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Ce que la mode et ses adeptes vont devoir accepter de changer pour aider au sauvetage de la planète
©Reuters

Vêtements sales

L'industrie textile est une des industries les plus polluantes du monde.

Nayla Ajaltouni

Nayla Ajaltouni

Nayla Ajaltouni est coordinatrice du Collectif Éthique sur l'étiquette.

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Atlantico : L'industrie textile est l'une des plus prospère au monde, avec 100 milliards de vêtements produits en 2015 pour 7 milliards d'habitants, mais de quelle manière la production mondiale de vêtements pollue-t-elle la planète ?

Nayla Ajaltouni : La production de vêtements est très polluante à divers égards, la partie confection a des impacts sociaux, mais c'est surtout l'utilisation des matières premières comme le coton, qui est une plante très gourmande en eau et en pesticides. On utilise de plus en plus de matières plastiques qui se retrouvent lors des lavages dans les rivières et océans, même situation pour les teintures. Ces dernières sont réalisées dans des conditions déplorables au Bangladesh mais aussi en Italie, en Inde les tas de produits chimiques utilisés polluent les sols et les eaux, car il n'y a pas d'usines de traitement. Par effet ricochet, la santé des populations locales est gravement mise en danger.   

Quels sont les pays les plus touchés et les conséquences sur leurs environnements ?

Plus généralement les pays producteurs de cotons, comme la Chine ou l'Inde, où il y a cette pollution considérable avec les pesticides, mais aussi l’assèchement des sols pour nourrir le coton en eau. Encore une fois les pays utilisant des vêtements faits à partir de matière plastique, les pays en voie de développement mais aussi l'Occident, où les résidus de plastique se jettent dans les eaux lors des lavages. Cette pollution est de niveau mondial ! Mais au Bangladesh on assiste au phénomène des "rivières violettes", qui prennent cette couleur à proximité des usines de teintures. Ces eaux polluées vont empoisonner les sols et les cultures avant de se déverser dans les fleuves. Partout où l'on porte des vêtements fait à partir de fibres synthétiques, on va avoir une pollution. Cependant la France a des standards environnementaux, nous avons des filtres et des réglementations performantes, qui font que nous n'avons pas ces pollutions massives. Le problème est le segment de production et les endroits où ils sont réalisés, les pollutions les plus importantes sont dans les pays en voie de développement où elles impactent fortement la santé des travailleurs. Mais le textile pollue de manière globale l'ensemble des ressources naturelles.  

Quelles seraient les solutions à courts, moyens, et longs termes, pour "écologiser" l'industrie textile ?

La réponse à apporter est urgente, difficile d'envisager le long terme dans la situation actuelle. Mais il faut absolument repenser le modèle de production dans l'industrie du textile, surtout dans la moyenne gamme et la production "fast fashion", ce principe de collection permanente accélérée de moindre coût, et donc de basse qualité. C'est l'émergence des magasins comme H&M et Zara qui ont introduit un nouveau mode de consommation, pour augmenter les profits et diminuer au maximum les coûts de fabrication. Ce sont ces marques là qui ferment les yeux sur les pays où elles produisent, qui ferment les yeux sur la mauvaise qualité des matériaux utilisés. Une teinture premier prix par exemple, va moins tenir sur le vêtement, et donc se déverser plus facilement dans les eaux lors du lavage. Il faut cesser de chercher le moins cher lors de la fabrication, il faut intégrer un socle minimum de droits fondamentaux pour les travailleurs et de respect de l'environnement. Sur le court terme il faut réussir à créer un rapport de force avec les marques, en utilisant la pression des consommateurs par exemple. Il faudrait également renforcer les législations pour mieux surveiller les grandes multinationales du textile, pour stopper l'exploitation de la main d'œuvre et la pollution de l'environnement et qu'il y est des réponses juridiques le cas échéant. Les pays "riches" doivent prendre leurs responsabilités, car n'oublions pas que ces entreprises en sont issues ; pour que ces marques ne puissent plus polluer à l'international. Reconnaissons que la France est un pays pionnier sur ce sujet, en 2017 la loi sur le "Devoir de vigilance des multinationales" rend responsable les entreprises françaises sur leurs impacts sociaux et environnementaux. L'idéal serait que cette loi s'étende à l'international, c'est le travail de notre association.

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