Pourquoi la fermeture définitive des voies sur berges ne règle rien<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Société
Pourquoi la fermeture définitive des voies sur berges ne règle rien
©PHILIPPE LOPEZ / AFP

Paris

Le feuilleton « voies sur berges » vient de trouver son épilogue.

Bernard Cohen-Hadad

Bernard Cohen-Hadad

Bernard Cohen-Hadad est président de la commission financement des entreprises de la CGPME. Il est également président du think-tank Etienne Marcel et assureur.

Voir la bio »

Le juge administratif a validé le 2ème arrêté de la Maire de Paris motivé par la protection des lieux inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO. Cette décision définitive maintient le statu quo et met un point final à deux ans de querelles. Cependant rien n’est réglé : reste à trouver une autre façon de débattre ensemble des grands enjeux à Paris ; reconnaître que notre ville est victime de son attractivité et penser résolument les nouvelles mobilités.

Les berges sont fermées aux voitures mais c’est un échec participatif

Justifiée comme l’application d’une promesse de campagne, la mesure-couperet nous est tombée dessus, en 2016, du jour au lendemain ! Et ses conséquences : 42% des sondés par ParisWorkplace* considèrent que la réduction de la circulation impacte négativement la performance des entreprises. Dans cette querelle, on reste surpris par la faiblesse de l’opposition municipale ou de la grande métropolitaine atomisée et divisée qui n’a pas su donner de la voix. Seule Valérie Pécresse a mené, un moment, la bataille au titre de ses prérogatives sur les transports franciliens. Maintenant que la justice s’est exprimée, il faut tourner la page. Mais reconnaissons que nous vivons pour se déplacer dans Paris, une belle pagaille ! On retiendra de cette « histoire » que le débat public et le projet participatif n’ont pas eu lieu. Déni, absence totale de concertation avec les Parisiens, les associations et les entreprises. Pour réussir, il aurait fallu faire de la pédagogie, des tests, des analyses sur les itinéraires de reports, une circulation limitée aux véhicules propres… Et terminer par une votation.

Il n’y a pas moins de véhicules à Paris

A part une prise de conscience plus importante sur les mobilités durables, que l’on doit aussi à la COP21 et à l’évolution des mentalités, cette décision n’a pas limité le nombre de véhicules à Paris. Le trafic a même augmenté sur les itinéraires de reports. Les déboires de Velib’ et d’Autolib’ n’ont pas rendu les choses plus fluides. On a plus de voitures, d’embouteillages, de bruits et donc de pollution atmosphérique sur les quais hauts et le boulevard Saint-Germain. Les chiffres d’AirParif et de BruitParif sont édifiants. Les trajets quotidiens sont devenus une contrainte ! Lequel d’entre nous ne l’a pas vécu ? Qui n’a pas entendu les lamentations, et la résignation, des professionnels de la logistique ou du transport de personnes, taxis, VTC ou grande remise : augmentation du stress au volant ou encore les difficultés de livrer dans les temps dans Paris-Centre ? Les salariés de nos TPE PME qui viennent de loin sont-ils plus heureux ? 75% d’entre eux* considèrent qu’avoir plus d’une heure de trajet domicile-travail est « désagréable ».

Penser ensemble les nouvelles mobilités est urgent

Les jours de « l’automobile dans la ville » sont comptés. Même le gouvernement engage une surtaxation du diesel, qui pénalise les professionnels. Sans contreparties préalables alors que 43% des TPE PME Franciliennes** sont prêtes à acquérir un véhicule propre si on met en place une « aide significative ». Oui, on ne circulera plus comme avant. Mais on est encore loin d’un système « propre et durable » organisé. Il n’y aura pas de succès du véhicule partagé sans un volume important de véhicules disponibles, y compris pour les professionnels. Et si l’arrivée du free floating pour les véhicules légers est un atout, il reste limité aux trottinettes et aux 2 roues… Nous avons besoin de véhicules professionnels partagés, de nouvelles bornes électriques de recharges rapides et d’une accessibilité de toutes les bornes existantes sur Paris et en banlieue. L’électrique est la solution de remplacement immédiatement opérationnelle. Elle n’est pas la seule avec ses contraintes sociétales de fabrication, d’importation et de traitement des batteries usagées. Pensons aussi à l’hybride, l’hydrogène et au gaz… Comme au développement des transports en commun propres ! Les idées ne manquent pas : la Maire du 9ème arrondissement de Paris, Delphine Bürkli, n’indique-t-elle pas son choix d’un péage urbain ? C’est le débat sur les mobilités qui est enthousiasmant et porteur d’avenir. Encore faut-il le partager ensemble.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !