Le goût immodéré de la famille de Denis Sassou-Nguesso pour Pape N’Diaye, le tailleur “aux doigts d’or”<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Style de vie
Le goût immodéré de la famille de Denis Sassou-Nguesso pour Pape N’Diaye, le tailleur “aux doigts d’or”
©LUDOVIC MARIN / AFP

Bonnes feuilles

Gilles Gaetner a mené une enquête de plusieurs années sur de nombreux dirigeants africains au Congo Brazzaville, en Guinée Equatoriale ou bien encore au Gabon. Il dévoile l'étendue des scandales dans l'entourage des présidents et révèle l'injustice organisée dans les plus hautes sphères du pouvoir. "Pilleurs d'Afrique" est publié aux éditions du Cerf. Extrait 2/2.

Gilles Gaetner

Gilles Gaetner

Journaliste à l’Express pendant 25 ans, après être passé par Les Echos et Le Point, Gilles Gaetner est un spécialiste des affaires politico-financières. Il a consacré un ouvrage remarqué au président de la République, Les 100 jours de Macron (Fauves –Editions). Il est également l’auteur d’une quinzaine de livres parmi lesquels L’Argent facile, dictionnaire de la corruption en France (Stock), Le roman d’un séducteur, les secrets de Roland Dumas (Jean-Claude Lattès), La République des imposteurs (L’Archipel), Pilleurs d’Afrique (Editions du Cerf).

Voir la bio »

« L’Africain aux doigts d’or », le tailleur de Sassou

Les costumes d’abord. Le chef de l’État du Congo et ses proches ont dégotté au début de l’année 2005, à côté de Max Ezveline, un fournisseur de choix. Un artiste du nom de Pape N’diaye. Le top du top. Pas un hasard, si on le surnomme « l’Africain aux doigts d’or. » Originaire du Sénégal, ancien maître tailleur chez Hackett qui fournit le tout Buckingkam, Pape s’est installé il y a un peu plus de 25 ans dans le très chic 7e arrondissement de Paris. Quelques années plus tard, il franchit la Seine et ouvre une seconde boutique avenue Georges V. Promu chevalier dans l’ordre national du Mérite par le ministre de la Coopération de Jacques Chirac, Jacques Godfrain, Pape N’Diaye connaît une notoriété qui dépasse largement la métropole. Avocats, hommes politiques, chefs d’entreprise et homme d’affaires du monde entier ont coutume d’aller chez lui.

Le fils Sassou : 47 costumes achetés  en un an chez « l’Africain aux doigts d’or »

Aussi, est-ce tout naturellement que la famille Sassou y fait ses courses. Ne se contentant pas d’acheter un costume une fois par an. Encore qu’au départ, en 2005, les commandes s’avèrent raisonnables. Cette année-là, en janvier, le fils de Sassou, Denis se fait faire 6 costumes. Le prix ? 21 442 euros. En mai, il monte en gamme : 14 costumes, 11 pantalons, une veste, pour un montant de 57 000 euros. En novembre 2005, encore plus fort : 30 costumes et 40 caleçons pour un montant de 86 940 euros. Wilfrid, son cousin, fils de Catherine Ignanga, fait lui aussi un tour chez Pape dès 2006. Peu intéressé, il ne s’offre que des vestes et pantalons. Pas de costumes. Mais cela lui coûte 12 000 euros. Son cousin Edgard, c’est autre chose. C’est un fan absolu de Pape. Il raffole de ses coupes de vêtements. Jugez plutôt ! Le 3 août 2010, il commande 100 costumes d’un coup pour 92 243 euros. Suivis deux mois plus tard par l’achat de 20 autres et de 80 chemises soigneusement empaquetées. Coût : près de 100 000 euros. Edgard ne lésine sur rien. Il est plein aux as. (Nous verrons comment). Alors, il en profite.

Une chambre louée  à la réserve 11 000 euros la nuit

Lorsqu’il séjourne à Paris, il ne manque jamais – ou rarement – de louer une chambre à la Réserve, établissement de grand standing situé sur la place du Trocadéro. Le prix de la chambre ? 11 000 euros… pour une nuit. Pour toutes les nuitées passées entre 2008 et 2011, Edgard réglera une addition de 931 812 euros. Ces habitudes somptuaires, qui souvent, parviennent aux oreilles des Congolais, notamment ceux de la diaspora à Paris, en exaspèrent plus d’un… Ce qui entraîne l’envoi de lettres tantôt anonymes, tantôt signées aux deux juges d’instruction… et le président ? Lui aussi raffole des costumes de chez Pape N’Diaye.

Sassou : plus d’un million d’euros d’achat  de costumes

Depuis la fin 2005, il est un client assidu. À un rythme effréné : 10 costumes en décembre pour 23 000 euros ; deux mois plus tard, 20, pour 55 000 euros. À l’automne 2007, 34 pour 100 000 euros. Sassou ne s’arrête pas : il en prend 38 pour 100 000 euros. En 2009, nouvelle visite chez Pape et nouvelle folie : 20 costumes pour 50 000 euros, suivis de 20 autres en janvier 2010 réglés en 61 903 euros. Quand s’arrêtera-t-il ? En avril 2010, il frôle la centaine – 91 exactement – pour 276 000 euros.
Toujours en avril, 24 costumes et 150 chemises quittent la boutique de l’avenue Rapp. En moins de cinq ans, selon un récapitulatif de l’ORCGDF (office central de répression contre la grande délinquance financière), en date du 1er août 2013, le président Sassou aura « claqué » chez Pape Diaye, 1 183 295  euros… réglés depuis la Suisse, par des virements provenant tantôt d’une énigmatique société CIPCI international, tantôt d’une non moins énigmatique SCi Étoile. 
Enfoncé, François Fillon et ses deux costumes à 6 000 euros !

La famille Sassou : une cinquantaine de voitures commandées en quatre ans

Question voitures, des vrais gosses, les neveux, et ex-belle-sœur du président. En quatre ans, de 2007 à 2011, ils commanderont une cinquantaine de berlines. Pas des Twingo, Lada ou 205 Peugeot ! Dans ce domaine, celle qui détient la palme, c’est Catherine Ignanga, la belle-sœur du chef de l’État puisqu’elle fut l’épouse de Valentin Ambendet, le frère aîné de Sassou. (Il est décédé fin 2004). Elle s’offre 7 voitures. Le must ? Une rolls-royce à 514 591 euros. Payée certes, mais pas sur ses deniers personnels ! À ses lieux et places se substitue plusieurs sociétés de construction, dont une chinoise… Quoi d’autre ? Une Mercedes Maybach – valeur : 376 254 euros –, une  Porsche Panamera – valeur : 186 090 euros – une Ferrari F 612 – prix : 315 060 euros – Qui paie ? Pas Mme Ignanga, mais une mystérieuse société, installée dans un paradis fiscal, diamond General Trading… alimentée par des fonds publics congolais.

Lien direct vers la boutique Amazon : ici

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !