Comment l'étude des dictatures antiques permet de comprendre celles qui s'annoncent aujourd'hui<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Culture
Comment l'étude des dictatures antiques permet de comprendre celles qui s'annoncent aujourd'hui
©Solimoov

Bonnes Feuilles

Dans "Demain la dictature" publié aux éditions "Presses de la Délivrance", Philippe Bornet propose un portrait de la dictature objectif, historiquement fondé et parfaitement d'actualité. Extrait 2/2.

Philippe Bornet

Philippe Bornet

Philippe Bornet, ancien journaliste, écrivain et essayiste est historien du futur.

Voir la bio »

À Rome, l’égalité n’exista jamais qu’en principe, dans la double acception du mot latin principio, qui signifie début et principe. Sicut erat in principio. « Si l’on considérait le pouvoir du peuple, écrit Polybe, la constitution romaine semblait sans doute démocratique. » Mais comme dans la fable rapportée par Aristote, où les lièvres plébéiens soutenaient l’égalité de tous, les lions patriciens répliquaient: où sont vos griffes, où sont vos dents? Trois tribus italiques, les Titiens, les Ramniens et les Lucères (probablement romains et albains), fusionnèrent et occupèrent des collines parsemées de cabanes, dont le sol ingrat entouré de marécages argileux, avait dissuadé les hommes et cependant parfaitement situées, sur la rive gauche du Tibre, à une journée de marche de la mer et de ses ressources en sel. Ce choix était un rêve de puissance: possibilité de fortifier les hauteurs grâce à quelques sources, proximité d’un grand axe de communication fluviale muni d’un gué, en aval de l’actuelle île Tibérine, et d’un havre côtier. La Roma quadrata fut dessinée sur le Palatin par Romulus: urbs, labourer en cercle. Ce mur n’est pas un mythe: « Il y a bien, finalement, indubitablement, étonnamment un mur! » s’exclame l’historien Grandazzi, mur découvert par les archéologues en 1988. Et, dès le VIe siècle, une première enceinte fortifiée, dû au roi Servus Tullius, la réunit avec le sommet du Quirinal, ainsi qu’avec l’Aventin et la citadelle du Capitole. Il fallait onze mille hommes en arme pour défendre cette enceinte et donc le chiffre de 80000 habitants des historiens de l’empire paraît plausible. Un pont chevillé – au tablier de bois pour ménager la susceptibilité du dieu-fleuve cavalièrement enjambé, et aussi rapidement destructible, face au Janicule – permettait de contrôler la rive droite. 


1. « Car auparavant qu’il y eût ni cité ni citoyens, ni forme aucune de république entre les hommes, chacun chef de famille était souverain en sa maison, ayant puissance de la vie et de la mort sur la femme, et sur les enfants », explique Bodin. La base de la société romaine était la famille (gens) commandée par le père, avec son épouse, ses fils même mariés, petits-fils même mariés et leurs épouses, enfants et biens. La potestas paternelle (pouvoir) était absolue mais définie par la loi: le père était propriétaire de sa famille, pouvait exposer ses nouveau-nés et prononcer la peine capitale. Chacun fait la loi pour ses enfants et ses femmes, disait Homère. La fille, par son mariage, changeait seulement de famille. La vénération des ancêtres, dieux lares et pénates, sur le lieu de leur sépulture, par un culte qui leur était rendu quotidiennement, assurait leur survie dans l’au-delà ; pour cette raison, la mort d’une lignée était considérée comme le pire des malheurs, ainsi que l’exil pour les mêmes raisons. D’où la possibilité juridique précoce, dans le droit romain, de l’adoption en l’absence de descendance. La femme, pourvu qu’elle fût dûment épousée et mère d’enfants mâles assurant la descendance, parvenue au rang de matrone, était dotée d’une forte auctoritas (autorité). Maîtresse absolue à l’intérieur, elle pouvait posséder et hériter. Mais, dit Aristote, une famille achevée se compose aussi d’esclaves et de gens libres. « Le nom même de famille vient de famulus et famulitio parce qu’il y avait un grand nombre d’esclaves » dans la famille, confirme Bodin.

Lien direct vers la boutique Amazon : ICI

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !