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Pourquoi l’ISF continue d’empoisonner le climat économique et politique en France
©Sebastien SALOM-GOMIS / AFP

Edito

Chassez l’ISF, il revient au galop. On pourrait paraphraser le vieil adage pour évoquer la mésaventure du célèbre impôt sur le patrimoine qui empoisonne toujours la vie économique du pays.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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On le pourrait car l’obstination avec laquelle Emmanuel Macron a voulu en faire une sorte de relique à laquelle il était interdit de toucher désormais a contribué à le placer en première ligne des revendications des cahiers de doléances qui illustrent le fameux débat organisé pour connaître les souhaits de réformes des Français. Et les derniers propos du chef de l’Etat ont accrédité l’idée qu’il n’était ni un tabou, ni un totem et qu’il pourrait ainsi figurer dans les fameux débats publics.

En réalité, l’ISF n’est pas mort. Il existe toujours sous une forme nouvelle, l’IFI, qui s’attaque aux revenus fonciers du patrimoine avec des taux qui sont la réplique de ceux du modèle original. Au demeurant, il arrive que certains contribuables dont la fortune est essentiellement immobilière acquittent un impôt supérieur à l’ancien ISF parce que leurs biens sont situés dans des zones où les prix du foncier se sont envolés ces dernières années.  Mais la maladresse avec laquelle le gouvernement a engagé la réforme de l’impôt et l’acharnement des réseaux sociaux et leurs outrances verbales ont fini par accréditer l’idée que la disparition officielle de l’ISF avait permis d’offrir aux plus riches un cadeau fiscal sans précédent. Il eût mieux valu conserver le nom symbolique d’ISF, en annonçant qu’on modifiait son champ d’application qui ne concernerait plus les revenus du capital financier. Ou même conserver l’impôt, mais en abaissant les taux d’imposition devenus dissuasifs avec la chute considérable des rendements des obligations.

Aujourd’hui, le pouvoir se trouve dans une impasse face à une revendication croissante de l’opinion qui le conduit à ne plus pouvoir différer un débat public sur ce sujet. C’et sans doute pourquoi Emmanuel Macron, qui n’est pas au demeurant, à une provocation près, a décidé de mettre les pieds dans le plat et de le replacer dans le contexte d’une réforme générale de la fiscalité d’autant que son rendement est symbolique puisqu’il représente seulement un pour cent des impôts payés par les Français, mais son poids politique est devenu tel qu’il commence à susciter des interrogations au sein même de son camp. Le moment est venu de livrer un vrai combat en dénonçant les ravages que l’ISF a déjà provoqué depuis sa création, avec une saignée permanente sur l’économie, et on se demande pourquoi le gouvernements successifs ont toujours refusé de donner les chiffres de l'hémorragie subie alors que la France est déjà le champion de la taxation des patrimoines dans le monde. Mais, si l’on met tout sur la place publique, à l’occasion  du grand débat, les adversaires du rétablissement de l’ISF livreront peut-être enfin la bataille qui s’impose pour éclairer l’opinion et éviter le retour d’un impôt qui est une aberration économique. Car, on devine les dégâts qu’un retour en arrière provoquerait dans les rangs de la majorité. Ce serait une des dernières digues de l’action engagée depuis dix huit mois qui lâcherait, après les concessions précédentes aux gilets jaunes, avec le risque d’entraîner une nouvelle vague de départs des contribuables fortunés et un désaveu pour les tentatives d’attraction de la France sur les investisseurs étrangers, au moment où le chef de l’Etat les réunit à Versailles pour les convaincre de sa volonté de poursuivre les réformes dans un climat improbable.

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