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France - Uruguay : malgré une année en or, l’avenir de l’équipe de France reste à faire
©FRANCK FIFE / AFP

1-0

Au terme d'une rencontre peu enthousiasmante, les champions du monde se sont imposés mardi soir au Stade de France par le plus petit des scores.

Olivier Rodriguez

Olivier Rodriguez

Olivier Rodriguez est entraîneur de tennis et préparateur physique. Il a coaché des sportifs de haut niveau en tennis. 
 
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Ce dernier match de la saison contre l'Uruguay s'inscrivait dans un drôle de contexte puisqu'il survenait juste après le naufrage collectif et individuel des bleus contre les Pays-Bas. Une marée noire d'insuffisances et de manques qui aura donc coûté aux bleus la qualification pour le Final Four de cette première édition de la Ligue des Nations. La preuve par l'exemple que l'expression "trêve internationale" n'est pas qu'une formule de langage tant les joueurs ont semblé la prendre au pied de la lettre durant l'intégralité de la rencontre... En sortant ainsi prématurément de cette compétition, la France manquait une occasion d'installer durablement un leadership gagné lors du triomphe en Coupe du Monde et prêtait le flanc au surgissement de vives critiques pour ce qui concerne le style de jeu ou le mode de gestion du groupe par le sélectionneur. Les enjeux de ce dernier match de l'année, contre l'Uruguay de Cavani et Suarez, étaient donc multiples: il fallait permettre à l'équipe d'achever sa saison (historique et formidablement réussie), sur une belle impression tout en préparant la suite: les qualifications pour l'Euro 2020. Il s'agissait aussi de convoquer une réaction d'orgueil (en accréditant la thèse de l'accident), en assumant pleinement, aux yeux de tous, un nouveau statut.

A l'issue du match, le constat est clair: si les apparences sont sauvées, les questions demeurent. 

Petit rappel des faits : Deschamps, au coup d'envoi, présente une équipe remaniée, avec les titularisations plus ou moins surprenantes de Sakho, Rami, Mendy et Ndombele. Autrement dit, symbolisant un problématique essentielle, le sélectionneur ne tranche pas entre le conservatisme et le besoin d'un renouveau. Le fait majeur d'une première période plutôt vivante et bien maîtrisée par les français mais pauvre en occasions, sera la sortie prématurée de Kylian Mbappe à la 34ème minute. Sur son deuxième face-à-face avec Campana, il retombe mal et se blesse à l'épaule... Si l'état d'esprit général est bon, le réalisme fait défaut. Le retour des vestiaires sera plus favorable. Sur pénalty, Giroud (52ème) marque son 33ème but en bleu. Un score impressionnant pour le plus paradoxal des attaquants: plus il empile les buts, moins ses titularisations paraissent légitimes. Le match s'étirera ensuite agréablement jusqu'à son terme, haché (comme toujours dans les matchs amicaux) par les trop nombreux changements. Les rentrées de Varane, Fekir, Nzonzi et Plea ne changeant pas le cours des évènements. Le bilan est limpide. L'opération rachat est réussie car les bleus auront livré un match propre en étant concernés et appliqués du début jusqu'à la fin, le tout en concédant un minimum d'occasions. Il faut seulement souligner le dynamisme de l'ensemble et les prestations de Mendy et de Ndombele, lesquels auront bien mérité leurs prochaines invitations. L'histoire étant faite, le présent étant considéré, Didier Deschamps se doit désormais d'appréhender l'avenir. C'est là que les choses se compliquent.

Lorsque l'on est champion du monde, surtout avec une équipe aussi jeune, il faut à la fois être à la hauteur de sa propre légende et chercher à s'inscrire dans la durée. Facile à dire mais compliqué à faire car se remettre en question est encore plus difficile lorsque l'on a atteint le plus haut des sommets. Y parvenir c'est, par définition, ne pas pouvoir aller plus haut... et cela n'empêche pas le vertige. C'est dans ces circonstances de réussite totale qu'advient le plus délicat: être capable de régénérer un groupe quand tout invite au conservatisme. Penser contre soi-même, en dépit de ses certitudes, est donc le mal le plus nécessaire lorsque le succès est éclatant. Les plus grands entraîneurs, (Popovich, Maljkovic en basket, Lobanovski et Ferguson pour le foot ou Onesta pour le hand ) l'ont démontré depuis longtemps: il faut régénérer, prouver à tous que l'effectif n'est pas fermé, afin que chacun reste éveillé et qu'une saine concurrence stimule l'ensemble. C'est là que les sélections de Sissoko, Sakho, Giroud, Sidibe et Rami interrogent. Elles donnent à cette équipe l'allure, parfois, d'un centre de remise en forme doublé d'un club privé. Pendant ce temps-là, des étoiles montantes comme Laporte, Lenglet, Plea et Fekir continuent, patiemment, d'espérer une vraie chance. Par pudeur, nous n'évoquerons pas, ici, les cas Benzema et Rabiot... Le poison est là, comment ne pas être prisonnier de la victoire tout en s'interrogeant lucidement sur l'organisation, l'identité du jeu pratiqué et la nécessité d'avoir un plan B en cas d'échec. Deschamps doit convoquer un Yalta des bleus somme toute, afin qu'une équipe qui fera date ne paraisse pas très vite datée. On peut donc marquer un but pour l'éternité, soulever la plus belle des coupes, avoir à peine le temps de savourer que le présent, les doutes et les ennuis, déjà, vous rattrapent. Le raccourci d'une existence finalement. Les choses étant désormais rendues plus difficiles encore par ce constat: de point de mire, l'équipe de France est devenue une cible, l'équipe à battre, donc... 
Pour nous aider à considérer que tout, finalement, est une question de point de vue, citons Georges Bernanos: "L'avenir est une chose qui se surmonte. L'avenir, on le fait".

Nous verrons sous peu ce que Deschamps en fera, car le tirage au sort au sort des qualifications pour l'Euro 2020 aura lieu le 2 décembre prochain...

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