La victimisation, l'arme du FN pour séduire les électeurs en temps de crise<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
"Depuis des années, la famille Le Pen, père et fille, se sont victimisés : victimes des média notamment, "condamnés au silence", ils se sont dits calomniés."
"Depuis des années, la famille Le Pen, père et fille, se sont victimisés : victimes des média notamment, "condamnés au silence", ils se sont dits calomniés."
©Reuters

Les nouveaux "damnés de la terre"

En se victimisant, les Le Pen ont su toucher une partie des électeurs qui se considèrent eux aussi comme des victimes de la société.

Jean-Paul Brunier

Jean-Paul Brunier

Jean-Paul Brunier est Global Client Lead chez Publicis Groupe.

Voir la bio »

La France a un nouveau président, dans les démocraties contemporaines il était de tradition de penser que les indécis situés au centre faisaient ou défaisaient les pouvoirs. François Bayrou, a appris à ses dépens que cette ère avait une fin. Sa prise de position "à titre personnel" aura sans doute contribué à brouiller encore plus son image.

Donc, cet ordre des choses a été renversé dimanche soir : ce sont les électeurs du Front National qui en s'abstenant (2 millions de votes blancs ou nuls) ou en reportant leurs voix sur François Hollande qui auront "fait l'élection. En Grêce ce même week end l'extrême droite a effectué une percée. 

Certes depuis des années,  la famille Le Pen, père et fille, se sont victimisés : victimes des media notamment, "condamnés au silence", ils se sont dits calomniés. Peu de commentaires ont été faits sur le jeu d'identification avec leur nouvel electorat. Le point commun de ces électeurs c'est qu'ils se sentent victimes ou victimes potentielles. Les nouveaux ou anciens boucs émissaires sont désignés : la mondialisation, les étrangers, les medias, les riches, l'élite. Dans ce jeu de miroir menteur s'intalle une solidarité de dupes, familles de droite paupérisées (anciens bourgeois ou aristocrates désargentés) de la droite la plus traditionnelle cotoient le 1er mai sur les grands boulevards (manisfestation en faveur de Marine Le Pen), tous ceux qui "se sentent" mal aimés, déconsidérés, ceux qui se vivent comme victimes.

Nous sommes tous, à certains moments de notre vie des "victimisables" dès lors que nous sommes fragilisés. Beaucoup de jeunes ont accepté cette logique et c'est cruel pour notre société : un vote des sans grades devient aussi le vote des "sans avenir". Voilà l'exploit politique du Front National : comprendre qu'une perception individuelle peut fédérer des millions de gens. C'est de cette veine que sont faites les révolutions et parfois les guerres les plus cruelles. La victimisation a des conséquences de long terme, on en sort difficilement puisqu'elle pérennise un état de déprime fataliste. 

Il est probable que cet individualisation du comportement politique soit renforcée à l'ère digitale dans laquelle chaque individu est invité à se confier aux autres. Chacun est amené à confier sa souffrance sur les réseaux sociaux et par conséquent à lui donner un sens, le FN offre une structure d'apparente logique à cette réaction émotionnelle.

Sans nier la "souffrance", soulevée par tous les candidats, il faut se remémorer que les victimes ne se contentent jamais de leur statut de victimes mais ne tardent jamais à victimiser d'autres. Il y a dans notre pays un immense déficit de confiance en soi, collective et ... individuelle. Il est grand temps d'insuffler de la confiance non pas seulement en la "jeunesse" ce qui ne va pas dire grand chose mais dans chacun des jeunes qui nous entoure, de mieux les aider, les accompagner. Ce n'est pas seulement un effort d'Etat mais un devoir de tous.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !