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Les dérives de la psychiatrisation du terrorisme islamique par la classe politique et médiatique
©GERARD JULIEN / AFP

Bonnes feuilles

Gilles William Goldnadel publie "Névroses médiatiques" aux éditions Plon. Il démontre que le virtuel a définitivement terrassé le réel et que la masse des individus médiatiquement enchaînés se conduit comme une foule déchaînée irrationnelle. Extrait 2/2.

Gilles-William Goldnadel

Gilles-William Goldnadel

Gilles-William Goldnadel est avocat et essayiste. Il a notamment écrit en 2024 "Journal de guerre : C'est l'Occident qu'on assassine" (éditions Fayard) et en 2021 "Manuel de résistance au fascisme d'extrême-gauche" (Les Nouvelles éditions de Passy). 

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Une tendance lourde du personnel médiatique et politique occidental des dernières années est de psychiatriser le terrorisme islamique. Une sorte d’a priori immédiat leur fait obligation de présenter comme fou tout individu d’origine islamique s’en prenant violemment à des Occidentaux.

C’est ainsi, par exemple, que, le 18 août 2017, sur RTL, le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb souhaitait «mobiliser les hôpitaux psychiatriques pour identifier les individus radicalisés» en expliquant qu’il travaillait en collaboration avec la ministre de la Santé aux fins de repérer «l’ensemble de ses profils qui demain peuvent passer à l’acte». Pour un peu, le ministre déclarerait les sinistres à la Sécurité sociale.

Je rappelle également que l’assassin qui défenestra en avril 2017 Sarah Halimi (dont j’assiste la sœur) aux cris d’«Allah Akhbar !» après l’avoir torturée, a été immédiatement placé d’autorité dans un établissement psychiatrique sans passer par la case prison. Il fallut un temps – littéralement – fou pour voir la juge envisager enfin le caractère antisémite de l’homicide.

Or je soutiens que c’est cette obligation de nature morale et d’origine inconsciente d’évoquer la démence qui relève socialement de la pathologie mentale. Bien entendu que ce genre d’individu violent et souvent suicidaire n’est pas un modèle d’équilibre.

Bien entendu que cette boule de ressentiment haineux antioccidental, antisémite, antichrétien confectionnée depuis cinquante ans largement par des Occidentaux chrétiens et parfois juifs est de nature collectivement névrotique. Mais, fort heureusement, on ne range pas les névrosés parmi les fous et on ne les place pas dans les établissements psychiatriques – où l’on ne saurait au demeurant qu’en faire.

Mais névrose collective pour névrose collective – ou plutôt contre –, j’affirme que cette tendance médiatique ou politique est de nature idéologique et tout autant suicidaire. Elle signifie en creux qu’un terroriste musulman ne peut pas être librement mauvais et donc qu’il ne peut être que fou.

On comparera avec l’attitude médiatique adoptée dans l’affaire du terroriste norvégien Breivik – lui non plus en rien un modèle d’équilibre mental – et dans laquelle une partie de la presse, dont Le Monde, loin d’en faire un cas psychiatrique irrationnel, dressa des listes nominatives d’intellectuels responsables de son geste politique librement accompli.

J’affirme également que cette tendance signifie, toujours en creux, la répugnance à infliger une sanction judiciaire répressive à un être auquel on voudrait enlever toute responsabilité individuelle. Sans doute en raison de l’incapacité à pouvoir le sanctionner légitimement, en vertu du complexe de culpabilité et d’infériorité morale occidental, se jugeant responsable éternel de son mal-être existentiel. Névrose de la peur de punir, peur paralysante d’incarcérer l’assassin avant qu’il n’égorge le père Hamel voire d’expulser celui qui n’aurait jamais pu commettre le carnage de Nice , ou le châtiment impossible du crime.

J’affirme enfin que, dans le creux de l’inconscient médiatique ou politique de cette tendance à l’excuse psychiatrique, se dissimule aussi l’irrésolution paralysante à se défendre physiquement avec des armes létales et préférer l’usage de la déradicalisation pour rire ou des tranquillisants pour dormir.

Qui est fou? D’abord la société occidentale devenue névrotiquement masochiste et psychotiquement suicidaire.

D’où cette présente analyse...

Extrait de l'ouvrage de Gilles William Goldnadel, Névroses médiatiques, publié chez Plon.

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