Quand le bio devient, aussi, financièrement intéressant pour les producteurs<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
Quand le bio devient, aussi, financièrement intéressant pour les producteurs
©A.J. - Wikiagri

WikiAgri

L’agriculteur, comme tout chef d’entreprise, est intéressé par la rentabilité de sa production. Le passage du conventionnel au bio est, jusqu’alors, souvent présenté comme une obligation par rapport à la demande sociétale évolutive, pas forcément rentable. Or, des études économiques démontrent que pour le lait (l’une des productions les plus importantes en France) être en bio est devenu plus intéressant, financièrement, pour le producteur

 WikiAgri

WikiAgri

WikiAgri est un pôle multimédia agricole composé d’un magazine trimestriel et d’un site internet avec sa newsletter d’information. Il a pour philosophie de partager, avec les agriculteurs, les informations et les réflexions sur l’agriculture. Les articles partagés sur Atlantico sont accessibles au grand public, d'autres informations plus spécialisées figurent sur wikiagri.fr

Voir la bio »

Et si, finalement, l’évolution demandée par la société d’aller vers davantage de bio était aussi financièrement rentable pour les producteurs ? Jusqu’alors, il faut bien le dire, les producteurs, d’une manière générale, ont rechigné à se convertir en bio. Ce n’est que depuis quelques années, avec les crises à répétition pour ne pas écrire permanentes, que ces conversions sont devenues relativement nombreuses... Peut-être plus par intérêt, pour sauver la ferme, que par vocation.

Depuis, on le sait, les désillusions par rapport à la « solution miracle » existent, comme par exemple ces aides spécifiques qui arrivent avec retard et sont en diminution au fil du temps. Pour autant, désormais, il existe bel et bien une filière bio en France, et pas seulement en cultures fruitières et maraichères, celles le plus souvent citées en exemple par l’inconscient urbain.
Ainsi, pour le lait, des études économiques ont été menées par l’Institut de l’élevage en Bretagne, en collaboration avec la Frab (fédération bretonne de l’agriculture biologique). Il en ressort une énorme différence entre les deux systèmes (bio et conventionnel) au niveau des charges : le bio incite, par ses cahiers des charges, à mettre les troupeaux dans les champs pour les nourrir à l’herbe, d’où des coûts alimentaires bien moindres. Qui plus est, le lait bio est davantage valorisé à la vente que le conventionnel. Tant et si bien que ces deux facteurs réunis contrebalancent largement le moindre rendement productif des vaches laitières, avec à l’arrivée un avantage économique indéniable pour le bio. Le producteur laitier français est donc gagnant s’il est en bio.

Moins de volumes qu’en conventionnel, mais moins de charges et de meilleurs prix

Pour autant, attention, il faut se garder tout de même de conclusions trop rapides et examiner la situation dans son ensemble : si le nombre de fermes laitières en bio a pratiquement doublé depuis 2001 (2432 exploitations laitières bio fin 2016 en France), on est loin de couvrir l’ensemble des exploitations laitières (près de 58 000). Clairement, si un trop grand nombre de fermes passait en bio en même temps, les prix iraient à la baisse, et deviendraient moins avantageux. Autre aspect, l’étude menée par l’institut de l’élevage évoque le levier des charges comme primordial dans l’intérêt économique pour le bio : en d’autres termes, nous ne sommes pas vraiment dans ce concept prometteur que l’on vantait pourtant il y a quelques années, celui de la croissance verte. En l’occurrence, les volumes produits sont moins importants, nous sommes en décroissance, compensée et devenue même intéressante financièrement par le fait que la baisse des charges est plus importante que les volumes perdus. Alors que parallèlement, la population mondiale continue d’augmenter, et qu’il y a de plus en plus de bouches à nourrir. Et que le lait, depuis la fin des quotas, est sur le marché mondial, donc avec également une vocation à l’export.
Le passage au bio ne règle donc pas tous les problèmes d’un claquement de doigts. Disons que, dans le contexte actuel, il convient davantage à bien des producteurs, en quête de rémunération d’une part et de reconnaissance sociétale d’autre part. Et ce n’est déjà pas si mal...

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !