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Make America Great Again : le jour où Donald Trump devint le 45eme président des Etats-Unis
©MANDEL NGAN / AFP

Bonnes feuilles

Olivier O'Mahony dévoile les coulisses de la vie politique à Washington dans son nouvel ouvrage "La Galaxie Trump, L'empire du Chaos", publié aux éditions Plon. Il retrace le quotidien d'une présidence erratique et dépeint la réalité d'une Amérique partagée entre résistance et fascination face à l'"animal politique" qu'est Donald Trump. Extrait 1/2.

Olivier O'Mahony

Olivier O'Mahony

Olivier O'Mahony est chef du bureau américain de Paris Match depuis janvier 2009. Il a couvert deux campagnes présidentielles, en particulier celle de 2016. Il est accrédité permanent à la Maison Blanche. 

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C’est l’acte fondateur de la présidence Trump : quelques minutes après sa prestation de serment, ce vendredi 20 janvier 2017, il fait poser des rideaux dorés dans le Bureau Ovale. L’or est sa couleur fétiche, sa marque de fabrique. Il a promis d’enrichir l’Amérique, il faut donc que cela se voie. Plus tard dans la journée, juste après la parade, Donald Trump s’est installé derrière le Resolute Desk, le bureau présidentiel, pour signer trois décrets. Le premier confirme le général James Mattis secrétaire à la Défense, le second place le général John Kelly à la tête du Homeland Department (l’équivalent du ministère de l’Intérieur), et le troisième entérine le début de la fin d’Obamacare, l’assurance-maladie mise en place par son prédécesseur. Trump montre ainsi qu’il est au travail dès son premier jour à la Maison Blanche, comme il l’avait promis. Il est entouré de sa garde rapprochée : son gendre Jared Kushner, ses conseillères Kellyanne Conway et Hope Hicks, son vice-président Mike Pence, son chief of staff Reince Priebus. Dans le Bureau Ovale, il a remis le buste de Winston Churchill que Barack Obama avait relégué au placard, et changé les canapés. À peine installé, il a pris soin de marquer son territoire. Avec une obsession : d’urgence en finir avec le fantôme de ce prédécesseur qui s’obstine encore à lui voler la vedette. 

Les cérémonies de l’investiture ont commencé la veille, le lundi 19 avril. À 12 h 05, Donald Trump atterrit sur le tarmac de la base aérienne d’Andrews, l’aéroport des présidents, à proximité de Washington. C’est la première fois qu’on le voit faire un salut militaire aux soldats au garde-à-vous. Comme le veut la tradition, il va au cimetière d’Arlington pour y déposer une gerbe, puis se rend chez lui, dans son hôtel, situé sur la Pennsylvania Avenue, comme la Maison Blanche, où un grand banquet VIP l’attend. À 16 heures, il met le cap sur le Lincoln Memorial pour une welcome celebration, une cérémonie de bienvenue. Beaucoup, à Washington, s’étranglent en le voyant marcher main dans la main avec Melania sur les marches de ce monument, dominé par l’immense statue de son prédécesseur, l’ancien président mythique des États-Unis, Abraham Lincoln, l’homme qui a aboli l’esclavage. Image saisissante, destinée à légitimer sa présidence, contestée par beaucoup d’élus démocrates qui ont décidé de boycotter la cérémonie d’investiture. 
Deux heures durant, Trump offre un show à la mise en scène parfaite, avec écrans géants et éclairages sophistiqués, mais avec des artistes de série B, toutes les grandes stars américaines pressenties s’étant désistées. Dans le public, l’ambiance est morne, loin de l’excitation des grands meetings de sa campagne. Malgré le temps clément pour un mois de janvier, la foule est beaucoup moins nombreuse que pour Obama en 2009. À Washington, où il n’a recueilli que 4 % des voix (contre 90,9 % pour Hillary), Trump arrive en terre hostile. 
Mais le nouveau président n’en a cure. « I love you ! », lancet-il à la foule. « On s’est dit qu’on allait organiser un petit concert, peut-être sur les marches du Lincoln Memorial. Je ne sais pas si ça a été déjà fait, mais si oui, c’est arrivé très rarement. Et puis vous êtes venus, par milliers. » Et d’ajouter : « Dans le dernier mois de la campagne, les sondages ne nous donnaient pas gagnants, mais ils oubliaient beaucoup de monde. Je vous le garantis, aujourd’hui, vous n’êtes plus oubliés. » Un feu d’artifice vient conclure les festivités. Donald Trump, entouré de toute sa famille, pose longuement en haut des marches. Il se recueille quelques minutes devant la statue d’Abraham Lincoln. Moment d’émotion, filmé en gros plan, face à l’esplanade. L’image est parfaite. Le Trump Show ne fait que commencer. 
Pendant ce temps-là, la Maison Blanche se vide. Il est 18 heures quand l’officier de garde chargé de surveiller l’entrée de la West Wing quitte sa guérite, signe que le futur ex-président a quitté les lieux. Les agents des services secrets ont autorisé les journalistes à prendre des photos des couloirs et des bureaux vides. On dirait une maison fantôme. Les photos souvenirs du président et de la Première dame en voyage officiel ont disparu des murs. Le site Web de la présidence affiche, pour quelques heures encore, une photo d’Obama seul marchant sur la pelouse sud, en train de rejoindre le Bureau Ovale, avec son dernier slogan : « Yes, we did. Yes, we can » (« Oui on l’a fait. Oui on peut »). Ce n’est pas l’image de Giscard d’Estaing disant un au revoir aux Français sur le mode dépouillé « après moi le déluge » à la suite de sa défaite face à François Mitterrand, mais ça n’en est pas loin…
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