Attentat de Strasbourg : la vérité émerge sur la cas de Cherif Chekatt<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Terrorisme
Attentat de Strasbourg : la vérité émerge sur la cas de Cherif Chekatt
©Capture / AFP TV

Amateurisme

De graves dysfonctionnements sont peu à peu révélés, mettant en cause la compétence de l'exécutif, et ce jusqu'aux plus hauts échelons.

Xavier Raufer

Xavier Raufer

Xavier Raufer est un criminologue français, directeur des études au Département de recherches sur les menaces criminelles contemporaines à l'Université Paris II, et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet. Dernier en date:  La criminalité organisée dans le chaos mondial : mafias, triades, cartels, clans. Il est directeur d'études, pôle sécurité-défense-criminologie du Conservatoire National des Arts et Métiers. 

Voir la bio »

A Strasbourg, le 11 décembre passé, Cherif Chekatt sème la mort au très symbolique - Europe, christianisme - marché de Noël. La nuit même, le ministre de l'Intérieur et son secrétaire d'Etat sont face aux médias et à des Français traumatisés - un attentat de plus ! Une cible encore trop prévisible, cinq morts, 11 blessés. Or l'amateurisme des ministres trahit une sévère ignorance de ce qu'est le réel terroriste de 2015-2020.

M. Castaner, d'abord. Pas besoin d'expertise morpho-psychologique (l'art de chercher la personnalité sur les traits du visage) pour saisir que la brutale franchise n'est pas son fort. Mais cette négligente com' visant à évacuer la patate chaude... "Rien n'indique, dit M. Castaner, que Chekatt ait été intégré dans un réseau". L'hurluberlu Chekatt a piqué une crise sous le coup d'une arrestation, basta.

Pire encore pour Laurent Nunez - pourtant quinze mois durant patron de la DGSI, notre outil national antiterroriste ". "Prudence" ! dit M. Nunez - les motifs de Chekatt sont peu clairs...Ce radicalisé n'a jamais été connu pour des délits liés au terrorisme". Autre essai de défausser Castaner-Nunez : d'un seul coup, un enragé sème la mort... Message subliminal : comment deviner ? C'est imparable, rien n'y aurait fait, etc.

Cinq semaines plus tard, voici les faits :

- Chekatt n'était en rien dans le coup de tête, mais préparait bien un attentat - mûrement réfléchi de longs mois.
- Dès 2015, il confiait à un codétenu vouloir partir en Syrie ou mourir en martyr. Idem à l'été 2018 où il disait à sa famille songer au martyre.
- A l'automne 2018, Chekatt cherchait des armes, dans des milieux de trafiquants - notoirement truffés d'indicateurs et, d'usage, surveillés par la police dont c'est l'une des missions traditionnelles.
- En novembre 2018 - un mois avant l'attentat - il avait enregistré sa vidéo d'allégeance à l'Etat islamique.

Or Chekatt, fiché S11 (niveau bas) était "surveillé" par l'antiterrorisme - à qui ces cumulatifs signes précurseurs d'un attentat ont échappé.

Reste le plus grave, sujet sur lequel, avec le préfet de Strasbourg, les deux ministres font silence et balaient la poussière sous le tapis. Ce, en complicité active de "journalistes" - de fait supplétifs du service de presse de l'Intérieur, d'où ils tirent des "informations", publiées ensuite au coup de sifflet.

Revenons sur l'attentat.

- Le 11 décembre, Chekatt échappe aux contrôles d'accès à la zone "sécurisée" du marché de Noël. Son sac contient un imposant revolver d'ordonnance 1892 (± 1kg., canon, 24 cm.), des munitions et un poignard,
- Absent le matin même de chez lui, Chekatt, est signalé par les gendarmes comme fugitif-dangereux, avec signalement et photo. Fiche d'alerte postée ensuite sur les terminaux et tablettes des forces de l'ordre.
- Vers 18h50, une de nos sources passe le pont du Corbeau (couvert par une puissante caméra de surveillance) vers la rue du Vieux marché aux poissons. Des policiers surveillent l'accès, près d'une camionnette où un terminal peut vérifier en direct les identités suspectes.
- A 19h47 selon nos sources, Chekatt passe à cet endroit même : de là, au centre-ville et au Marché de Noël, où il déclenche la tuerie.
- Comment Chekatt accède-t-il avec ses armes au centre-ville ? Le contrôle à l'orée de la rue du Vieux marché aux poissons était-il en place à 19h47 ? Sinon, pourquoi - quand le marché de Noël ouvre jusqu'à 20h., une surveillance s'imposant donc jusqu'à 20h 30, que le marché soit enfin fermé et vide.

Affaire grave : 5 morts, 11 blessés sont évités si le contrôle persiste et que Chekatt y est bloqué. MM. les ministres et M. le préfet daigneraient-ils répondre à cette importante question ?

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !