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Technos ou bad boys : qui Emmanuel Macron a-t-il le plus intérêt à écouter pour sauver son quinquennat ?
©LUDOVIC MARIN / AFP

Le roi est nu

Indépendamment des dérives auxquelles ils se sont livrés dans leur actions, Alexandre Benalla et Joachim Son-Forget ont montré qu’ils avaient conservé un instinct politique les rangeant parmi les rares interlocuteurs capables de rappeler certaines vérités à Emmanuel Macron.

Jean-Marc Boyer

Jean-Marc Boyer

Jean-Marc Boyer est diplômé de Polytechnique et de l’Ecole Nationale de la Statistique et de l’Administration Economique (ENSAE). Il a commencé sa carrière en tant que commissaire contrôleur des assurances puis a occupé différentes fonctions à l’Inspection Générale des Finances (IGF), à la Commission de Contrôle des Assurances et à la direction du Trésor. Il est cofondateur de GLM et de la Gazette de l’Assurance.

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Atlantico : Dans un entretien accordé à Médiapart, Alexandre Benalla, ex-collaborateur d'Emmanuel Macron mis en cause dans une affaire de possession illégale de passeports diplomatiques a déclaré qu'Emmanuel Macron était "sous curatelle" et que c'est l'Elysée qui lui avait laissé les fameux passeports. Si l'Elysée l'a contredit, preuve à l'appui, sur les passeports, on peut se demander si d'une certaine façon, Alexandre Benalla n'avait pas de grande chance de décrire la vérité quand il parle de "curatelle". Faut-il envisager que les présidents français soient sous la coupe de leur entourage techno ?

Jean-Marc Boyer : Dans cette polémique, le terme curatelle est à un sens défiguré puisque le Président de la République n’a pas fait l’objet d’une telle mesure judiciaire de protection, dont il n’aurait d’ailleurs pas besoin. Cela apparaît plutôt une allusion à un personnel politique qui n’est pas en pleine possession de ses moyens, et qui serait soumis à l’assistance, au conseil et au contrôle de la haute administration.

Remettre la pyramide hiérarchique dans le bon sens (à savoir le politique fixant la stratégie et l’administration mettant en œuvre) supposerait que les corps d’état ne soient plus d’intouchables générateurs de normes fiscalo-administrées.
E. Macron a formulé 3 vœux, improbables dans ce cadre technocratique : la vérité (ce qui supposerait de sortir de l’opacité administrative), la dignité (plutôt que l’assistanat) et l’espoir (ce qui irait de soi si les résultats allaient dans le bon sens).


A quel point peut-on estimer que nos présidents sont des victimes de cet entourage ? Ou sont-ils des victimes consentantes ?

N. Sarkozy avait laissé entendre que sa marge de manœuvre était limitée par la technostructure. En revanche, F. Hollande et E. Macron, les deux étant liés notamment par J.P. Jouyet, sont issus du même moule. Ils ne se sont naturellement pas plaints de l’énarchie.

Les présidents de la 5ème république cumulent les fonctions de représentation régalienne et de décisions opérationnelles. Ce cumul est renforcé par le quinquennat, qui a transformé le Premier ministre en exécutant. Les présidents sont consciemment dépendants de l’administration, mais aussi inconsciemment, dans une sorte de syndrome de Stockholm.
Ils rappellent Puyi, le dernier empereur de Chine, désigné par la nomenklatura, faisant de la figuration en sa cité interdite, déconnecté des réalités et sporadiquement appelé à la démission.

Le résultat de la toute puissance de la fonction publique est que les tracasseries administratives, la dette et les dépenses publiques, les déficits et les prélèvements obligatoires, par conséquent l’insuffisante compétitivité, et donc le chômage de masse se poursuivent malgré les promesses électorales.


Si on s'en réfère au cas actuel, avec Emmanuel Macron, il semble qu'on aurait affaire à un Président qui s'appuieraient sur des personnalités peu sûres mais atypiques - type Alexandre Benalla, mais on peut aussi penser au défrisant Joachim Son-Forget - mais confierait sa politique (selon les dires de Benalla) aux personnalités plus "raisonnables" de son entourage techno. N'aurait-il presque pas intérêt à faire l'inverse - s'appuyer sur ses technos et retrouver un esprit plus "bad boy" dans son approche de la politique ?

Dans un processus centralisé et technocratique top-down, les politiques de terrain et LREM ne peuvent pas faire remonter les doléances de manière audible. Les gilets jaunes s’en chargent alors dans l’anarchie.

Initialement, l’entourage du Président avait été présenté comme constitué de techniciens intègres. Plusieurs ministres ont depuis lors quitté le gouvernement sur fond d’affaires, d’autres sont en sursis. Certains « techniciens » sont soupçonnés de conflit d’intérêt.

Transformer le pays –ce qui est le programme présidentiel- suppose de transgresser le conformisme en place. Comment diminuer la dépense publique quand on renvoie l’ascenseur à son ancienne entreprise ou à ses financeurs (Areva, SNCF, laboratoires pharmaceutiques, CDC, …) ? Il faudrait en effet des responsables qui pensent « outside the box ».

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