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Pourquoi la dépense publique reste un sujet tabou dans le grand débat organisé en France
©LOIC VENANCE / AFP

Privé de débat

Le grand débat organisé dans de nombreuses villes connait un succès manifeste, même si ses finalités demeurent incertaines, en raison du nombre impressionnant de revendications, souvent contradictoires et qui peinent à dessiner un contour précis.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Il existe pourtant une sorte de fil d’ariane, la fiscalité, qui a mis le feu aux poudres, parce que nos compatriotes ne supportaient plus l’idée d’un impôt supplémentaire prélevé sur le prix du pétrole à la pompe, après une longue période de hausse ininterrompue.  La France est tellement droguée depuis des générations à l’idée que la fiscalité fonctionne uniquement à sens unique, qu’elle ne peut imaginer un autre système. Car elle entretient un culte si fort sur les valeurs issues du passé qu’elle n’envisage pas d’autre modèle. L’économiste Alfred Sauvy écrivait déjà dans les années soixante qu’elle entretenait « le mythe du passé béni ». Il était toujours question de répéter les schémas appris, à l’image de ce qui s’était passé au lendemain de la guerre de 1914, où l’on avait fixé la règle de reconstruire à l’identique les régions dévastées par les conflits, plutôt que de corriger certaines erreurs et de profiter des progrès de la science pour s’adapter au monde nouveau.

Certes, il n’et pas question de bannir le changement. Ce dernier est même régulièrement à l’ordre du jour et l’on éprouve même une sorte de jouissance à évoquer l’idée d’une table rase du passé pour édifier un monde nouveau basé sur la jeunesse qui serait meilleure. Ces idées ont émergé à propos de l’élection d’Emmanuel Macron, mais elles ont été de brève durée. Très vite, on est retombé dans les travers qui étaient la règle dans les générations précédentes. On qualifie la jeunesse d’inexpérimentée et l’on se tourne vers les hommes d’expérience que l’on avait récusé précédemment. Et l’on retrouve le vivier politique traditionnel que l’on avait boudé pendant plus d’un an, comme s’il détenait la véritable légitimité.  Conséquence : les mauvaises habitudes reviennent au galop. Pour se faire connaitre, les nouveaux parlementaires lancent des idées notamment dans le domaine fiscal, visant à reprendre les arguments déployés par François Hollande, en durcissant la pyramide des impôts, qui est déjà l’une des plus excessives du monde en raison de la progressivité. Ainsi dix pour cent des Français payent 70% de l’impôt sur le revenu et certains n’hésitent pas à proposer une tranche supplémentaire destinée à aggraver encore le poids de l’impôt qui pèse sur les catégories les plus élevées. Mais le plus grave vient sans doute du fait qu’il ne se passe pas un jour sans que des propositions nouvelles soient jetées sur la place publique pour déboucher sur l’idée de taxes nouvelles : on vient de le voir avec l’idée de taxer les plus-values immobilières sur la résidence principale, sur l’aménagement des niches fiscales, ou encore sur la résurrection de la taxe carbone présentement suspendue, défendue par 80 députés. Il manque pourtant l’élément clé dans le dispositif présent : l’idée d’une réduction de la dépense publique pour en réduire le poids devenu insoutenable. Mais c’est une démarche quasiment inexistante, comme si la certitude était à ce point ancrée dans la conscience collective que la fiscalité ne pouvait évoluer dans le monde d’aujourd’hui que dans un seul sens, celui de la hausse.

Emmanuel Macron s’est élevé contre ce comportement, en réitérant son intention de ne pas prévoir de nouvelles taxations. Mais ses dénégations paraissent bien molles. Car tout se passe comme si la parole présidentielle n’était pas crédible sur ce point, tant la dérive des comptes publics s’est accélérée depuis plusieurs mois. Pour les étrangers, l’attitude du chef de l’Etat demeure un mystère, car tous ses grands partenaires se sont essayés avant lui à réduire le train de vie de l’Etat avec des résultats. Tandis que la France reste l’arme au pied, traduisant une faiblesse incommensurable, une immense incapacité d’agir qui compromet toute velléité de réforme.

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