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8 mai 1945 : 
Honneur aux héros anonymes
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Editorial

Plutôt que de starifier la normalité, rendons hommage et révélons l’exceptionnel qui sommeille en chacun d’entre nous.

Alain Renaudin

Alain Renaudin

Alain Renaudin dirige le cabinet "NewCorp Conseil" qu'il a créé, sur la base d'une double expérience en tant que dirigeant d’institut de sondage, l’Ifop, et d’agence de communication au sein de DDB Groupe.

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Le 8 mai 1945 a commencé le 6 juin 1944.

Sur les plages normandes, plus de 150 000 soldats, essentiellement américains, britanniques et canadiens, débarquent pour lancer le plus grand assaut jamais réalisé, et sans doute le plus héroïque. Ils débarquent pour mettre fin à une guerre et libérer un pays qu’ils ne connaissent pas, des hommes, des femmes et des enfants qui ne sont pas leurs proches. Ils débarquent aussi pour donner la victoire à la paix et à la liberté, ces banalités d’aujourd’hui, pourtant si chèrement payées hier. Imaginer ce qu’a vécu le soldat de la 29ème division américaine lancé dans l’enfer d’Omaha Beach est bien difficile. Cela nous paraît même hors de portée aujourd’hui, en serions-nous capables ? Nous pouvons rendre hommage avec reconnaissance, respect et humilité à ce courage inouï, ce sens du sacrifice, ce sens du devoir et cette aptitude exceptionnelle qui consiste modestement à se placer et à se dévouer au service des autres lorsque nous cherchons tant aujourd’hui à mettre les autres à notre service.

Beaucoup de héros sont morts le 6 juin 1944 pour permettre de fêter le 8 mai 1945. Ils se sont livrés et sont morts dans l’anonymat, sans chercher les lumières de la gloire, sauf celles sans doute de la gloire intime et intérieure. Des héros de tous les jours au courage exceptionnel, d’autant plus exceptionnel qu’il devait leur paraître "normal" ou disons naturel, des héros qui s’ignoraient en quelque sorte. Un courage "normal", pas au sens ordinaire ou banal comme nous l’entendons souvent aujourd’hui, mais au sens où nos capacités exceptionnelles sont préexistantes en chacun, et ne demandent qu’à se révéler, à nous de les provoquer. Nous voulons nous réfugier dans la normalité, nous rêvons du risque zéro, nous voulons que tout soit garanti. A l’heure où tant d’enjeux appellent engagements, courage, dénis de nos aspirations égocentrées, intelligence collective, multiculturalisme, long terme, se développe paradoxalement le règne du "sans engagement", de l’individualisme et maintenant du nombrilisme. Les soldats d’Omaha ne pensaient pas à eux à l’aube de ce 6 juin 1944, ils n’avaient pas de compte tweeter.

Aujourd’hui nous parlons du courage de réformer, du courage politique, du courage de dire la vérité, du courage de débattre. Nous aspirons tous à la reconnaissance, à la gloire, à la notoriété, à la réussite, au confort, à la préservation des acquis, sans toujours être prêt à en payer le prix, à se subordonner aux devoirs et aux exigences que cela entraîne. Nous voulons tous signer le 8 mai 1945 sans avoir débarqué le 6 juin 1944.

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