de la conjoncture étrangère.

Sur l’échiquier européen, la France est le 2e pays le plus attractif (pour 35% des décideurs étrangers interrogés) derrière l’Allemagne (41%) et devant le Royaume-Uni (34%). Ils sont 8 décideurs étrangers sur 10 à plébisciter la qualité des salariés, la montée en gamme des produits, la numérisation des processus industriels et la qualité du management à la française.

Les investissements européens restent prédominants (61%). Le Royaume-Uni est le pays qui a augmenté le plus ses investissements en France  en 2018 (+33%), dans les secteurs du conseil, de l’ingénierie, des logiciels et prestations informatiques et des services financiers. Effet Brexit, évidemment !

Pour Edouard Philippe, ces chiffres sont clairs : "Cela veut dire que les mesures que le Gouvernement a prises, pour inciter les entreprises installées au Royaume-Uni à venir localiser leur production en France pour tenir compte des incertitudes liées au Brexit, produisent leur effets."

Que le Premier ministre y voit le résultat de sa politique, c’est de bonne guerre, mais ça n’explique pas tout.

En fait, beaucoup d’entreprises internationales choisissent la France pour la taille et la qualité de son marché intérieur (89 % des implantations), pour les infrastructures de communication (87 %), les infrastructures de transport et ressources logistiques (87 %), le tissu industriel (87 %) et l’environnement des affaires (86%).

L’innovation (77%) et la R&D (85%) font également partie des atouts premiers pour les dirigeants étrangers. Un avantage qui a toujours été conforté par les pouvoirs publics depuis plus de 15 ans.

"En matière de R&D, l’attractivité de la France repose sur son réseau de clusters (groupes de laboratoires), la proximité des marchés et des autres activités de l’entreprise, les possibilités de collaboration avec des équipes universitaires de recherche, la qualité du personnel de R&D et l’accès au financement. Les entreprises européennes réalisent 22% des dépenses de R&D des entreprises en France (Insee). Les entreprises américaines sont également très présentes, avec plus du quart des décisions dans le domaine et 21% de l’emploi associé. Une dynamique qui s’explique en partie par l’efficacité de l’écosystème français."

Ajoutons à cela que, de par son positionnement géographique, avec ses accès maritimes et ses infrastructures de transports, le territoire français est un carrefour stratégique permettant de se déployer vers d’autres continents :

Notamment vers l’Afrique (pour 70% des entreprises) et les autres pays européens (pour 81% des entreprises). A noter que 31% des exportations françaises sont le fait d'entreprises européennes implantées sur le territoire.

Malgré les incertitudes politiques liées aux gilets jaunes et aux élections européennes, le climat des affaires est ressenti comme étant au beau fixe par les investisseurs étrangers. La France est perçue comme un pays économiquement stable (90 %, +5 points), sérieux, juridiquement fiable et plutôt agréable à vivre.

Reste un problème grave et inquiétant : l’emploi. Les investisseurs viennent investir mais ils ne créent pas d’emplois.

+ 8 % seulement d’emplois ont été créé en moyenne annuelle depuis 5 ans par les investissements étrangers. Fin 2016, 28 600 filiales de groupes étrangers installées en France employaient 1,8 million de personnes, soit 11% de l’effectif salarié en France. En 2018, les 1 323 décisions d’investissement recensées ont permis la création ou le maintien de 30 302 emplois.

L'évolution est dérisoire. Elle est même décevante.

Cela veut dire que les investisseurs évitent les projets à forte main d’œuvre, parce que cette main d’œuvre est chère, peu flexible, peu mobile et globalement de qualité assez faible, sauf dans les postes à haute valeur ajoutée. Ça veut dire aussi que la réforme du droit du travail, la fiscalité et surtout la réforme de la formation n’ont pas encore produit d‘effets probants. Les investisseurs étrangers retrouvent en France des difficultés qui découragent beaucoup de chefs d’entreprises locaux quand ils abordent le marché du travail. Ils constatent qu’avec un taux de chômage de 9%, ils ont du mal à pourvoir les emplois qu’ils mettent sur le marché.

La résorption du chômage structurel, c’est-à-dire un chômage lié à l’employabilité de beaucoup, ne se règlera pas en deux ans, pas même en quatre. C’est le point noir du modèle français. La difficulté de trouver des candidats correspondant aux emplois offerts freine les initiatives et la croissance. Et explique aussi le cout exorbitant du modèle social. 

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