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Grand coup de mou sur l’Hexagone : les Français sont nettement plus pessimistes que les autres pays occidentaux pour 2019
©LUCAS BARIOULET / AFP

Pessimisme post gilets jaunes

Avec seulement une enquête du réseau GIA faite par le groupe BVA montre que 19% des Français considérant que l’année 2019 sera meilleure que 2018, la France se classe à la 46ème place des 50 pays interrogés (moyenne mondiale : 38%). A l’inverse, 38% de nos concitoyens pensent que l’année 2019 sera moins bonne que 2018, quand 32% estiment qu’elle sera identique.

Atlantico : Vous publiez comme chaque année l'indice d'optimisme pour l'année à venir, et l'optimisme des Français est en berne, avec seulement 19% d'optimistes qui pensent que l'année 2019 sera meilleure que l'année 2018. Peut-on parler d'année catastrophe pour l'année 2018 ?

Edouard Lecerf : Il faut relativiser. D'abord parce que la France, en général, sur ce type d'indicateurs-là – les enquêtes internationales qui mesurent l'optimisme, le bonheur, la manière de se projeter dans l'avenir – est toujours, et il y a là un biais voire une spécificité culturelle française voire européenne, plus du côté du verre à moitié vide qu'à moitié plein. Le deuxième élément qu'il faut aussi avoir en tête, c'est que l'année dernière, l'enquête avait été effectuée peu de temps après l'élection d'Emmanuel Macron. On était encore dans la phase où on avait le sentiment que les choses pouvaient repartir en France, que l'image de la France à l'étranger semblait largement s'améliorer et donc potentiellement donner des perspectives plus positives – loin du moment que nous connaissons aujourd'hui. Troisièmement, et c'est le prolongement du second élément, lorsque nous avons fait l'enquête cette année, nous traversions au contraire de l'année précédente un moment de crise. Si on prend la popularité d'Emmanuel Macron (qui ne dit pas tout dans la projection pour l'année à venir, mais qui est un élément important pour comprendre) a perdu beaucoup de points, et l'enquête a été réalisée au plus fort du mouvement des gilets jaunes. Dans ces conditions-là, il était compliqué de pouvoir se dire que tout va très bien se passer. 

D'une certaine façon, votre indice en dit finalement autant sur l'optimisme – et la projection dans l'avenir – que sur la façon dont les Français perçoivent l'année passée…

En effet. Il y a deux façons de voir les choses néanmoins, et on le voit très bien si on compare différent pays, et qu'on constate certaines spécificités nationales et culturelles. Dans certains pays, on peut dire "cela ne va pas très bien donc cela ne peut aller que mieux" tandis que dans d'autres, on peut entendre : "ça ne va pas bien, donc ça ne peut aller que pire". Cela dépend des personnalités certes, mais il y a aussi des biais culturels. C'est même parfois très surprenant : quand on regarde les pays dans lesquels on a les meilleurs résultats cette année et dans les années précédentes, on trouve des pays où l'optimisme ne va pas de soi. Ainsi de l'Inde, du Ghana, de l'Arménie… des pays dans lesquels, dans l'absolu, il peut paraitre difficile de vivre. Mais leur raisonnement est de considérer que si aujourd'hui ce n'est pas terrible, demain ça ira mieux. Cela vient d'éléments culturels sur la manière qu'on a de se projeter dans l'avenir.

La France, avec un niveau moyen de vie, de PIB par rapport au reste du monde n'est pas une situation tellement catastrophique globalement. Quand on se compare, les choses vont plutôt bien, mais quand on se regarde, c'est autre chose, ils se désolent. Les Français sont comme ça. Quand on leur demande de se projeter vers l'avenir, ce sont plutôt les éléments négatifs qui prennent sont mis en avant. 

À l'opposée, votre enquête montre que 51% des Américains (+6 points) considèrent que l'année 2019 sera meilleur que l'année 2018, s'agit-il aussi d'un biais culturel ?

Oui, mais il y a aussi un effet qu'on mesure et qui est l'effet Trump. Il ne faut pas se le cacher : même si la population est très divisée, il y a des indicateurs économiques positifs, quand bien la réalité serait plus compliquée. Le taux de chômage est à la baisse, la place des Etats-Unis – qu'on l'aime où qu'on ne l'aime pas – semble s'être renforcée… autant d'éléments qui peuvent expliquer ce chiffre.

Évidemment, il y a aussi un biais culturel, mais ces indicateurs peuvent aussi donner des indices permettant de se rassurer face à l'avenir proche. En gardant en tête que la population est très clivée, si vous êtes un Républicain pro-Trump, vous considérez que les indicateurs s'améliorant, l'avenir ne peut être que meilleur. Si vous êtes Démocrate, vous vous dites que cela ne peut pas être pire. 

Qu'en est-il de notre optimisme si on regarde l'évolution de votre indice dans le temps ? Ce 19% est-il historiquement bas ou existe-t-il des précédents qui permettraient là encore de relativiser ?

Je n'ai pas tous les chiffres et donc ne peut vous répondre précisément sur ce point. Ce qu'il faut garder comme image, c'est que la France est généralement mal classée. Une nouvelle vague de l'Eurobaromètre vient de paraitre réalisée par la Commission européenne dans les 28 pays de l'Union européenne qui montre que la France sur un certain nombre d'indicateurs est généralement et depuis longtemps dans une position plutôt basse. Ces derniers mois ont c'est vrai accentué le trait. On pourrait dire cela des Italiens aussi, qui sont encore plus bas que nous. Le côté latin joue certainement dans les perceptions. 

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