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PSG/Manchester United: 1/3 Cataclysme au Parc des Princes, le PSG ne verra pas les quarts de finale
©FRANCK FIFE / AFP

Football

A l'issue d'un match d'une grande médiocrité, les Parisiens sortent de la Ligue des Champions par la plus petite des portes et disent adieu à l'objet de toutes leurs convoitises.

Olivier Rodriguez

Olivier Rodriguez

Olivier Rodriguez est entraîneur de tennis et préparateur physique. Il a coaché des sportifs de haut niveau en tennis. 
 
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C'est avec un minimum de doutes et beaucoup de certitudes que le PSG abordait ce huitième de finale retour contre le peu qu'il restait de Manchester United. Forts de leurs deux buts d'avance et en ayant disputé cinq rencontres pour autant de victoires depuis le match aller, les Parisiens pouvaient se présenter en pleine confiance, avec l'étiquette de favoris dans le dos. Si l'on ajoute que ces derniers temps la manière était à la hauteur des résultats et que l'adversaire était amputé de cinq de ses titulaires, on pouvait estimer sans forfanterie qu'une grande partie des conditions étaient réunies à l'heure de la validation du ticket pour les quarts. Bien sûr, le vautour de la remontada tournoyait toujours dans les esprits des plus superstitieux... Bien sûr, il aurait été préférable de disputer cette rencontre avec Cavani et Neymar... Mais avec un collectif huilé et le succès total du nouveau statut assumé par Mbappe, tous les signes antérieurs au match convoquaient l'évidence d'une qualification logique.

Mais il est dit que le football a ses raisons que la raison ignore... et que le Paris Saint Germain entretien une relation masochiste avec la coupe d'Europe. Dans cette soirée tristement historique, les supporters et les joueurs Parisiens auront donc souffert le martyr jusqu'au bout, pour expérimenter ensemble l'attente douloureuse de ce qui ne viendrait pas. On savait que Manchester n'avait qu'un objectif: marquer très tôt pour instiller le doute. Mais on se disait aussi qu'on avait beau craindre la chose, ce n'est tout de même pas une raison pour qu'elle advienne ! Aussi, lorsque Lukaku ouvrit le score dès la deuxième minute, les supporters comprirent que le présent devenait imparfait et que les vieux démons Barcelonnais se rappelaient au mauvais souvenirs de tout le monde. L'égalisation de Bernat (12ème) soulagea un peu les consciences jusqu'à ce que Lukaku (30ème), qui avait profité des largesses de Kehrer sur l'ouverture du score, profite cette fois d'une erreur de Buffon. Deux buts offerts, face à une équipe techniquement largement inférieure, à ce stade de la compétition, c'est commotionnant... Et surtout terriblement révélateur des failles mentales d'une équipe qui n'a vraisemblablement pas soldé tous ses comptes. Péniblement, le match s'étira et il fut facile, au fur et à mesure, de reconnaître tous les symptômes d'un collectif dont le jeu est détruit par l'enjeu. Le résultat ? Un jeu haché, une organisation dissoute, des ballons perdus, des lignes distendues, des initiatives malheureuses et une kyrielle de derniers gestes manqués. Les responsables ? Le stress, l'angoisse et les assauts récurrents des fantômes venus du passé. Dans ces moments-là, le temps n'est plus mesuré, il est enduré. Dans ce moment-là, la peur devient organique, reptilienne. S'ils étaient peu inquiétés, les Mancuniens se montraient particulièrement inoffensifs. Pour parvenir à marquer le but qui pouvait les qualifier, on sentait bien que les joueurs Anglais allaient devoir s'en remettre à l'improbable. Et l'improbable est advenu. C'est un pénalty concédé par Kimpembe et transformé par Rashford (92ème) qui envoya les Parisiens en enfer. Un but que les supporters reçurent comme on prend une balle dans la peau et qui plongea un club tout entier dans une atmosphère luciférienne. 

Ce matin, la sidération est totale. Car il s'agit désormais du second traumatisme à grande échelle pour un club Parisien qui a dépensé plus de 400 millions d'euros pour afficher ses ambitions dans la plus prestigieuse des compétitions de clubs. Si les bénéfices commerciaux s'additionnent, les éliminations divisent et nous pouvons parier que cet échec au retentissement planétaire ne sera pas sans conséquences. Pour la troisième année consécutive, le PSG est donc sorti dès les huitièmes de finale. Si, il y a deux ans, Barcelone et un arbitrage douteux avaient eu raison des Parisiens, cette fois Paris s'est battu tout seul et n'a eu besoin de personne pour l'aider à précipiter sa chute. Hier soir, nous avons expérimenté la prescience de l'échec. Hier soir, l'erreur individuelle irrécupérable était hélas la seule statistique constante. Hier soir, le groupe avait davantage à l'esprit ce qu'il pouvait perdre que ce qu'il pouvait gagner. Le bilan individuel est à pleurer:  Kerher (pour ses offrandes), Alves (pour son match sans boussole), Draxler (qui, à part se blesser, n'aura rien réussi), et Buffon (qui a prouvé que les voyages déforment la vieillesse) auront été payé généreusement pour des prestations qui ne valent pas très cher. Mais stigmatiser des individualités ou l'inefficacité des changements opérés par Thomas Tuchel ne doit pas nous éloigner du coeur de l'analyse. Ces joueurs, ce club, connaissent la Ligue des Champions mais ne parviennent décidément pas à se faire reconnaître par elle. Et il y a quelque chose de pathétique à constater que cette équipe s'accable à vouloir poursuivre des desseins qui excèdent sa mesure. Le supplice est terrible et digne de Tantale: à mesure que le club avance vers lui, et sans jamais se soustraire à son regard, l'objectif du club Parisien ne cesse de reculer. En attendant les répliques politiques et sportives inhérentes a ce genre de séisme, nous ne prendrons pas beaucoup de risques en annonçant que la fin de saison du PSG sera vraisemblablement longue et morne. Le championnat est déjà joué et une coupe nationale remportée ne pourra pas soulager le club de tels maux. Lorsqu'il sortira de sa torpeur, et avant de plonger dans un long sommeil sans rêve, le club Parisien devra malgré lui s'immerger dans ce doute existentiel profond: comment se satisfaire de ce que l'on a quand on ne peut avoir ce que l'on désire ?

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