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Cette noblesse du peuple qu’il est urgent d’entendre à nouveau
©LUCAS BARIOULET / AFP

Tribune

Le maire de Lavaur et ancien député du Tarn Bernard Carayon demande au gouvernement d'abandonner le mépris que ce dernier affiche à l'encontre des revendications populaires, gilets jaunes notamment.

Bernard Carayon

Bernard Carayon

Bernard Carayon est ancien député du Tarn, maire (LR) de Lavaur, Avocat au barreau de Paris. 

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Deux morts et plus de 400 blessés, le bilan de la mobilisation des gilets jaunes est d’ores et déjà tragique et personne ne peut feindre d’ignorer les dérapages auxquels ont donné lieu les manifestations non encadrées de ces derniers jours. Pour autant, la forme prise par cette colère des Français et les excès en comportement ou en mots de certains ne sauraient disqualifier les revendications actuelles sans autre forme de procès.

Ceux qui « fument des clopes et roulent au diesel » -, selon la délicate formule du ministre Griveaux, se sont exprimés partout et continuent, dans un désordre très français, mêlant l’humour à la colère, mais dans une détresse partagée. Le prix des carburants n’est qu’un prétexte, encore que les automobilistes, victimes d’une répression imaginative, ont de bonnes raisons d’être énervés. Leur révolte, c’est, surtout, celle des humiliés. Un temps, le président Macron avait réussi à faire oublier qu’il avait été élu par accident : celui d’un pilote pourtant expérimenté... Une majorité parlementaire, issue du néant, donna l’illusion d’incarner une nouvelle génération, habilement déguisée en « nouveau monde ». On comprit très vite les limites d’une sélection de candidats-députés sur « cv », offrant à beaucoup le ticket gagnant au loto démocratique ! D’apparence girondine, le Pouvoir s’est révélé autoritaire et ultra-centralisé, affichant parfois un mépris de classe, sans qu’on puisse mettre à son crédit l’efficacité et l’esprit de justice.

Bref, ceux qui avaient cru au miracle en politique ont perdu la foi des convertis. Le voile s’est déchiré : la réforme de l’ISF en guise de remboursement des riches donateurs d’EnMarche, l’« en-même-temps » ne dissimulant ni l’indécision ni l’absence de cap, la maltraitance subie par les collectivités locales, le symptôme de « Cour » et la tétanisation de l’Elysée dans l’affaire Benalla, des mots cruels sur les Français tantôt illettrés tantôt paresseux émanant d’un esprit cultivé et d’une personnalité énergique, ont fait renaître en France un sentiment de lutte de classes, né d’humiliations répétées.

On n’aime pas durablement en France, les premiers de classe ! Ce fut le problème de Giscard et de Balladur. Le normalien Georges Pompidou qui ne cachait pas ses racines terriennes, n’était pas tombé dans les travers des élites.

Il aimait les Français, sans fard, et avec tendresse.

Les « gilets jaunes » sont bien des « gaulois réfractaires ». Normal : leurs grands-pères étaient à Verdun. Et les petits-fils sont sortis de la tranchée. Ils croient au mérite, pas à l’esbrouffe. Ils partagent l’usine et le terrain du rugby avec des camarades venus de l’autre côté de la Méditerranée, mais applaudissent le nom de Beltrame donné à une école de Lavaur, petite cité du Tarn. Ils sont l’âme d’une France qui ne veut pas mourir et ne substituent pas l’Europe, dans leurs rêves, à leur patrie.

Et c’est pourquoi le combat des « gilets jaunes » est à la fois symbolique et noble. Je devine le sourire sarcastique de ceux qui ont fait un trait sur cette France-là. Car il y a bien de la noblesse chez un Peuple qui ne s’est jamais consolé que son Roi fuie à Varennes, quêtant des soutiens auprès des monarchies étrangères. À la différence de Louis XVI, Emmanuel Macron a perdu tous ses alliés dans le monde, à l’exception du premier ministre belge, ce que l’on se gardera bien de commenter ! Triste destin d’un chef coupé de son peuple, abandonné par ses frères de fortune. « Respice post te ! Hominem te esse memento » ! rappelait  son esclave à l’oreille du général vainqueur, lors des triomphes romains. 

Gare aux gaulois réfractaires !

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