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Les propositions pour repenser de A à Z l’évangélisation et l’activité même de l’Eglise
©CHARLY TRIBALLEAU / AFP

Bonnes feuilles

Dans son livre "Un catholique s'est échappé" (éditions du Cerf), Jean-Pierre Denis répond à la crise spirituelle que traversent l’Église, la France et l’Europe. 2/2

Jean-Pierre Denis

Jean-Pierre Denis

Après avoir dirigé la rédaction de La Vie, Jean-Pierre Denis a rejoint Bayard Presse pour créer de nouveaux médias. Intervenant régulièrement dans la presse, sur les ondes, les écrans et les réseaux sociaux, il est l'auteur de livres remarqués dont, récemment au Cerf, Un catholique s'est échappé.

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Il n’y a pas d’un côté les catholiques pratiquants, fidèles et exemplaires, de l’autre des Français incroyants, indifférents ou hostiles. Il y a encore moins des croyants à bichonner et des incroyants à évangéliser. A tout prendre d’ailleurs, je préférerais plutôt le contraire : des croyants à évangéliser, des incroyants à réconforter. L’enjeu est essentiel. Si on le prend en considération, on s’oblige à repenser de A à Z l’évangélisation et l’activité même de l’Eglise.

Première décision : avoir foi dans le « sacerdoce des baptises », ce lieu faussement commun de Vatican II. Deuxième décision : prendre la déclaration d’appartenance au sérieux et non la tenir en suspicion. Troisième décision : tourner l’effort de la mission vers les non-pratiquants, les irréguliers et les hors-les-clous. Quatrième décision : prendre la déception comme une forme d’attachement déchiré à renouer.

La pratique religieuse n’est plus la mesure de toute chose. Il faut mesurer d’autres pratiques que la pratique. Pour savoir qui est catholique, on devrait inventer un nouvel outil. Non pas à la manière dont l’on procède pour les courbes du chômage, en trafiquant le baromètre quand il ne promet pas une météo politique suffisamment clémente. Ici, l’instrument traditionnel n’apporte réellement plus les informations nécessaires et pertinentes. Certes, l’eucharistie demeure comme l’a dit le concile Vatican II « source et sommet » de la vie chrétienne. Mais souvent, faute de source accessible, il est devenu plus difficile de s’abreuver. Certes, on prend la voiture pour aller au supermarché ou pour consulter tel médecin. Mais, de fait, la quasi-disparition de la messe de proximité a accompagné autant qu’accélèré le déclin de la pratique.

On pourra d’ailleurs s’étonner de voir les sociologues, qui ne sont pas théologiens, s’en tenir avec une telle constance à un critère qui n’a que la pertinence que l’Eglise catholique lui donne et qui conduit à laisser de côté la partie immergée de l’iceberg. La pratique dominicale régulière ne mesure que... la pratique dominicale régulière. Elle laisse dans l’ombre d’autres formes d’engagement, d’appartenance, de ritualité. Le bénévole du Secours catholique qui chaque année prépare la veillée de Noël avec les démunis... Le donateur aux Chantiers du Cardinal qui choisit le prélèvement automatique pour rénover des chapelles dont il ne franchit guère la porte, par attachement au « patrimoine religieux »... L’agriculteur isolé, abonné à son journal chrétien, qui trouve dans le commentaire de l’évangile du dimanche une forme de pratique qui le met en lien et en communion avec l’Eglise... La gardienne de l’école qui, bien qu’habitant à 20 mètres du clocher, regarde la messe télévisée chaque dimanche, et les programmes qui la précèdent, sur France 2... Cette voisine que je ne vois à l’église qu’une fois l’an, pour la bénédiction des Rameaux... Ce phénomène, je l’appellerai faute de mieux la pratique paraliturgique. Je voudrais ainsi insister sur ce qu’il n’est pas – la messe du dimanche – mais surtout souligner ce qu’il signifie – une forme de lien, un rite, dans certains cas une forme de quasi-liturgie ou de mouvement autour de la liturgie, comme ces parents qui accompagnent leurs enfants à la messe des petits, alors qu’on ne les voyait guère le dimanche jusqu’alors. Echappant au radar de la sociologie religieuse ou de l’enquête journalistique, encouragée par l’Eglise mais en même temps jugée seconde, la « micro-pratique/multipratique » est un phénomène de masse.

Là doit être l’attestation.

Extrait de "Un catholique s'est échappé" de Jean-Pierre Denis, publié aux éditions du Cerf.

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Un catholique s'est échappé

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