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Prélèvements obligatoires records, une fatalité ? Ces solutions politiques qui pourraient permettre d’endiguer enfin une addiction française
©PHILIPPE HUGUEN / AFP

Réformes

Tout devait changer : allègement des normes, baisse des dépenses et des impôts... Mais dix-huit mois après l'élection d'Emmanuel Macron, des réformes sont en cours mais elles ont perdu en route les objectifs à atteindre.

Agnès  Verdier-Molinié

Agnès Verdier-Molinié

Agnès Verdier-Molinié est directrice de la Fondation IFRAP(Fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques).

Son dernier ouvrage est "Ce que doit faire le (prochain) président", paru aux éditions Albin Michel en janvier 2017.

 

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Atlantico : Dans "En marche vers l'immobilisme" publié aux éditions Albin Michel, vous mettez en exergue le décalage manifeste 18 mois après l'accession d'Emmanuel Macron au pouvoir entre les réformes promises et la réalité. Est-ce que le choc de simplification s'est transformé en choc de complexification ?

Agnès Verdier-Molinié : Le sujet majeur est surtout le sens des réformes et les objectifs à atteindre.

Je donne dans mon livre 8 objectifs majeurs avec notamment : atteindre un taux de chômage à 6%, baisser la dépense publique à 50% du PIB et baisser les prélèvements obligatoires à 40%, rétablir une balance commerciale à l’équilibre...

Ces objectifs ont l’air incroyable et pourtant ils sont atteints d’ores et déjà par nos partenaires européens.

Pourquoi la France serait-elle moins bonne élève que ses voisins ?

Force est de constater après 18 mois du nouveau mandat présidentiel que des réformes sont en cours mais qu’elles ont perdu en route les objectifs à atteindre.

Le volet des prélèvements obligatoires est en cela criant : nous allons atteindre en 2019 1070 milliards d’impôts et taxes - un record alors que le gouvernement nous dit baisser les impôts. La promesse d’Emmanuel Macron qui était d’atteindre 43,6% du PIB en impôts et taxes a été oubliée. La trajectoire budgétaire prévoit 45% de taux de prélèvements obligatoires en 2022...

Sur le volet des dépenses ce n’est pas mieux. L’engagement du président est d’arriver à 52% de dépenses à la fin du quinquennat et, pour l’instant, on est toujours à 56 %... et toutes les baisses importantes de dépenses sont renvoyées en fin que mandat, ce qui est peu crédible.

En réalité, la transformation du modèle social français tant annoncée par le gouvernement ne vient pas.

Et sur quasiment chaque réforme, on apporte une couche de complexité en plus : l’usine à gaz de l’IFI ou celle du remplacement de la taxe d’habitation par d’autres taxes ou la bascule de cotisations sociales en CSG rendent le système de plus en plus illisible.

Qu'en déduire alors pour les réformes comme celle de l'impôt à la source ? Est-ce là juste une manœuvre cosmétique ?

Le prélèvement à la source va être le summum de la Complexité à la sauce Bercy. Je consacre le premier chapitre du livre à ce choc que vont vivre les français en 2019. Le taux, les niches, les employés à domicile mais aussi les Indépendants... personne ne comprend vraiment comment tout cela va fonctionner. Une chose est certaine : les Français paieront plus d’impôt sur le revenu avec le prélèvement à la source qu’ils n’auraient payé en 2019 sur les revenu 2018 avec le système actuel. Au minimum 3 milliards d'euros de plus.

Et les entreprises de France qui croulent déjà sous les charges administratives vont payer un coût de plus d’un milliard pour assumer cette nouvelle charge. Cette réforme va engendrer des complications sans nom.

Comment expliquez vous ce bilan alors que la nature même de la Ve République donne justement les moyens au président d'agir ?

Si on se place du point de vue des pouvoirs du président il est vrai qu’il peut sembler étonnant qu’on patine encore autant sur les réformes essentielles que les pays qui nous entourent ont menées à bien comme celle des retraites (que le gouvernement nous annonce sans rire pour 2025 !). J’explique dans mon livre que si les réformes sont bloquées, c’est à cause du poids exorbitant des lobbys syndicaux du secteur public qui ne veulent pas voir disparaître leur statut à vie et leurs retraites plus que généreuses, à cause des grands corps qui ne souhaitent pas vraiment la réforme de l’Etat et la régionalisation qui va avec et les élus locaux qui ne veulent pas voir le nombre de leurs mandats baisser ou des strates supprimées....

Mais rien n’est inéluctable, et si le président décide maintenant de mener à bien les réformes et d’accélérer le rythme, il le peut encore. C’est pour cela que j’ai écrit ce livre, pour appeler à ne pas céder à l’immobilisme qui bloque la France depuis plusieurs quinquennats.

 "En marche vers l'immobilisme" de Agnès Verdier-Molinié, paru aux éditions Albin Michel

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