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"Le Gendre de ma vie" de François Desagnat : pas le film de ma vie
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Le film de François Desagnat était le film grand public le plus attendu de la semaine. Mais il n'est pas tout à fait à la hauteur des espérances. Bon, mais pas génial.

Dominique Poncet pour Culture-Tops

Dominique Poncet pour Culture-Tops

Dominique Poncet est chroniqueuse pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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CINEMA

« Le Gendre de ma vie »

de François Desagnat 

Avec Kad Merad, Julie Gayet, Pauline Etienne…

RECOMMANDATION

          BON

THEME

Stéphane (Kad Mérad) et Suzanne (Julie Gayet) sont parents de trois adorables filles. Tout pourrait tourner rond si Stéphane, qui a toujours rêvé d’avoir un garçon, ne mettait pas lourdement et systématiquement le grappin sur les petits amis de ses filles pour s’en faire comme « des fils adoptifs ». Cette attitude rend évidemment la vie de tous infernale. La situation va encore se compliquer  et se tendre quand Alexia, la fille cadette de Stéphane (Pauline Etienne) décide de quitter son rugbyman de fiancé, nouvelle idole de son père, pour un jeune médecin, que, cette fois, il ne supporte pas…

POINTS FORTS

L’originalité du scénario : souvent au ciné, ce sont les mères qui sont abusives. Cette fois-ci, c’est le père. Ce qui inverse les schémas familiaux classiques. Ici, c’est la mère qui a les « clefs » du bon fonctionnement de la maison et  le père qui est intrusif  et maladroit, jusqu’à en paraître écervelé et  excessif.

Dans le rôle de ce père exaspérant, Kad Mérad est parfait. Tour à tour excessif, naïf, bon enfant, colérique, loufoque, pathétique et très tendre, il est à la hauteur de la complexité, si marrante et si attachante, de son personnage.

A ses côtés, Julie Gayet compose une mère toute en charme et en subtilité souriante.

Les comédiennes distribuées pour les rôles des filles sont parfaites elles aussi. Mention spéciale pour Pauline Etienne, venue du cinéma d’auteur et  qu’on avait donc peu vue jusqu’à présent dans des comédies. Elle montre qu’elle a le bon tempo pour faire rire.

POINTS FAIBLES

Sujet, distribution… Cette comédie aurait pu être une des plus délicieuse de l’année. Seulement voilà, certaines de ses scènes ont été écrites à la va-vite et certains de ses gags ont été mal pensés. Cela  lui donne de la lourdeur.

EN DEUX MOTS

En cette période d’approche des fêtes, on comprend que les distributeurs aient tendance à privilégier les films pour enfants ou les comédies familiales. Le gendre de ma vie, qui relève de la seconde catégorie et a pour tête d’affiche l’un des comédiens les plus populaires de l‘Hexagone sort donc à pic. Quel dommage que ce film tous publics pêche par trop de superficialité !

On rit, mais pas autant que le sujet et le casting (bien choisi) le méritaient. On sort de ce film, partagé. D’un côté, on sait gré à François Desagnat de nous avoir divertis avec un sujet original, de l’autre, on a envie de lui dire qu’un scénario, même rigolo, n’a jamais intérêt à être bâclé. Pour la bonne raison qu’aucun interprète, même formidable, n’arrivera jamais  à masquer  les faiblesses d’un script.

UN EXTRAIT

« J’aime la dimension humaine et bienveillante qui se dégage des scénarios de François Desagnat . Il est toujours dans l’empathie, ne cherche jamais à disqualifier un personnage. Le rire qu’il provoque n’est pas distant. S’il est très réservé dans la vie, il se lâche dans l’écriture et la réalisation, mais toujours avec élégance » ( Kad Mérad, comédien).

LE REALISATEUR

Né le 9 mars 1973, François Desagnat, fils du réalisateur  Jean-Pierre Desagnat, débute en tant que stagiaire sur la série télévisée Les Filles du Lido. Il apprend ensuite son métier sur le tas, au fil de ses rencontres professionnelles, notamment celle de Bernie Bonvoisin qu’il assiste en 1997 pour Les Démons de Jésus. C’est par le clip qu’il aborde la mise en scène, en travaillant avec  des artistes comme Manau, Jane Birkin ou encore Faudel. Parallèlement, il se lance dans l’écriture avec son ami Thomas Sorriaux. En 2003, ce jeune tandem se voit confier la réalisation de La Beuze, porté par Michaël Youn. Le succès de ce film lui vaut de revenir en 2004 avec une nouvelle comédie déjantée intitulée Les OnzeCommandements.

En 2008, on retrouve le tandem à la tête du projet Quinze ans et demi, qui lui permet de diriger Daniel Auteuil. En  2014,  François Desagnat reprend son autonomie. Il sort, seul,  Le Jeu de la Vérité, puis, en 2016,Adopte un veuf, avec en tête d’affiche André Dussolier.

Le Gendre de ma vie est le sixième long métrage de ce réalisateur  qui s’est spécialisé dans le genre « comédie familiale ».

ET AUSSI

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« The Bookshop » d’Isabel Coixet- Avec Emily Mortimer, Bill Nighy, Patricia Clarkson…

En 1959, Florence Green, une jeune veuve de guerre follement éprise de littérature, décide d’ouvrir une librairie dans la plus ancienne maison  d’un village côtier du Nord de l’Angleterre. Après s’être confrontée à l’indifférence des habitants de la bourgade, elle va se heurter à la défiance de ses notables. Choqués qu’elle se mette à vendre  Lolita, le sulfureux roman de Nabokov, ils n’auront de cesse de lui faire fermer boutique…

Adapté  d’un roman éponyme de Penelope Fitzgerald paru en 1994,  réalisé par la réalisatrice catalane Isabel Coixet ( The Secret Life of Words), The Bookshop, est, à sa façon, un petit bijou cinématographique, dans la beauté et le raffinement  de ses images, la simplicité de sa narration et l’humanité de ses comédiens. Certains lui reprocheront son manque d’aspérité, mais c’est justement tout le charme de ce de film doux amer sur les vertus de la littérature !   Il arrive sur les écrans français, auréolé de trois Goyas (l’équivalent des César en Espagne) dont celui du meilleur film et de la meilleure réalisation. C’est tout dire.

Recommandation : excellent

« Wildlife, une saison ardente » de Paul Dano- Avec Carey Mulligan, Jake Gyllenhaal…

Dans le Montana des années 60, Joe, 14 ans, voit  le couple de ses parents se  déchirer et se déliter; En arrière fond, petit à petit, va se dessiner le portrait d’une Amérique en pleine mutation, au moment où, confrontée à la perte de ses valeurs, elle tente de rallumer les  feux de ses rêves…

 Grâce à ses films (There will be Blood, Prisoners,  Twelve Years a slave), on savait que Paul Dano était  un interprète  sensible et intense. Et voilà qu’il se révèle réalisateur ! Et pas n’importe lequel !  Adapté d’un beau  roman de Richard Ford,  son Wildlife est un petit chef-d’œuvre de ciné.  Rigueur de la mise en scène,  subtilité  scénaristique, exigence stylistique, beauté formelle, le nouveau cinéaste a tout bon.

Deux super pointures se sont mis à sa disposition pour le servir  au mieux de ses ambitions: Carey Mulligan  (exceptionnelle en femme qui va conquérir son indépendance) et Jake Gyllenhaal, formidable lui aussi. La prestation de ce duo est impeccable  d’engagement, de pudeur et  de retenue.

Présenté  à Cannes en mai dernier, en ouverture de la Semaine de la Critique, Wildlife  avait emballé critiques et spectateurs. En toute logique, il devrait continuer sur cette belle lancée.

Recommandation : excellent

« The happy prince » de Ruppert Everett, avec Rupert Everett, Colin Firth,Colin Morgan…

Il avait été l’un des écrivains chéris de la société londonienne, mais l’affichage tapageur de son homosexualité avait quand même fini par l’envoyer en prison. Dans le Londres de la fin du XIX siècle, on ne plaisantait guère avec la liberté des mœurs. Quand, en 1897, ruiné et malade, Wilde  retrouve sa liberté, il s’exile à Paris. C’est là, qu’on le retrouve au début de ce film  en forme de biopic. L’homme de lettres est aussi désargenté qu’épuisé, mais il va tenter de vivre.   Corps usé, mais humour intact et esprit toujours aussi vif, il va vagabonder, au gré de ses voyages (de Dieppe à Naples),et surtout, au fil des souvenirs de ses amours passés, tant avec ses amants qu’avec sa femme Constance.

Pour sa première réalisation, l’acteur Ruppert Everett s’offre le rôle principal de ce film, qu’il a aussi écrit. Pour l’avoir auparavant joué sur scène, le comédien connaissait  bien l’écrivain. Il l’incarne ici avec une émotion, une pudeur et une mélancolie qui touchent au plus profond. On pardonne à son film ses quelques excès de théâtralité, tant il est sincère, passionnant, poétique, touchant -impossible de ne pas verser de larmes à la fin; et  bourré d’anecdotes et de mots d’esprit. On admire aussi l’aisance avec laquelle il insère des flashbacks. On  aime enfin la distribution, qui inclut notamment Emily Watson, Béatrice Dalle et Colin Firth.  

Recommandation : excellent

« Maya » de Mia Hansen-Løve- Avec Roman Kolinka , Aarshi Banerjee, Alex Descas….

Décembre 2012. Après quatre mois de captivité en Syrie (dont on ne  verra ni ne saura rien, mais dont  on comprend qu’ils ont été éprouvants), deux journalistes français sont libérés. L’un des deux est Gabriel, un trentenaire qui a appris à cadenasser ses émotions et  qui fuit  les attaches sentimentales. Pour se « retrouver » après cette épreuve, Gabriel décide de couper les ponts avec sa famille parisienne. Il part en Inde, à Goa, dans la maison où il a passé son enfance. Il y rencontre alors une jeune femme, Maya, qui va le faire vaciller…

Comment se reconstruire après une claustration  qu’il est difficile de raconter et dont il est  impossible de mesurer les ravages  intérieurs?  C’est le thème de ce   Maya, que Mia Hansen-løve ausculte avec sa délicatesse, sa sensibilité et sa sensualité habituelles. La cinéaste a choisi comme tête d’affiche de son film d’une beauté envoûtante, un comédien rare sur le grand écran, Roman Kalinka.  Le comédien, qui est le fils de Marie Trintignant et le petit-fils de Jean-Louis, est de tous les plans. Il apporte à son personnage tout ce qu’il lui faut de force, de faiblesse, de blessure et de distanciation. Autant dire qu’il est magnifique. Face à lui, une nouvelle venue au cinéma, Aarshi Banerjii. Elle est remarquable. De grâce, de douceur et d’opiniâtreté.

 Dommage que ce beau film, à la fois personnel et romanesque,  manque  par moments de relief .

Recommandation :  (presque) excellent

« Basquiat, un adolescent à New York » de Sara Driver- Documentaire

Au moment où la Fondation Louis Vuitton consacre à Basquiat  une riche et magnifique exposition, voilà que sort sur les écrans un documentaire consacré aux années de jeunesse de  cet artiste afro-américain qui fut l’un des  créateurs les plus fulgurants et les plus créatifs des années 1970-80.

 Pour ceux qui l’avaient vu,  dire  tout de suite que ce documentaire n’a pas grand chose en commun  avec le biopic de Julian Schnabel sorti en 1996. Constitué de nombreux témoignages de ceux qui fréquentèrent  Basquiat, l’accueillirent, ou analysèrent  son œuvre, il propose une plongée dans tous les mouvements  (politiques, musicaux et picturaux) qui marquèrent et inspirèrent ce  génial surdoué né à Brooklyn en 1960, et qui, à quatre ans, enfant précoce, parlait déjà trois langues.

78 minutes de plongée en apnée dans le New York de la fin des années 70, avec, comme guide, l’un des artistes les plus remuants, les plus inventifs, les plus « jusqu’aux-boutistes »  et en même temps les plus désinvoltes de cette période là. Même s’il est un peu trop bavard, le voyage vaut le coup.

Recommandation : excellent

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